Critique | Livres

2016, l’année Lastman?

Lastman, tome 8 © Casterman
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Le manga french touch lancé en 2013 par la bande à Vivès devient définitivement cross-média tandis que son huitième tome brouille les cartes.

« Mesdames et Messieurs, à votre droite vous pouvez admirer la Paxtown Southbeach »… Ainsi démarre le huitième opus du manga à la française Lastman: par un retournement, comme il se doit. Paxtown, connue jusqu’ici comme LA ville du vice, n’est plus ce qu’elle était depuis que l’ex de Richard Aldana, la pop star Tomie Katana, en est devenue la maire -se mettant à dos tous les mafieux du coin. Richard lui, continue de retrouver le petit Adrian devenu à la fois grand, et à côté de ses pompes. Surtout, les seconds rôles du premier cycle de six tomes deviennent les premiers du deuxième: Elorna et Gregorio voudraient bien retourner derrière le Rift, dans la Vallée des Rois, mais vont devoir perdre en chemin beaucoup (beaucoup) de leur innocence, et certains lecteurs avec eux… Seule raison d’être optimiste au sortir de ce huitième opus qui s’achève également sur un ultime cliffhanger: il ne faudra cette fois pas attendre trois mois pour retrouver Lastman. Entre-temps seront enfin sortis le dessin animé Lastman (26 épisodes de treize minutes, prochainement diffusés sur France 4) et le jeu vidéo Lastfight (jeu de combat multiplateforme actuellement en phase bêta). On saura alors si Casterman et les auteurs auront gagné leur challenge: faire de leur série la première du genre en France -une production de 20 pages par semaine dans une dynamique de studio- et en francophonie, à la fois cross-média et à succès. Un plan de développement bien huilé et, jusqu’ici, parfaitement marketé.

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Pour ados ou vieux geeks?

2016, l'année Lastman?

Si ce nouvel opus n’a rien à envier aux précédents en termes de découpage, de dynamisme et de bons mots parfois graveleux, on s’est toutefois interrogé à sa lecture sur le public visé -lequel, au contraire d’Adrian, n’a pas pris dix ans entre deux épisodes. Si la grivèlerie et les gros boobs rigolos ont toujours fait partie de l’ADN de Lastman, on en a conclu peut-être un peu vite que la série se voulait tout public, attirant de jeunes ados et parfois des enfants avec ses références appuyées à la japanimation type Dragonball, orientée kids. Or, au sortir de ce dernier volume, on se rend compte, après avoir dû expliquer à sa fille des notions comme le viol, la pédophilie ou la prostitution infantile, que son principal lectorat a en réalité le même âge que ses auteurs, biberonnés au Club Dorothée, mais désormais trentenaires: ce 8e Lastman se révèle plus grave, plus posé, moins grivois et clairement plus adulte. Une (ré)orientation qui n’enlève rien à ses qualités, mais qui pose question au moment où la franchise entame sa phase d’expansion et se voudra forcément la plus large possible en termes d’audience.

DE BALAK, SANLAVILLE ET VIVÈS, ÉDITIONS CASTERMAN, 216 PAGES.

LES AUTEURS DE LASTMAN SERONT PRÉSENTS AU FESTIVAL ANIMA, LE VENDREDI 12/02 À 14H30 À FLAGEY, POUR UNE RENCONTRE SUR LE THÈME « MAKING OF LASTMAN ». WWW.ANIMAFESTIVAL.BE

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