Comics: le plein de super

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

De The Walking Dead à Batman, les comics s’installent sur les étals des libraires. Un nouvel âge d’or qui ne doit rien au hasard.

La BD franco-belge a décidément du souci à se faire. Il y a dix ans, c’était le manga qui venait lui grignoter ses parts de marché (jusqu’à 30 %!); aujourd’hui, ce sont les comics qui semblent péter la forme, alors que tout le reste du secteur affiche pour la première fois des statistiques à la baisse -même le manga. Longtemps, le comics américain, mal traduit, mal imprimé et aussi cheap que ses originaux d’outre-Atlantique, n’a été, et n’est encore pour cette production-là, qu’un marché de niche en Europe, dominé par des acteurs de l’édition peu connus pour leurs ambitions artistiques, tel Panini. Mais le mouvement s’est inversé depuis quelques années.

D’abord par le simple fait de l’histoire et du temps: certains comics ou auteurs, tel Will Eisner, font désormais partie des classiques, et tout amateur de « bonne » bande dessinée se doit d’avoir dans sa bibliothèque, entre Hergé et Franquin, un comics d’Alan Moore ou un Hellboy de Mignola. Cette tendance très patrimoniale de la bande dessinée a trouvé un nouveau secteur de jeu dans le puits sans fond des comics: des éditeurs de « beaux livres » comme Taschen multiplient aujourd’hui les petits bijoux très chers remplis d’archives, tel The Golden Age of DC Comics retraçant, sur 400 pages et quelques kilos, 75 ans de création et de super-héros.

Influence globale

Le monde de l’édition franco-belge a suivi le mouvement: Dargaud, du groupe français Médias Participations, s’était déjà fait une place dans le secteur avec sa collection Vertigo; il a depuis racheté toutes les licences de DC Comics à Panini (qui conserve Marvel) pour en nourrir son label Urban Comics. Et y rééditer les nombreuses perles, dans des livres là aussi et cette fois très qualitatifs, avec une grosse pagination et des maquettes très soignées -paradoxal quand on y pense, le comics étant au Ricain ce que le manga est au Japonais: de la BD de consommation rapide. Ainsi, les ressorties récentes des meilleurs Batman de Frank Miller ou Jeph Loeb. Le genre peut également s’enorgueillir de posséder enfin sa première série véritablement best-seller en Europe: The Walking Dead (Delcourt) cartonne, exemple-type de l’avenir de la BD de grande consommation, obligée de devenir transmédia et de s’intégrer dans une logique où seront aussi présents la télé, l’animation, le Web et les jeux vidéo.

Car l’influence des comics ne s’arrête plus désormais aux seuls chiffres de vente: si les auteurs et lecteurs peuvent y trouver des manières singulièrement différentes des us européens, plus adultes, de raconter des histoires aux ados, le secteur de l’édition semble lui aussi directement s’en inspirer: la tendance, en BD franco-belge, est à l’exploitation de personnages et au développement d’univers et de marques. Exactement comme chez DC ou Marvel.

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