55 idées cadeaux à mettre sous le sapin

C’est bien connu, les Tintinophiles, comme les Beatlesmaniaques, ne seront jamais rassasiés. Une manne céleste pour Casterman, qui arrive encore à leur soumettre de beaux albums ou objets, très vite considérés comme indispensables. Ce gros coffret Les Trésors de Tintin en fait d’évidence partie, puisqu’il contient effectivement 22 trésors sous forme de fac-similés de documents rares voire inédits, dont un « vrai » premier numéro du Petit Vingtième. O.V.V. DE DOMINIQUE MARICQ, ÉDITIONS CASTERMAN. PRIX: ENVIRON 35 EUROS.

Voilà un livre qui va faire regretter l’époque pas si lointaine où le courrier ne s’était pas encore largement dématérialisé. Car les lettres ne véhiculent pas qu’un message. Elles dévoilent aussi beaucoup de la personnalité de leur auteur. Et quand celui-ci s’appelle Elvis Presley, Jack L’Eventreur, Emily Dickinson ou Ray Bradbury, on prend son pied. Drôles, farfelues, flippantes ou émouvantes, ces 125 lettres nous plongent dans les coulisses de l’Histoire. L.R. RASSEMBLÉES PAR SHAUN USHER, ÉDITIONS DU SOUS-SOL, 338 PAGES. PRIX: ENVIRON 36 EUROS.

Eloignée des écrans depuis plus de 40 ans, Brigitte Bardot n’en reste pas moins un mythe doublé d’un sex-symbol définitif. Démonstration avec cet élégant coffret de cinq films où sa beauté embrase la pellicule sous la conduite de Vadim (Cette sacrée gamine, Le Repos du guerrier) ou de Godard (Le Mépris); aux côtés de Laurent Terzieff (A coeur joie), et même de Sean Connery (le dispensable Shalako, de Dmytryk). Nostalgie… J.F.Pl. DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 30 EUROS.

Cinq kilos, 34 centimètres de côté et six d’épaisseur, 522 pages et plusieurs centaines de photos, pas de doute, voilà du solide bébé Taschen. Conçu de manière chronologique, ce livre n’est pas seulement un hors-format physique mais aussi une remarquable mise en scène de l’univers iconographique des Stones sur un demi-siècle, les montrant aussi dans l’intimité inégalable de la jeunesse. Wow. Ph.C. ÉDITIONS TASCHEN, 522 PAGES. PRIX: ENVIRON 100 EUROS.

La grande dame du mystère criminel n’a pas été maltraitée par le cinéma. La preuve par quatre avec ce coffret Blu-ray ramenant en pleine lumière autant de films inspirés de son oeuvre romanesque. Réalisé par Sidney Lumet, Murder On The Orient Express (1974) vient en tête, suivi de près par Death On The Nile (John Guillermin, 1978), The Mirror Cracke’d (1980) et Evil Under The Sun (1982), signés Guy Hamilton. Enigmes, exotisme et casting prestigieux au menu! L.D. DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 22 EUROS.

Un cow-boy échappé de ses étendues, pendu par des fils invisibles sur macadam new-yorkais, une robe blanche gonflée de grâce jaillissant d’une voiture noire, un chimpanzé à la conquête de Park Avenue, des bourgeoises de Midtown tout droit sorties de Mad Men, un trottoir ensanglanté à la Weegee… Dans la cohue des avenues, le théâtre des vies américaines ordinaires. Aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands photographes de rue du XXe siècle, Garry Winogrand (1928-1984) a inlassablement portraituré l’Amérique de l’après-guerre, de Coney Island à Santa Monica, de la petite parade de la 5e avenue aux meetings politiques de Californie. Cousin méconnu de Robert Frank ou Diane Arbus venu du photojournalisme, admirateur fou de Walker Evans, il est au programme d’une grande rétrospective au Jeu de Paume parisien. Ses cadrages inclinés, ses compositions singulières, ses photos surchargées, fourmillantes de détails et de chaos cherchent la beauté dans le non-prémédité, le hasardeux. Car Winogrand ne poursuit pas une esthétique, il cueille l’aléatoire: « Le monde n’est pas bien rangé, c’est une vraie pagaille, je n’essaie pas de le rendre propret. » Parlant de pagaille, le New-Yorkais laissera d’ailleurs à sa mort (un cancer foudroyant) une authentique terra incognita: 6634 rouleaux de pellicules (soit quelque 250 000 images) jamais développées. Un chantier que n’explique pas entièrement sa disparition précoce: arpenteur de bitume toujours aux quatre vents, mitraillant régulièrement depuis la vitre de sa voiture en marche, l’homme n’a accordé de son vivant aucune importance à l’editing de son oeuvre, laissant en quelque sorte carte blanche à ceux qui lui survivraient… Résultat d’un choix d’archéologues (e.a. Leo Rubinfien) parmi des milliers et des milliers d’épreuves, l’exposition convoque ses photos célèbres, donc, mais aussi plus de la moitié de clichés totalement inédits (et en premier lieu aux yeux de Winogrand lui-même). Volumineux, passionnant, accompagné d’essais éclairants, son catalogue documente les Etats-Unis du début des années 50 jusqu’aux années 80. « On pourrait dire que j’étudie la photographie -et c’est vrai; mais en réalité j’étudie l’Amérique », disait celui dont l’énergie de l’oeuvre se confond définitivement avec celle de son époque. Y.P. SOUS LA DIRECTION DE LEO RUBINFIEN, COÉDITION DU JEU DE PAUME ET FLAMMARION, 464 PAGES. PRIX: ENVIRON 45 EUROS.

