Harry Potter, cet incompris, au programme de Sciences Po

Des fans de Harry Potter, ici avant la première de Harry Potter and the Deathly Hallows - Part 2 à New York. © REUTERS/Lucas Jackson
FocusVif.be Rédaction en ligne

La fac parisienne de Sciences Po ne prend pas Harry Potter à la légère. Cette année, l’École propose un cours intitulé « Harry Potter de J.K. Rowling, approche littéraire, psychanalytique et politique ». À vos méninges!

Non, Harry Potter n’est pas qu’un divertissement. En tout cas, c’est ce qu’estime Science Po Paris cette année en proposant aux étudiants un cours sobrement intitulé « Harry Potter de J. K. Rowling, approche littéraire, psychanalytique et politique ». Le ton est donné. On ne rigole pas avec les aventures du sorcier de Poudlard, qu’il s’agit d’étudier avec la plus grande rigueur universitaire. François Comba, l’enseignant en charge du cours, souligne d’ailleurs qu’on y repère « d’intéressants emprunts à la psychanalyse, sa nosologie surtout » (sa quoi?).

Harry Potter passe de la pop-philosophie à la philosophie tout court

Les Britanniques l’avaient déjà bien compris. Alors qu’Harry Potter devenait un véritable phénomène de Pop Philosophie, l’université de St Andrews en Écosse accueillait en mai 2012 le premier séminaire universitaire philosophique dédié à la saga, réunissant 60 chercheurs de renommée internationale. Selon The Telegraph, ils avaient repéré l’influence de Platon et de Socrate, décrit Voldemort comme une représentation d’Hitler et avaient, entre autres, abordé la délicate question de « La canonisation de Neville » (mais si, Neville. Neville Londubat. Un peu empoté. Pas doué en tout. Mais fort en botanique).

L’enseignement de Science Po n’est donc pas à prendre à la légère. Au total, 24 heures de cours sont prévues, réparties en 12 séances intensives, le tout agrémenté de quatre pages d’une dense bibliographie à potasser, de trois examens et d’une note d’assiduité -pour ceux qui auraient vraiment cru pouvoir jouer les dilettantes. Les prérequis, à eux seuls, pourraient en faire fuir plus d’un: avoir lu l’intégrale Harry Potter, soit les sept tomes en anglais ou en français dans une traduction approuvée par l’auteur. Pour les petits malins qui pensaient feinter en s’installant devant leur écran, raté, le visionnage des films est prohibé.

Harry Potter, Socrate, Jésus et les autres

Car Harry Potter doit être redécouvert comme une véritable oeuvre majeure de la littérature, « une fiction à la fois libre et concertée, inventive et savante, adossée à une culture étendue, magistralement recyclée ». Pour les ignorants et autres béotiens, Harry Potter « (…) sera replacé dans l’histoire de cette culture occidentale de L’Illiade à Jane Eyre, dont il est l’héritier « . Pas moins. J.K. Rowling entre Homère et Charlotte Brontë.

Pour les étudiants malgré tout en panne d’inspiration, François Comba leur suggère des idées de thèmes pour leurs exposés. Initiative qui comprend un risque de grand plongeon dans les profondeurs de la perplexité. Florilège: « Les jumeaux Weasley portent-ils l’apologie du libéralisme? », « Les Weasley, une famille idéale? » (décidément, ces Weasley…), « Quel regard sur le sport? », « Les échos chrétiens dans Harry Potter », « La critique de la presse ». Ou encore « Pourquoi Socrate, Jésus et Harry ont-ils décidé de mourir? » Dommage quand même que ces présentations ne soient pas ouvertes au public…

Carine Claude

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