Accusé de sexisme, le festival d’Angoulême modifie le mode de désignation du lauréat

Riad Sattouf fait partie des auteurs qui ont demandé, par solidarité, que leur nom soit retiré de la liste. © Olivier Marty
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le festival international de BD d’Angoulême (sud-ouest de la France), accusé de sexisme pour n’avoir pas retenu de femmes parmi les nominés pour son Grand Prix, a finalement décidé jeudi de s’en remettre au seul « libre arbitre » des auteurs pour désigner leur lauréat fin janvier.

Un appel au boycott avait été lancé par un collectif d’auteures et le mot-clé #WomenDoBD a fait son apparition sur Twitter pour vanter la qualité du travail des femmes en bande dessinée. Plusieurs des auteurs nominés, les Français Riad Sattouf, Joann Sfar, Etienne Davodeau mais aussi les Américains Daniel Clowes et Charles Burns avaient aussi demandé, par solidarité avec leurs collègues femmes, que leur nom soit retiré de la liste de 30 personnes nominées.

Pour couper court à ces accusations de sexisme, les organisateurs du festival, qui aura lieu du 28 au 31 janvier, avaient initialement annoncé mercredi qu’ils allaient introduire des noms de femmes dans cette liste.

Mais jeudi, un nouveau communiqué a changé la donne: « le Festival a pris la décision d’inviter l’ensemble des auteur(e)s de bande dessinée à voter librement pour désigner comme lauréat(e) l’auteur(e) de leur choix », expliquent les organisateurs dans un communiqué. « Aucune liste de noms de créateurs/créatrices du 9e Art ne sera, par conséquent, proposée à leur vote », expliquent les organisateurs, annonçant que des aménagements seront effectués dans les prochains jours sur le site web dédié au vote et réservé aux seuls auteurs.

Pour sa défense, le Festival avait rappelé que, contrairement à la sélection officielle qui porte sur la production de l’année écoulée, le Grand Prix récompense l’oeuvre et la carrière d’un auteur.

« Le Festival d’Angoulême aime les femmes… mais ne peut pas refaire l’histoire de la bande dessinée (…) Force est de constater qu’il y a très peu d’auteures reconnues » dans la BD, avait plaidé le festival mercredi.

La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, était intervenue dans la controverse, jugeant « assez anormal » qu’aucune femme ne figure dans la sélection.

Une seule femme, Florence Cestac, a été distinguée par le Grand prix du FIBD, en 2000.

Selon l’Association des critiques et journalistes de BD (ACBD), les femmes représentent 12,4% des professionnels dans le monde francophone de la BD.

>> Relire à ce sujet notre article Les créatrices de BD contre le sexisme.

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