Après ?uestlove de The Roots et le collaborateur et ami de Fela, Ginger Baker, c’est à Brian Eno que Knitting Factory Records a confié les rênes du troisième coffret de réédition dédié au sieur Kuti. L’Anglais a sélectionné sept albums du Nigérian considéré comme l’inventeur de l’afrobeat (London Scene, Shakara, Gentleman, Afrodisiac, Zombie, Upside Downet I.T.T.). Le tout accompagné d’un livret de douze pages et d’un poster. The Good Fela. J.B. DISTRIBUÉ PAR THE KNITTING FACTORY/PIAS. PRIX: ENVIRON 110 EUROS.

« Un roman réputé inadaptable, une héroïne sexuellement libérée, un personnage ouvertement gay, un happy-end introuvable. » Vu de 1961, le succès de Diamants sur canapé était largement improbable. Sur les traces de l’inoubliable play-girl Audrey Hepburn-Holly Golightly, Sam Wasson dévoile le making of hautement romanesque d’un film culte surprise: anecdotes et secrets de tournage, photos… Rééditée en poche, la chronique pétillante d’un film qui a senti le vent tourner, et joyeusement brisé les tabous d’une époque. Y.P. DE SAM WASSON, ÉDITIONS POINTS, 300 PAGES. PRIX: ENVIRON 10 EUROS.

C’est deux fois fête pour les fans de Clint Eastwood, à l’honneur aussi bien chez Warner, où il a fait l’essentiel de son parcours, que chez Universal. Soit d’un côté, 35 films balayant 40 ans de carrière, de Where Eagles Dare, en 1969, à Invictus, en 2009, avec en chemin la série des Dirty Harry mais aussi de multiples pépites. Et de l’autre, une poignée de titres alignés au tournant des années 60 et 70 après que Leone a fait de lui une star. Un must au carré. J.F.Pl. DISTRIBUÉ PAR WARNER/UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 105 ET 55 EUROS.

Jusqu’au 1er février, François Truffaut s’expose à Paris. L’occasion d’un beau catalogue, co-édité par La Cinémathèque Française, qui rend hommage au cinéaste 30 ans après sa mort. Fétichiste de l’écrit, obsessionnel de l’archive, le père des Quatre Cents Coups et de Jules et Jim aura abondamment documenté son cinéma. Convoquant les carnets raturés, les plans et les photos de tournage, les lettres envoyées ou reçues, le livre fait pénétrer dans l’intimité d’une oeuvre essentielle, sous perfusion littéraire, hantée par l’enfance et la passion amoureuse. Y.P. SOUS LA DIRECTION DE SERGE TOUBIANA, ÉDITIONS FLAMMARION ET CINÉMATHÈQUE FRANCAISE, 239 PAGES. PRIX: ENVIRON 35 EUROS.

Alors que s’annonce une reformation scénique des Kinks en 2015, ce box de cinq CD explore les plus brillantes années d’un groupe majeur cruellement sous-estimé. Là, ce document audio nourri de nombreuses photos in situ restitue pleinement le génie de Ray Davies, ses divins anglicismes et une charge mélancolique nourrie de rock cru. Aux tubes, raretés et inédits, se joint aussi un 45 Tours reprenant You Really Got Me. Ph.C. DISTRIBUÉ PAR SONY. PRIX: ENVIRON 50 EUROS.

Belle bête, surtout dans sa version 33 Tours, accompagnée par un livret de 60 pages compilant photos rares, souvenirs et coupures de presse, que ce nouveau coffret Springsteen. The Album Collection vol. 1 comprend les versions remasterisées des sept premiers albums, illustrés de leur visuel original, enregistrés par le Boss. Notamment Born to Run, le splendide Nebraska et Born in the USA retravaillés par Bob Ludwig et Toby Scott. Bruce tout-puissant. J.B. DISTRIBUÉ PAR COLUMBIA. PRIX: ENVIRON 50 EUROS (CD), 165 EUROS (VINYLE).

Orson Welles avait déjà adapté Shakespeare au théâtre, avec notamment un Macbeth noir monté à Harlem en 1936; il devait poursuivre son oeuvre au cinéma, y transposant avec bonheur ce même Macbeth, suivi bientôt de Othello, avant d’y camper aussi Falstaff. Carlotta réunit les deux premiers, restaurés et assortis de nombreux compléments, dans un coffret collector de haut vol. De quoi être à nouveau subjugué par la vision baroque de Welles… J.F.Pl. DISTRIBUÉ PAR TWIN PICS. PRIX: ENVIRON 40 EUROS.

