Angoulême: rififi autour du Grand Prix

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Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Le 45e festival d’Angoulême, qui s’ouvre dans 11 jours, devait livrer le nom des 3 derniers prétendants à son célèbre Grand Prix, élu par ses pairs. Problème: deux d’entre eux ont refusé.

L’une des sensations du festival d’Angoulême, dont la 45e édition doit ouvrir ses portes le 25 janvier prochain, a toujours été l’annonce, dès le premier jour, de son Grand Prix – un auteur salué pour l’ensemble de son oeuvre et son empreinte sur le métier. En 1974, André Franquin fut le premier, suivi de Will Eisner. Ce prix, le plus important du métier, fut d’abord remis dans les premières années par un jury, puis pendant plus de 20 ans, par un collège réunissant les Grand Prix précédents. Or depuis 2013, le Grand Prix est élu directement par ses pairs, et en deux tours, via un vote par Internet. Une méthode qui a considérablement changé la donne, faisant de Hermann et Cosey les deux derniers Grand prix en date. Lequel donne droit, l’année suivante, a une grande rétrospective et une visibilité maximum.

Cette année, les choses s’annoncent plus délicates: les résultats du premier tour de vote devaient être communiqués ce vendredi, sauf que… deux des trois nominés ont d’ores et déjà refusé de l’être! Si aucune communication officielle ne sera faite avant d’avoir trouvé une solution, on sait déjà que Larcenet est de ceux-là. Plébiscité par ses pairs, il avait lui-même déjà demandé, et à plusieurs reprises, qu’on ne le nomme pas. D’autres comme Chris Ware ou Alan Moore, régulièrement cités, avaient déjà fait savoir qu’ils n’étaient pas intéressés, à chaque fois pour des raisons diverses: déprime globale pour l’un, défiance vis-à-vis du festival ou du principe même pour d’autres.

Les organisateurs s’affairent donc actuellement à trouver une solution au problème. Il n’y en a que trois à leur disposition: soit obtenir un contrordre des intéressés, comme Hermann il y a deux ans; soit ne pas tenir compte de leur avis (après tout, il existe bien des acteurs qui ne vont jamais chercher leur César). Soit, plus probablement, devoir sélectionner les… 4e et 5e noms les plus souvent cités au premier tour des votes – chaque « professionnel de la profession » inscrit pouvait citer 3 noms. Dernier scénario possible: rayer deux des trois noms sur leur demande et ne tenir compte que d’un seul, qui serait donc d’ores et déjà élu, sans second tour.

La solution choisie ne sera annoncée qu’après accord de tous, recomptage et contrôle d’huissier. Restera alors aux auteurs, le cas échéant, à re-choisir, cette fois parmi trois noms le Grand Prix 2018, le tout avant l’ouverture du festival, dans onze jours… On plaint déjà celui qui sortira gagnant de cette élection biaisée. Parmi les noms les plus fréquemment cités, on trouve outre Larcenet, Chris Ware et Alan Moore, des auteurs comme Andréas, Posy Simmonds, Rosinski ou même Van Hamme – mais jamais un pur scénariste n’a remporté le Grand Prix. Florence Cestac reste, elle, la seule femme victorieuse, hors prix spéciaux.

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