Julien Broquet

With a little help!

Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le crowdfunding généralisé transforme l’internaute en moteur cul… turel. Action.

Par Julien BROQUET

Quel est le point commun entre le nouvel album de Marissa Nadler, un documentaire de Joe Angio sur des punks anglais et le film cochon Mademoiselle de Paris? Tous ont été financés par l’argent des internautes. Akamusic, BuzzMyBand, Castarprod, Revenons à la musique, Stationtubes ou encore My Major Company pour les albums. Motion Sponsor, Touscoprod, People for cinema et We are producteurs pour les films. Editeurs et Auteurs associés et My Major Company Books pour les bouquins (Sandwave pour les BD). Et même Music Hall, My Show Must Go on et Private Joke pour les spectacles. Les sites permettant aux internautes de financer la création artistique ont fleuri ces dernières années sur le Net.

L’industrie du disque s’effondre. Les kids ne lisent plus. Les producteurs de cinéma ont moins de plomb dans la cervelle que de chardons dans le porte-monnaie. Alors, comme l’argent reste le nerf de la guerre, les artistes se tournent de plus en plus vers le crowdfunding. Le crowdfunding, c’est le nom savant du financement participatif. Une tendance à la mode en cette période de crise.

Grâce aux réseaux sociaux, aux communautés en ligne, il est devenu presque facile de séduire un grand nombre de petits investisseurs pour monter son projet. Récemment, la folkeuse Marissa Nadler s’étonnait de la vitesse à laquelle elle avait récolté les fonds nécessaires à l’enregistrement de son nouvel album via Kickstarter (le nom de cet appareil qui sert à lancer certaines mobylettes). Pour récompenser les donateurs, elle leur a réservé la primeur sur le disque à venir et des t-shirts en édition limitée. Elle a même trouvé des cadeaux originaux pour quatre heureux élus. A commencer par un concert privé et une chanson personnalisée.

Gage de liberté ou outil marketing?

Peu importe s’il atteindra le financement espéré, le groupe indé Hallelujah The Hills garantit qu’il mettra bel et bien en boîte un album. Les Américains préféreraient néanmoins l’enregistrer à leur manière et dans les meilleures conditions plutôt que de se soumettre aux contraintes d’une maison de disques. Car si le crowdfunding peut présenter un atout majeur pour l’artiste (pour autant que l’internaute ne se transforme pas en éditeur ou en directeur artistique), c’est bien l’indépendance, le contrôle.

Sur le même site, Kickstarter, Joe Angio tentait ces derniers jours de finaliser le budget de Revenge of the Mekons, son documentaire sur un groupe de punk anglais seventies, collectif avant-gardiste de provocateurs agitateurs. Depuis Demain la veille, premier film (un court métrage français) financé par un système de donation sur le Web en échange d’une apparition au générique ou d’une présence sur le tournage (c’était en 2004), le crowdfunding donne vie à des fictions, des docus, des courts, des longs, des moyens…

Mais le crowdfunding n’est pas qu’une possibilité de financement, il constitue aussi un véritable outil de communication, un puissant instrument de marketing. Marc Dorcel, qui n’a pas grand-chose à investir en costumes, lançait ainsi en avril dernier le premier film X financé par des internautes. Mademoiselle de Paris a été produit par 880 anonymes. On vous laisse deviner les privilèges accordés aux plus généreux…

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