Disponible en version CD et vinyle, le coffret Sun Zoom Spark réunit, remasterisés pour la première fois, les trois albums (Lick My Decals Off, Baby, The Spotlight Kid, Clear Spot) de l’excentrique Don Van Vliet sortis dans la foulée de son chef-d’oeuvre avant-gardiste Trout Mask Replica. L’objet est complété d’un quatrième disque proposant quatorze chutes inédites enregistrées à l’époque par l’aventureux Californien. Ô Capitaine, mon Capitaine… J.B. DISTRIBUÉ PAR RHINO. PRIX: ENVIRON 45 EUROS (CD).

C’est sans conteste une des oeuvres les plus singulières du cinéma du dernier demi-siècle. L’abondante et souvent surprenante filmographie de Werner Herzog reste dominée par ses géniaux Aguirre, La Colère de Dieu et L’Enigme de Kaspar Hauser, réalisés en 1972 et 1974. Deux films repris dans le beau et fort coffret qui marque le premier volume d’une quasi-intégrale à venir (trois autres coffrets devant paraître en 2015). Couvrant la période des débuts et des premiers succès internationaux, ce volume 1 -riche en suppléments- va du début des années 60 au milieu des années 70. Le déjà fascinant court métrage Herakles ouvre la marche, suivi de l’hypnotique Signes de vie et de deux films aussi passionnants que difficiles à supporter parfois: le violent et grinçant Les Nains aussi ont commencé petits et le défi que représente Pays du silence et de l’obscurité, consacré à des personnes privées tout à la fois de la vue, de l’ouïe et de la parole… Le goût des sujets extrêmes, le tutoiement des limites, sont dès le départ au coeur d’une démarche artistique radicale, dont la saga du conquistador félon Aguirre va soudain élargir l’audience dans des proportions majeures. Le succès de ce chef-d’oeuvre absolu trouvera son prolongement dans celui d’un film presqu’aussi fabuleux, centré sur le personnage de Kaspar Hauser. Le cinéaste nous chevillant au sort (authentique) du jeune homme découvert en 1828 sur une place de Nuremberg, ne sachant ni lire ni écrire et sortant d’un enfermement aux raisons nébuleuses. Un personnage qu’il fera jouer par Bruno S., un autodidacte ayant grandi dans des hôpitaux psychiatriques… Du pur Herzog! L.D. DISTRIBUÉ PAR TWIN PICS. PRIX: ENVIRON 60 EUROS.

Les vice et talent indéniables de cette série de rééditions en Super Deluxe Edition Box du mammouth britannique -d’autres formats moins onéreux sont disponibles- sont d’intéresser ceux qui a priori ne sont pas forcément fans de la chose heavy-blues mythifiée. Remarque toujours valable pour les numéros quatre et cinq d’un travail d’autant plus considérable que Jimmy Page, en charge de l’affaire, ne se contente pas de remasteriser le son impeccablement, mais il y ajoute un « companion audio » de prises alternatives amenant de réelles options artistiques. Outre un accès Internet qui permet de charger l’album en haute définition audio, la déclinaison vinyle des CD, ces coffrets qui sentent bon, top impression et cartonnage, glissent également un livret format LP solidement illustré. Cette mise en contexte global pousse à s’imprégner de la musique proposée: dans les deux cas, une majesté blues qui définit déjà l’Histoire. Ph.C. DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 115 EUROS LE BOX.

Les quatre premières saisons de Downton Abbey courent de 1912 à 1922, alors que le petit théâtre, très renoirien, des convenances régissant les rapports entre maîtres et domestiques se grippe de plus en plus au sein de l’élégante demeure édouardienne de la famille Crawley. Et ce period drama d’une classe folle de sonder la manière, souvent vertigineuse, dont la grande Histoire se répercute sur les destins individuels. N.C. DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 70 EUROS.

Une vraie madeleine de Proust! Pour tous les amateurs de Franquin, cet album-là fait partie des plus beaux: une fluidité hallucinante, un sens du mouvement et du trait juste merveilleux, un scénario truculent, des bonnes idées à chaque case… Cette Mauvaise Tête éditée en 1954 a marqué tous ses lecteurs, lesquels se jetteront probablement sur cette édition augmentée, éditée demi-planche par demi-planche, en noir et blanc, et commentée par Hugues Dayez. Un « beau livre » qui complète sans remplacer l’album original. O.V.V. D’ANDRÉ FRANQUIN, ÉDITIONS NIFFLE, 112 PAGES. PRIX: ENVIRON 26 EUROS.

Voici donc la « brique » Heimat! 23 disques, 3 501 minutes (2 jours et demi d’images), et surtout un spectacle unique, déclinant l’Histoire de l’Allemagne (du XIXe siècle à nos jours) à travers une chronique familiale et villageoise en tout point passionnante. Edgar Reitz signe un monument artistique et humain sans équivalent. Une oeuvre magistrale, accessible, intelligente, chargée d’émotion et de style. L.D. DISTRIBUÉ PAR LUMIÈRE. PRIX: ENVIRON 90 EUROS.

Assurément un des coffrets les plus désirables de cette saison de fêtes! Huit films de Spielberg y sont réunis, en rendu Blu-ray superbe, accompagnés de bonus et d’un livre luxueux d’une trentaine de pages. Jaws, E.T. et Jurassic Park sont de la partie. Mais le plus grand bonheur est de (re)découvrir Duel et The Sugarland Express (les deux premiers films du cinéaste), ainsi que le trop rare et génialissime 1941. L.D. DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 80 EUROS.

