Critique | Livres

Lastman, le manga à la française estampillé Vivès

© KSTR
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

MANGA | Bastien Vivès se lance en studio dans un Dragon Ball à la française. Une réussite qui se devra d’être populaire pour sortir l’édition francophone de l’ornière.

LASTMAN, TOME 1, DE BALAK, SANLAVILLE ET VIVÈS, ÉDITIONS KSTR. 216 PAGES. *****

La baseline choisie par « Kstr », le label djeune de Casterman, pour accompagner la sortie de ce nouveau manga à la française, est pour une fois exacte et bien choisie: Lastman, ça tabasse! Aux commandes de ce premier volume de 200 pages, dont neuf en couleurs (mais 600 d’ores et déjà réalisées), on retrouve un trio constitué en studio, à faire pâlir tous les geeks amateurs de BD, sorte de dream team de la jeune génération française: Bastien Vivès qui sert clairement d’appeau et qu’on ne présente plus, Balak qui a imposé le Turbomédia comme langage de référence en BD numérique, et Michaël Sanlaville, as du cadrage et de l’illustration. A trois, ils prennent le pari, et l’éditeur avec eux, d’enfin réussir la fusion des cultures manga et franco-belge: ne rien perdre d’un certain esprit français, mais pondre un vrai nekketsu qui tue, mieux que Naruto ou One Piece, et aux enjeux multiples, bien au-delà de la « simple » bande dessinée.

Un nekketsu donc. Soit le canevas scénaristique dans lequel baigne les shonen (les mangas destinés à un public de garçons et d’ados): un gamin en guise de héros, généralement orphelin (dans Lastman, le petit Adrien Velba, neuf ans, élevé par sa bombasse de mère), mû par un rêve (ici, participer au tournoi du Roi), doté de pouvoirs (Adrien s’est entraîné), accompagné d’amis (l’énigmatique et très costaud Richard Aldana, qui va combattre avec lui) pour une suite a priori quasi interminable de combats tout en lignes de fuite, onomatopées et retournements de situation.

MILF vs Tortue Géniale

Dans le genre, Lastman s’annonce avec ce premier volume bon comme le bon pain, et tout à fait dans les règles du genre. Mais il comporte en plus une vraie french touch qui élargit considérablement sa base de lectorat –« je ne lis pas du manga, mais je lis du Bastien Vivès »-, peut-on lire comme commentaires enthousiastes sur la blogosphère: des dialogues qui claquent mieux que des tweets, une ambiance fantastico-médiévale très européenne, un sens du trait et du mouvement absolument jouissifs, un humour qui fait mouche et enfin des personnages autrement plus sexués, avec entre autres une MILF en lieu et place de Tortue Géniale, merci Bastien.

Mais les parallèles avec la BD japonaise ne s’arrêtent pas là: Lastman entend lui aussi devenir une véritable franchise, avec ses Webtoons, sa lecture en ligne gratuite (un épisode par semaine sur delitoon.com), ses stickers, sa page Facebook, son jeu vidéo (programmé pour 2014), son dessin animé (qui dépendra du décollage, ou non, des ventes)… C’est dire si les enjeux tabassent autant que la bande dessinée: Casterman, et toute l’édition franco-belge avec lui, joue gros avec cette nouvelle série qui dépoussière les codes locaux. Sorti la semaine dernière, le démarrage se ferait « doucement » selon quelques libraires sondés, malgré une mise en place et un marketing rarement vus sur un premier tome. Il ne faudrait pas que ça dure: Vivès & Co ont prévu d’en produire trois par an.

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