Olivier Van Vaerenbergh

Crowdfunding: tout et n’importe quoi

Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

En bande dessinée, les appels au financement participatif pullulent. Une multiplication des demandes et des besoins qui en dit long sur la crise, de trésorerie au minimum, qui frappe les « petits » éditeurs de bande dessinée.

Envie de devenir, le temps de quelques planches, un héros de BD, certes alternative? C’était possible il y a quelques jours encore, et pour la « modique » somme de 300 euros. Soit le prix, pour trois places disponibles, que demandaient les Requins Marteaux aux souscripteurs de chez Kickstarter pour figurer dans le prochain album de Marv et Jonny, la BD noir et blanc extrêmement décalée d’Olivier Texier (Marv est un poulet), et « qui célèbre des valeurs telles que l’amitié, la baston et la légalisation des drogues dures ». Un appel au financement participatif, avec moult contreparties, qui n’a en réalité vraiment plus rien d’underground: non seulement Sandawe, autre plateforme de financement, totalement belge et BD, propose déjà pareil, mais tous semblent désormais se retourner vers ce principe de prévente ou d’aumône 2.0 pour payer leurs albums. Ou se financer tout court: ainsi Cornelius, éditeur français et pointu, qui passe actuellement par KissKissBankBank pour collecter les 5000 euros (minimum) nécessaires à son… déménagement.

La multiplication des projets en crowdfunding en dit long sur la crise qui frappe les u0022petitsu0022 u0026#xE9;diteurs de BD.

Une multiplication des demandes et des besoins qui en dit long sur la crise, de trésorerie au minimum, qui frappe les « petits » éditeurs de bande dessinée. Et qui, parfois, fait de l’ombre aux vrais perles qui elles-mêmes posent question: jusque fin avril, Ian Martin et Jamie « Gorillaz » Hewlett proposent aux fans et internautes de financer un nouvel album de Tank Girl. Ils avaient besoin de 50.000 livres (!), ils en ont déjà collecté 90.000 (!!!) auprès de 1600 contractants. Un succès en vase clos qui se passe de tous les intervenants classiques, de l’éditeur au libraire, mais qui va aussi de pair avec une explosion des projets et des appels au financement, parfois grotesques, qui se multiplient sur la Toile. Au risque d’étouffer désormais les plateformes, et le portefeuille des fans?

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