Difficile de faire plus générationnel et seventies: voilà une anthologie composée de plus de 550 planches, dessins et illustrations de Serge Clerc, soit à peu près tout ce que le Français, pionnier de la Nouvelle Ligne Claire, a réalisé autour de la musique rock, sa plus grande source d’inspiration. Beaucoup de récits indépendants et parfois inédits issus entre autres de Métal Hurlant, Rock & Folk ou NME, sans oublier de très nombreuses pochettes de disques ou affiches de concerts. O.V.V. DE SERGE CLERC, ÉDITIONS DUPUIS, 384 PAGES. PRIX: ENVIRON 45 EUROS.

31 disques (18 Blu-ray et 13 DVD), et plus de 45 heures de bonus, n’en jetez plus, la coupe (de feu) est pleine: voilà, assurément, l’édition définitive des aventures de Harry Potter, à même de satisfaire les mordus, moldus et autres, de l’oeuvre de J.K. Rowling. Soit un aller simple pour Poudlard ajoutant au plaisir de redécouvrir les huit films de la saga (dont les deux premiers en version longue) celui d’en apprendre jusqu’au moindre secret… Inépuisable. J.F.Pl. DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 130 EUROS.

Aux hot spots du tourisme de masse, certains préfèrent les lieux de désolation. Sichuan (tremblement de terre), Rwanda (génocide) ou encore Tchernobyl (catastrophe industrielle), des agences spécialisées proposent des visites guidées de ces lieux dévastés. Le photographe Tézenas s’est glissé parmi ces vacanciers d’un genre nouveau. Ses images réalistes soulignent l’ambiguïté d’une démarche qui oscille entre recueillement et voyeurisme macabre. Comme le résume l’auteur: « Ici, on vient vérifier un cauchemar. » Troublant. L.R. D’AMBROISE TÉZENAS, ÉDITIONS ACTES SUD, 200 PAGES. PRIX: ENVIRON 44 EUROS.

De 2010 à 2013, le créateur de The Wire David Simon déployait son art majeur du récit choral dans La Nouvelle-Orléans sinistrée de l’après-Katrina. Les quatre saisons de Treme, originellement diffusées sur HBO, sont aujourd’hui coffrées dans un box essentiel, la série excellant aussi bien dans le constat socio-politique amer que dans l’hommage vibrant au coeur battant de la cité: sa tradition musicale, marmite cuivrée où bouillonne un formidable jambalaya de désirs épicés. N.C. DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 85 EUROS.

Tour à tour romancier, chroniqueur et scénariste, l’enfant prodige Truman Capote (1924-1984) culminera avec son chef-d’oeuvre De sang froid -le premier grand True Crime. Voici son intégrale, du culte Petit-déjeuner chez Tiffany à l’inachevé Prières exaucées en passant par sa correspondance, rassemblée sous le titre Un plaisir trop bref -ce que, courant sur près de 1500 pages, cette anthologie n’est à l’évidence pas, qui rappelle l’essentiel: coquet mondain ou portraitiste féroce, Capote avait un style fou. Y.P. DE TRUMAN CAPOTE, ÉDITIONS GALLIMARD, COLLECTION QUARTO, 1472 PAGES. PRIX: ENVIRON 32 EUROS.

Un peu plus de dix ans après la sortie du premier album d’une série qui en comptera quatre, Manu Larcenet voit l’intégrale de son Combat Ordinaire déjà rééditée. Preuve si nécessaire de l’impact de cette saga existentialiste sur une génération de lecteurs, mini-série qui s’éloigne peu à peu de l’humour de Retour à la terre sans tomber dans la dureté noire de Blast. Un Combat à offrir à toute bibliothèque qui ne le possède pas encore. O.V.V. DE MANU LARCENET, ÉDITIONS DARGAUD, 232 PAGES. PRIX: ENVIRON 40 EUROS.

A boire et à manger dans ce coffret de neuf DVD rassemblant autant de films avec Sylvester Stallone. Pas de Rambo ni de Rocky au programme, mais un panaché de polars et thrillers (Get Carter, Assassins, The Specialist, Cobra, Tango & Cash), de science-fiction (Demolition Man) et de films… sportifs. Sly jouant un boxeur dans Grudge Match, un pilote de course automobile dans Driven et un gardien de but dans Victory. L.D. DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 30 EUROS.

L’an dernier, Depeche Mode, héros électro-synth-pop devenu aujourd’hui vénérable institution, sortait Delta Machine. Dans la foulée, le groupe repartait pour l’une de ses traditionnelles tournées marathons mondiales. L’étape berlinoise, filmée par Anton Corbijn, fait aujourd’hui l’objet d’un coffret. Y sont empilés le DVD des concerts, un second rassemblant interviews, coulisses et deux titres en acoustique captés dans un bordel berlinois, ainsi que trois CD: deux reprenant le live, et un dernier proposant Delta Machine en Blu-Ray. L.H. DISTRIBUÉ PAR SONY. PRIX: ENVIRON 23 EUROS.

