Amélie Nothomb, une auteure fainéante?

Avec "Pétronille", Amélie Nothomb signe son 23ème roman en autant d'années. © Epa
Stagiaire Le Vif

Rentrée littéraire rime avec nouvel Amélie Nothomb. Une auteure qui ne se donnerait plus beaucoup de mal pour écrire ses romans, puisqu’ils se vendent de toutes façons comme des petits pains…

L’auteure belge publie chaque année un nouvel ouvrage depuis 1992. Invariablement fin août. Ce qui change par contre, c’est le succès rencontré par ses livres. Les critiques ne datent pas d’hier. Mais elles se font plus acerbes depuis quelques années.

« La sortie du dernier Nothomb, un accouchement aussi régulier qu’une digestion bien fermentée. » C’est l’une des nombreuses piques adressées à l’auteure par Nathalie Donnadieu de Rue89 dans une tribune plutôt cinglante.

Attendue, Amélie Nothomb l’est. Mais l’enthousiasme vient surtout des fans de la première heure. Les autres, presse et critiques littéraires en tête, pointent du doigt les défauts de la romancière. En premier lieu une certaine paresse qui se traduit par des courts ouvrages d’à peine cent-cinquante pages, écrites en gros caractères et avec de larges marges. À une vingtaine d’euros le roman en moyenne, ça fait cher du caractère…

« Elle ne se foule pas. Son lecteur fait de même. La paresse est contagieuse. Un succès d’Amélie Nothomb, c’est toujours une association de glandeurs. Pourquoi changerait-elle ses habitudes? », explique Jérôme Garcin, journaliste au Nouvel Observateur.

Les détracteurs de l’écrivaine parlent d’un style loufoque voire absurde, d’histoires improbables et d’un choix de vocabulaire trop savant. À l’inverse, ses plus fervents admirateurs louent son génie et son style unique.

Qu’importe. Même attendu, même prévisible, le nouvel Amélie Nothomb se positionne chaque année dans le classement des meilleures ventes de la rentrée littéraire. Les mauvaises langues voient en ce succès le triomphe de la littérature de gare, qu’ils qualifient de « sous-littérature ». Un triomphe qui ne se limite pas au monde francophone, puisque les livres d’Amélie Nothomb sont traduits en pas moins de 40 langues!

Mais il semblerait pourtant que le succès de l’auteure s’essouffle. 430.000 livres vendus en 2010 contre 1.200.000 en 2004. Des chiffres qui posent question, même s’ils restent très louables dans le secteur actuel de l’édition.

Et si finalement, le plus gros problème d’Amélie Nothomb était cette obsession de vouloir publier un roman chaque année à date fixe? Car il y a fort à parier que cela dessert la qualité et surtout l’originalité de ses ouvrages. Et que ça lasse le lecteur, qui ne demande qu’une chose: être surpris. Quoi qu’il en soit, Amélie Nothomb n’est pas prête à casser sa routine. Selon son éditeur, Albin Michel, « C’est elle qui souhaite paraître systématiquement à la même date. Ne pas le faire la déstabiliserait. Chez elle, tout ce qui a trait à l’écriture revêt une intensité vitale, elle tient aux règles qu’elle s’est fixées de manière quasi irrationnelle. »

Une consolation néanmoins : le cru 2014, « Pétronille », a jusqu’ici séduit la critique, qui évoque un livre « léger et pétillant« .

Marie Daffe (St.)

« Pétronille », le dernier roman d’Amélie Nothomb, sorti fin août. © Albin Michel

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