Honneur au Japon à Angoulême, sur fond d’accusations de sexisme

Katsuhiro Otomi, ici à la Mostra de Venise en 2006. © EPA/Claudio Onorati
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le 43e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD), dans le sud-ouest de la France, ouvre jeudi ses portes jusqu’à dimanche en voulant faire oublier les soupçons de sexisme dont il a été accusé après avoir oublié de sélectionner des femmes pour son Grand prix 2016.

Pour le dessinateur japonais de mangas Katsuhiro Otomo, 61 ans, lauréat du Grand prix du FIBD l’an dernier et invité d’honneur du Festival cette année, l’art n’a pas de sexe. « Dans le monde de la BD ou du manga, seul le talent compte. Il faut travailler. La différence de sexe n’a pas d’importance. Seules les oeuvres sont intéressantes », a récemment affirmé le créateur de la saga Akira, un manga d’anticipation vendu à plus d’un million d’exemplaires.

« Je trouve formidable qu’il y ait des femmes dessinatrices » de BD, a ajouté le maître mangaka. « L’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas tout à fait mis en place dans le monde d’aujourd’hui », a-t-il cependant admis avant d’affirmer que dans le monde de l’édition de mangas l’unique critère est de produire « des oeuvres qui se vendent. (…) Peu importe que l’auteur soit Blanc ou Noir, un homme ou une femme », a-t-il martelé.

Début janvier, l’absence de femmes parmi les nominés pour le Grand Prix du festival de BD d’Angoulême avait soulevé un tollé. Les organisateurs avaient finalement renoncé à soumettre au vote une quelconque liste et décidé de s’en remettre au seul « libre arbitre » des auteurs pour désigner leur lauréat.

En définitive, une femme, l’illustratrice française Claire Wendling, 48 ans, auteur des Lumières de l’Amalou, figure parmi les trois ultimes sélectionnés pour le Grand prix de la ville d’Angoulême au côté du Belge Hermann Huppen (auteur des séries Bernard Prince, Jeremiah et Comanche) et du Britannique Alan Moore, créateur de Watchmen et de V comme Vendetta.

Hommage à Lucky Luke

Jeudi, c’est un éternel jeune homme de 70 ans qui tiendra la vedette. Lucky Luke, le cow-boy qui tire plus vite que son ombre est au centre d’une exposition qui durera bien au-delà du Festival, jusqu’au 18 septembre. A travers Lucky Luke, c’est son créateur, le Belge Morris, disparu en 2001, qui sera enfin honoré.

Fait rare dans l’univers de la BD, Morris (Maurice de Bevère pour l’état-civil) est l’homme d’une seule oeuvre. Il a dessiné pas moins de 70 albums des aventures du célèbre cow-boy, aidé pour le scénario, dans 35 albums, par le génial scénariste René Goscinny (également auteur d’Astérix et du Petit Nicolas). Traduits en 29 langues, les albums de Lucky Luke se sont écoulés depuis sa création à plus de 300 millions d’exemplaires.

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Un nouvel album est attendu d’ici la fin de l’année avec Jul, le dessinateur de Silex and the City au scénario et Achdé pour le dessin. Deux albums hommages sont également annoncés: un Lucky Luke réaliste par Matthieu Bonhomme et un autre à l’humour déjanté, par Bouzard.

Outre l’exposition consacrée à Morris, le FIBD organise de nombreuses autres manifestations témoignant du foisonnement créatif de la BD, notamment une consacrée à la saga Lastman (récompensée en 2015 par le prix de la série), une autre à Hugo Pratt, le créateur de Corto Maltese, une autre baptisée Interduck-Duckomenta où l’on pourra retrouver tous les canards issus de la bande dessinée américaine, et l’exposition hommage à Katsuhiro Otomo.

Les noms des lauréats de la compétition officielle et notamment le prochain Fauve d’or du meilleur album de BD, la plus prestigieuse distinction en bande dessinée, seront connus samedi soir.

Quarante titres sont en compétition pour décrocher la précieuse récompense dont le 2e tome de L’Arabe du futur de Riad Sattouf, qui avait décroché le titre l’an dernier avec le premier tome de sa série sur son enfance en Libye puis en Syrie.

Le jury chargé de remettre les Fauve est présidé cette année par Antonin Baudry, scénariste de la BD Quai d’Orsay sous le pseudonyme d’Abel Lanzac.

Depuis sa création en 1973 et avec une fréquentation moyenne de 200.000 personnes chaque année, Angoulême est le premier festival consacré à la bande dessinée en Europe. Il se tient cette année du 28 au 31 janvier.

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