Exercice de tous les paradoxes (comment donner à voir l’inspiration?), le portrait d’écrivain a logiquement excité les plus grands photographes: Simone de Beauvoir par Cartier-Bresson, Duras par Doisneau, Apollinaire par Picasso, Hemingway par Capa… Êtres de mots mis en images, ils sont 250 auteurs ici convoqués. On passe sans traîner sur les présentations biographiques -assez scolaires- pour se plonger dans le mystère continué des images, captation de mondes intérieurs sur visages silencieux. Y.P. ÉDITIONS CHÊNE, 512 PAGES. PRIX: ENVIRON 35 EUROS.

Meilleur FPS de 2014, Alien: Isolation a explosé le trouillomètre des gamers grâce à un xenomorphe à l’IA hors du commun. Sevastopol, la station orbitale où bave le jeu, participe également à la parano. Et reprend trait pour trait les éléments mobiliers (porte, sas, scaphandres…) des designs que Ron Cobb et Moebius ont livrés pour le film de Ridley Scott. Un prétexte parfait pour plonger dans The Art of Alien: Isolation et les 300 esquisses qui ont servi de base au jeu. M.H.T. DE ANDY MCVITTIE, ÉDITIONS TITAN BOOKS, 176 PAGES. PRIX: ENVIRON 25 EUROS.

« The human adventure is just beginning. » La tagline aurait pu annoncer le récent Interstellar de Christopher Nolan. C’est pourtant celle qui préside, en 1979, à la saga cinématographique Star Trek, initiée par le tout-terrain Robert Wise (West Side Story, The Haunting…) et dérivée de la série télévisée du même nom. Phénomène populaire culte de la fin des sixties, cette dernière chroniquait les aventures spatiales du capitaine Kirk et de son équipage à bord de l’Enterprise, vaisseau du XXIIIe siècle à la vitesse subluminique chargé d’explorer la galaxie en quête d’autres formes de vie à même d’enrichir le savoir humain.

De 1979 à 2002, pas moins de dix films, tous repris ici et augmentés de deux disques gavés de suppléments, prolongeront l’aventure, du retour triomphal de Kirk (William Shatner) sur le pont d’un Enterprise updaté dans The Motion Picture à l’ultime combat livré par le capitaine Picard (Patrick Stewart) dans Star Trek Nemesis. Joyeuses distorsions spatio-temporelles, téléportations, trous de ver psychédéliques, dialogues technico-hermétiques, combinaisons-pyjamas moule-burnes… Les codes et la grammaire Star Trek sont directement identifiables, emballés dans une espèce de nonchalance fake et vaseuse qui tranche agréablement sur le lissage CGI et les cadences speedées d’aujourd’hui.

Imposante somme compilant avec classe une franchise de facture en soi très inégale, le coffret, où ne figurent donc pas les deux récents films-reboots signés J.J. Abrams et remontant aux origines de la saga dans un univers divergent (Star Trek en 2009 et Star Trek Into Darkness en 2013), alterne ainsi le bon, le moins bon et le très mauvais. Incontournable pour les trekkies. Un peu moins pour les autres. « Beam me up, Scotty. »N.C. DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 100 EUROS.

C’est bien connu, pour paraphraser ce bon vieil Alfred Hitchcock, plus le méchant est réussi, meilleure est l’histoire de super-héros. Tout le monde se souvient du Joker ou de Lex Luthor, partenaires de jeu de Batman et de Superman. Et il n’est pas rare que la popularité de ces apôtres du malin, capables d’imprégner durablement nos tissus sensibles, égale ou dépasse celle des justiciers qui les combattent. Après quatre anthologies consacrées à autant de figures emblématiques de la galaxie DC, Urban Comics passe du côté obscur de la force.

Sorte de who’s who illustré des super-vilains, cette almanach du mal compile des épisodes de comics mémorables, des années 30 à aujourd’hui. L’occasion de vérifier que le profil des bad guys a sensiblement évolué au fil du temps, tout comme celui des héros d’ailleurs. Les ennemis de The Flash, Green Lantern et autre Super-Woman sont ainsi devenus de plus en plus redoutables et de plus en plus intimement reliés à leur « binôme », leur potentiel psychopathe s’étoffant à mesure que le contexte social et économique se déniaise et intègre des enjeux moraux plus complexes.

Graphiquement aussi, l’évolution est saisissante. Un monde sépare les premières planches datées de 1939 et signées Jerry Siegel où Superman affronte un savant paralytique belliqueux dans un style dépouillé et raide qui rappelle encore Winsor McCay, et l’impressionnisme de La Valse des pantins (Max Landis et Jock, 2014) exprimant dans ses lavis ocres la folie peu ordinaire du Joker. Chaque épisode est précédé d’une courte notice le replaçant dans la longue saga des affreux de légende. Mention spéciale pour Un jardin maléfique (Stuart Immonen, 1998), qui égrène la genèse des principaux ennemis de l’Homme d’acier comme Metallo ou Toyman dans un style protéiforme. Le meilleur du pire en somme. L.R. ÉDITIONS URBAN COMICS, 352 PAGES. PRIX: ENVIRON 25 EUROS.

