A Angoulême, capitale cette semaine de la BD, la gouaille de Charlie Hebdo

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Au coeur de la ville, une paire de fesses géantes signées de feu le dessinateur français Reiser côtoient des ex-présidents caricaturés en pénis… Dans les rues d’Angoulême (sud-ouest de la France), capitale cette semaine de la BD avec son festival international annuel, s’affichent les Unes gouailleuses, provocantes et très crues de Charlie Hebdo.

L’hommage à la rédaction de cet hebdomadaire satirique décimée le 7 janvier à Paris lors d’un attentat djihadiste est partout: les affiches sont placardées sur des panneaux électoraux – un comble pour un journal volontiers anarchiste.

« L’humour en choquant fait passer des messages », commente Anne, venue avec ses enfants voir une grande exposition prévue pour durer jusqu’au 8 mars. « Le rire est universel, c’est pour cela qu’il est important d’en parler aux enfants ». 500 documents, dont des planches géantes des dessinateurs morts et vivants de l’hebdomadaire – Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, Honoré, Catherine, Reiser, Luz… – montrent combien Charlie s’est attaqué avec outrance et délectation à toutes les religions et toutes les institutions. Curés, rabbins, pape, imams, présidents, hommes et femmes politiques de droite, d’extrême droite, de gauche, tous en prennent pour leur grade. Des titres grinçants et vengeurs, toujours au second degré, dénoncent pêle-mêle l’homophobie, la pédophilie ou le racisme.

Les quelques caricatures de Mahomet ne sont ni cachées ni mises en exergue, mais intégrées à l’histoire du journal, expliquent les organisateurs de l’exposition. « Avec un talent incroyable, leur humour était brutal, fait pour dénoncer », note Jean-Pierre Mercier, un des responsables de l’exposition.

« Leur mort a eu un impact terrible dans le monde des dessinateurs. Certains m’ont appelé en pleurs. Pour beaucoup, ils ont été des modèles. On a vu d’ailleurs avec tous les dessins hommage, que faire du Charlie Hebdo, des dessins qui tapent juste, ce n’est pas si facile…. », ajoute-t-il. Les dessinateurs étrangers eux aussi ont été frappés par la tuerie à Charlie Hebdo.

Le mangaka japonais Jirô Taniguchi, objet d’une rétrospective à Angoulême, a parlé d’un « très grand choc ». « S’ils avaient tué des journalistes de l’écrit, il y aurait eu une moins grande mobilisation. Mais le dessin fait partie de notre enfance », juge de son côté le dessinateur canadien Guy Delisle.

Le mélange de satire politique et de pornographie potache des artistes de Charlie Hebdo fait mouche dans une ville placée sous très haute sécurité le temps du festival, ouvert jeudi et qui se tient jusqu’à dimanche. Quelques commerçants d’Angoulême ont mis des Unes du journal en devanture, perpétuant à leur manière l' »esprit Charlie », pétri d’irrespect.

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