En images: l’histoire du dessin animé en 12 étapes-clé

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Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Continent rêvé dérivant en toute liberté à la marge du 7e art, le cinéma d’animation possède son lot d’orfèvres et petits maîtres. Ce n’est pas Michael Dudok de Wit qui dira le contraire, lui que sa Tortue rouge, sublime premier long métrage à l’ambition cosmique sorti au début de l’été, a unanimement consacré en Terrence Malick du mouvement dessiné. Si ce modèle de zénitude et d’épure se frottant à l’idée du mystère autant qu’à celle de la beauté ne figure logiquement pas au menu de ce Cinéma d’animation en 100 films paru quasi simultanément, Father and Daughter (2000), le court séminal du même Dudok de Wit, lui, est bien de la partie. C’est tout le chic de cet ouvrage cornaqué par Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins, l’un des créateurs du festival Anima à Bruxelles: l’hétérogénéité d’une approche convoquant aussi bien courts que longs métrages, films oubliés que fameux, inconnus qu’iconiques.

A la fois historique (des origines à nos jours), géographique (de Shanghai à Zagreb, de l’Italie au Niger), esthétique (des productions ultra expérimentales au cinéma le plus mainstream) ou technique (des silhouettes aux marionnettes, du dessin à la pâte à modeler, du papier découpé aux images de synthèse), le panorama ainsi proposé brasse large et gourmand. L’idée n’étant jamais de se fendre d’un classement obsessionnel à la Rob Fleming, encore moins de lister les plus retentissants succès en la matière, mais bien de s’arrêter sur ces jalons créatifs majeurs permettant de dégager les grandes lignes de force d’un exercice par définition mouvant, plongeant ses racines dans le théâtre optique d’Emile Reynaud dès la fin du XIXe siècle.

Du très ramassé Fantasmagorie d’Emile Cohl (1908), « marabout-de-ficelle » animé semblable à une impro de jazz transformiste, au muet Le Garçon et le monde d’Alê Abreu (2013), fugue à hauteur d’enfant ne recourant qu’à des moyens purement graphiques pour exprimer le ressenti de ses personnages, Le Cinéma d’animation en 100 films enquille les noms (Winsor McCay, Ivan Ivanov-Vano, Chuck Jones, Norman McLaren, Wan Laiming, Osamu Tezuka, Raoul Servais…) et les enseignes (les studios Fleischer, Disney, Toei, Ghibli, Aardman, Pixar…) incontournables comment autant de fabuleux destins animés.

Possiblement peu digeste lue d’une seule traite, cette somme savante est avant tout un must à garder à porter de la main et qui invite plutôt à picorer de loin en loin, de film en film, en prenant toujours soin de resituer patiemment l’éclairant contexte de production qui les a vus naître. L’animation selon le tandem Moins et Kawa-Topor? Plus qu’un art, une aventure humaine aux confins des genres et des styles, entre songeries innocentes et inquiétudes existentielles propres au monde des adultes, ces grands enfants pas sages, comme des images.

>> Le Cinéma d’animation en 100 films, sous la direction de Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins, Éditions Capricci, 352 pages. ***(*)

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