Quatre films signés Quentin Tarantino (Pulp Fiction, Jackie Brown et les deux volumes de Kill Bill) et deux Robert Rodriguez (Tarantino a scénarisé et joué dans From Dusk till Dawn, et a dirigé une séquence de Sin City) composent ce coffret Blu-ray à la gloire du cinéaste-cinéphile adepte du recyclage des genres. Soit un cocktail détonant, et hyper stylisé, de violence qui claque et d’humour potache servi avec un sens remarquable de l’écriture et de l’image. Que du bon! N.C. DISTRIBUÉ PAR EONE. PRIX: ENVIRON 70 EUROS.

Le 15 décembre prochain, le groupe IAM, en pleine bourre depuis le succès inattendu d’Arts martiens, ressortira l’un de ses albums les plus emblématiques, Ombre est lumière, millésimé 1993. Sont annoncés quatre CD (faces B, inédits, remix de l’inévitable Je danse le mia, instrumentaux…), un DVD, un épais livret avec l’intégralité des paroles et une « story » signée Olivier Cachin. Un menu copieux pour un album incontournable de l’histoire du rap hexagonal. L.H. DISTRIBUÉ PAR CAPITOL. PRIX: NON COMMUNIQUÉ.

Flanqué de son immuable bouille de bébé joufflu, Leonardo DiCaprio n’en est pas moins l’un des acteurs les plus protéiformes de sa génération. La preuve encore avec ce coffret qui réunit quatre films récents balayant large l’éventail des genres, du classique thriller d’espionnage (Body of Lies de Ridley Scott, 2008) au fastueux drame baroque (The Great Gatsby de Baz Luhrmann, 2013) en passant par la SF virtuose (Inception de Christopher Nolan, 2010) ou même le biopic (J. Edgar de Clint Eastwood, 2011). N.C. DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 45 EUROS.

Le rock peut parfois être une grande cour d’école. C’est même souvent comme ça qu’il est le plus drôle. Il y a 20 ans, la Grande-Bretagne livrait sa réponse au grunge américain en se mobilisant pour ses groupes maison, emballés sous le vocable « Britpop ». Pour corser le tout, la grande bataille d’Angleterre se verra doublée d’une rivalité interne. Après avoir dû choisir entre Beatles et Stones, les amateurs de rock devaient trancher entre les faux ploucs de Blur et les vrais prolos d’Oasis. En 95, l’affrontement est direct: au moment où les premiers sortent The Great Escape, Oasis lâche What’s The Story (Morning Glory). Version plus sophistiquée, moins bourrine que l’inaugural Definitely Maybe, le disque aligne notamment les futurs classiques Don’t Look Back In Anger et Wonderwall. Au niveau des ventes, Oasis mettra la pâtée à la bande à Albarn. Mais ce sera aussi la dernière fois que les frères Gallagher approcheront d’aussi près le Graal pop. L’album ressort aujourd’hui, notamment dans un luxueux coffret, proposant e.a. le LP et trois CD bourrés de bonus (lives et démos essentiellement). L.H. DISTRIBUÉ PAR PIAS. PRIX: ENVIRON 150 EUROS.

Le plus fameux, graphique et poétique des loups de mer s’offre un bel objet à sa mesure: un coffret en tirage limité (c’est toujours chic de le dire) reprenant en sept albums toilés l’intégrale de ses douze aventures, entamées en 1975 avec La Ballade de la mer salée. Une réédition intégrale, en français et cette fois tout en couleurs -première du genre. O.V.V. DE HUGO PRATT, ÉDITIONS CASTERMAN, 1244 PAGES. PRIX: ENVIRON 99 EUROS.

L’approche des fêtes donne tout son sens à la disponibilité pour la première fois en Blu-ray d’une poignée de productions animées du catalogue Disney. Certes, on ne parle pas ici, loin s’en faut, des plus beaux fleurons du genre, les six films concernés ayant vu le jour soit juste avant (Oliver & Compagnie en 1988) soit juste après (Kuzco en 2000, Atlantide en 2001, Lilo & Stitch et La Planète au trésor en 2002, La Ferme se rebelle en 2004) la grande période de renaissance Disney. Mais, dans l’ensemble, bien du plaisir tout de même. N.C. DISTRIBUÉ PAR DISNEY. PRIX: ENVIRON 18 EUROS LE BLU-RAY.

Véritable série phénomène, cette ample saga de medieval fantasy mêle avec un sens du dialogue épatant, mais aussi un goût certain pour les subplots soporifiques, le trivial et le sacré tout au long de ces trois premières volées d’épisodes partagés entre cuites décadentes et ivresse du pouvoir, parties de jambes en l’air joyeusement débridées et poussées fiévreuses de violence brute. Gare à l’indigestion au-delà d’une solide première saison… N.C. DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 110 EUROS.

Après Out My Window, inspiré par les nuits sans sommeil passées avec son nouveau-né à la fenêtre de son appartement new-yorkais, Gail Albert Alaban exporte à Paris son travail de voyeuriste bien intentionnée. Soit 65 clichés dont les plus marquants sont pris à la tombée de la nuit, quand la lumière se fait sur la vie des autres, dispensant des scènes d’une chaleureuse et accidentelle intimité. Entre Edward Hopper et Hitchcock, Vis-à-vis dégage un magnétisme cinématographique. Fenêtre sur cour… Y.P. DE GAIL ALBERT ALABAN, ÉDITIONS LA MARTINIÈRE, 128 PAGES. PRIX: ENVIRON 55 EUROS.

La bande dessinée francophone du XXIe siècle s’inspirera sans doute de la saga Lastman, synthèse presque parfaite entre les codes du manga et un certain esprit français. En deux ans et six tomes, Vivès & Co ont réussi leur pari d’imposer de nouvelles manières de faire. Soyez branchés, offrez-vous la version Deluxe de la fin de ce premier cycle, remplie de goodies. O.V.V. DE BALAK, SANLAVILLE ET VIVÈS. ÉDITIONS KSTR/CASTERMAN, 216 PAGES. PRIX: ENVIRON 19 EUROS.

Glissée dans une jaquette empruntant le design des fourreaux des cartouche de la NES, la Bible NES/Famicom explique comment la 8 bits a jeté les bases des consoles de salon actuelles. Cette belle brique de 432 pages chronique ainsi 1800 jeux, soit l’intégralité de la ludothèque mythique. Déroulant également une sélection du meilleur de la scène homebrew, l’ouvrage a la bonne idée de se pencher sur des éditions collectors rares parfois seulement tirées à une dizaine d’exemplaires. M.H.T. COLLECTIF. ÉDITÉ PAR PIX’N LOVE, 432 PAGES. PRIX: ENVIRON 35 EUROS.

Ce garçon est aussi énervant qu’attachant. Si l’on n’arrive toujours pas à trancher sur l’authenticité de ses intentions, force est de constater que Julien Doré commence tout doucement à accumuler quelques belles perles, jolies tentatives de variét’-chanson française rénovée (au hasard, Paris-Seychelles). C’est particulièrement vrai sur son dernier album, LØve, qui ressort aujourd’hui augmenté d’un second CD constitué de remix, mais aussi de relectures piano-voix inédites. L.H. DISTRIBUÉ PAR SONY. PRIX: ENVIRON 17 EUROS

Disparu en 2008, Benoît Lamy restera comme l’une des figures les plus singulières du cinéma belge. Démonstration avec un coffret réunissant ses quatre longs métrages, et prenant la mesure d’une oeuvre débridée, entamée par la révolte des pensionnaires d’une maison de repos (Home Sweet Home, 1973) pour s’achever dans le huis clos d’un Combat de fauves (1997), avec détours par Durbuy (Jambon d’Ardenne) et Kinshasa (La vie est belle). A (re)découvrir! J.F.Pl. DIST: TWIN PICS. PRIX: ENVIRON 20 EUROS

Empaquetés dans un carton un peu cheap, le 2001 de Kubrick et le Gravity d’Alfonso Cuaron, donc. Après tout, pourquoi pas. Même si l’association des deux films semble quelque peu forcée: immense chef-d’oeuvre métaphysique et visionnaire à la poésie anxiogène définitive d’un côté, sympathique divertissement populaire façon rollercoaster dans l’espace de l’autre. Plutôt généreux, le DVD de 2001 propose un docu, des commentaires, des featurettes et même une interview audio de maître Kubrick. Quant à Gravity, il s’accompagne d’un documentaire relativement scolaire sur les débris orbitaux, mais aussi et surtout d’Aningaaq, le court métrage de Jonas Cuaron, le fils d’Alfonso, qui rejoue la scène de l’appel désespéré de Sandra Bullock dans le film mais du point de vue de l’Inuit isolé sur sa banquise avec lequel elle parvient brièvement à entrer en communication. N.C. DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 25 EUROS.

Enchaînant sur le succès de la compilation Who is William Onyeabor?, le label Luaka Bop de David Byrne réédite les disques originaux du mystérieux et méconnu musicien afro funk et rétro futuriste nigérian. Au choix, un box neuf CD ou deux coffrets vinyles pour écouter tous les albums enregistrés entre 1978 et 1985 par Fantastic Man, ancien entrepreneur depuis gagné par une foi chrétienne inébranlable. Ça va danser aux pieds des cheminées… J.B. DISTRIBUÉ PAR LUAKA BOP/V2. PRIX: ENVIRON 85 EUROS.

Pendant 20 ans, le photographe danois Hans Eijkelboom a écumé les rues de New York, Berlin, Mexico ou Nairobi à la recherche d’invariants dans le vestiaire, les postures ou les accessoires de leurs habitants. Le résultat, étourdissant -plus de 6000 portraits de rues, rassemblés sur 500 planches-, est un édifiant répertoire des apparences du XXIe siècle. Ou comment, se croyant unique, on s’affiche (presque) tous pareil. Comique et pathétique, le culte du moi à l’heure du formatage… Y.P. DE HANS EIJKELBOOM, ÉDITIONS PHAIDON, 512 PAGES. PRIX: ENVIRON 30 EUROS.

Quelques happy few connaissaient déjà le premier volume de cette anthologie non exhaustive de la pop culture, et surtout le site Web du même nom dont elle est issue, fédérant le meilleur et le plus geek en -on cite- « art, design, illustration et sabres-laser ». Les autres seraient bien inspirés de dénicher ce deuxième volume, regroupant les travaux de 80 nouveaux artistes, brillants mais téléphages. O.V.V. DE THOMAS OLIVRI, ÉDITIONS HUGINN MUNINN, 416 PAGES. PRIX: ENVIRON 40 EUROS.

FPS arcade mais intelligent qui ressuscite une approche ludique 90’s éteinte, Wolfenstein: New Order reçoit les honneurs d’une édition limitée à 5000 exemplaires numérotés. Statuette du Panzerhund peinte à la main, trio de patchs brodés, steelbook, médaillon et autres cartes postales raviront les fans du jeu. Cette « Panzerhund Edition » semble radine puisqu’elle ne s’accompagne pas du jeu. Ceux qui l’ont déjà acheté éviteront ainsi les doublons inutiles… M.H.T. ÉDITÉ PAR BETHESDA SOFTWORKS. PRIX: ENVIRON 110 EUROS.

Depuis 20 ans et ses débuts, l’Américain Chris Ware repousse les limites traditionnelles de la bande dessinée. Une oeuvre formelle et magistrale entamée avec sa série Acme Novelty Library, dont chaque numéro offre des paginations et des formats différents. L’auteur de Jimmy Corrigan va encore (beaucoup) plus loin avec ce Building Stories publié il y a deux ans et enfin traduit en français: ce livre n’en est plus un, mais bien une boîte, contenant elle-même quatorze livres, journaux, posters et opuscules, lesquels, une fois lus et montés, construisent des histoires forcément multiples autour d’un immeuble de Chicago. Une construction inédite qui se joue de toute linéarité, de toute temporalité, et même de toute narration puisque c’est le lecteur qui construit littéralement son récit. On aurait tort pourtant de résumer Building Stories à sa seule forme certes exceptionnelle, alors que le fond rejoint lui aussi les ambitions récurrentes de Chris Ware, à savoir raconter de manière extraordinaire la vie de gens ordinaires. Ce jeu de Lego laisse ainsi peu à peu deviner le parcours d’une femme seule et handicapée, pièce centrale de cette construction à la fois architecturale et existentialiste, remplie plus que de coutume de personnages féminins -et d’une abeille. Un chef-d’oeuvre incontournable mais exigeant: le lecteur fétichiste devra sans doute essayer de s’en faire offrir deux; un à garder, l’autre à monter. O.V.V. DE CHRIS WARE, ÉDITIONS DELCOURT. PRIX: ENVIRON 70 EUROS.

A-t-on fait mieux récemment qu’Esteban, en termes de grand récit d’aventures réellement tous publics? Poser la question, c’est y répondre, et c’est aussi sans doute s’offrir dans la foulée cette jolie intégrale des cinq premiers albums de cette superbe série pas finie, mais édités cette fois en noir et blanc. O.V.V. DE MATTHIEU BONHOMME, ÉDITIONS DUPUIS, 256 PAGES. PRIX: ENVIRON 39 EUROS.

Réunies dans un même coffret, il y a là trois adaptations particulièrement réussies de livres célèbres. Michel Gondry trouve dans L’écume des jours, de Boris Vian, une oeuvre taillée pour son imaginaire et sa fantaisie; Walter Salles s’approprie avec bonheur le On the Road de Jack Kerouac, pour en faire le pendant de son Diarios de Motocicleta; quant à Andrea Arnold, sa vision des Wuthering Heights d’Emily Brontë trouve des accents aussi beaux que tourmentés… J.F.Pl. DISTRIBUÉ PAR TWIN PICS. PRIX: ENVIRON 20 EUROS.

Les acteurs qui ont failli jouer Batman, les façons de mourir de Robert De Niro, le détail des accidents de Jackie Chan, les meilleures comédies romantiques sans Hugh Grant… Pluttark, aka Rudy Spiessert, qui nous fait le plaisir d’illustrer ce numéro, nous avait déjà régalés de culture pop avec son Retour vers les années 80. Il jette cette fois son regard de geek sur notre culture ciné. Jouissif. O.V.V. DE PLUTTARK, ÉDITIONS TAPAS/DELCOURT, 96 PAGES. PRIX: ENVIRON 16 EUROS.

Call of Duty: Advanced Warfare a beau déployer un gameplay convenu, sa réalisation visuelle montre (enfin) de quoi les consoles next-gen sont capables. Microsoft a donc la bonne idée de peindre sa Xbox One aux couleurs du blockbuster efficace d’Activision. Une démarche assez rare. Disque dur d’un To (au lieu des 500 Go habituels), casque audio pour du chat, manette custom et copie dématérialisée du jeu accompagnent ce bundle. M.-H.T. PRIX: ENVIRON 500 EUROS. WWW.XBOX.COM/FR

Pas toujours simple de s’y retrouver dans l’abondante production artistique. Ce guide va vous aider à y voir plus clair. En 280 entrées pour autant d’artistes, il offre une vue d’ensemble saisissante des arts visuels depuis l’an 2000. Chaque créateur est représenté par une de ses oeuvres emblématiques. Les noms illustres (Jeff Wall, Cindy Sherman, Wim Delvoye…) côtoient les talents prometteurs (Hernan Bas, Theaster Gates…) dans une valse de techniques, de formats et de sujets ébouriffante. L.R. DE JONATHAN GRIFFIN, PAUL HARPER, DAVID TRIGG ET ELIZA WILLIAMS, ÉDITIONS PHAIDON, 320 PAGES. PRIX: ENVIRON 35 EUROS.