Un monde parfait? Photographie optimiste et cinglants démentis

© Nina Berman, Homeland.

Pour sa septième édition, la Biennale d’art contemporain d’Ottignies-Louvain-la-Neuve se penche sur la photographie. Les images de pointures (Streuli, Parr, Erwitt…) y côtoient celles d’anonymes, le temps d’une confrontation inédite.

C’est presque devenu un truisme mais la septième Biennale d’Ottignies-Louvain-la-Neuve oblige à taper sur le clou d’une nouvelle évidence: la photographie occupe désormais une place de choix au sein de l’art contemporain. Dès aujourd’hui, le 16 septembre, l’événement va le prouver une fois de plus grâce à vingt expositions disséminées à travers huit lieux différents.

Il faut saluer Jean-Marc Bodson, le commissaire, pour avoir désigné une thématique bien sentie qui soulève de nombreuses questions: Un monde parfait. Photographie optimiste et cinglants démentis a en ligne de mire le contraste entre les photos souvenirs des albums de famille, sorte de « petite propagande à usage domestique » et les cinglants démentis que les photographes professionnels ne cessent d’apporter à cette grande illusion généralisée.

Cela dit, la présence de clichés d’anonymes au sein de la Biennale prend tout son sens. « Les photos trouvées mises au centre de cette Biennale doivent nous persuader que toute image appartient à celui qui la regarde. Confrontées aux travaux d’auteurs belges et internationaux, puissent-elles nous faire prendre conscience qu’au-delà du monde tel qu’il est, par petites touches, c’est notre portrait qu’elles tracent en creux. Bien loin du monde parfait espéré, c’est un miroir qu’elles nous tendent. Elles parlent à travers le filtre de ce que nous, leurs lecteurs, nous avons personnellement vécu. En fait, elles nous renvoient à cette expérience et nous dévoilent notre capacité de voir à travers elle », commente Jean-Marc Bodson.

Les différentes programmations de cette septième Biennale n’ôtent rien à sa cohérence qui est maximale. Chaque exposition contribue à alimenter le propos. Parmi les possibilités, on retiendra tout particulièrement l’exposition Nina Berman à la Grange du Douaire. Cette photographe américaine donne à voir Homeland, une série sur la paranoïa sécuritaire aux Etats-Unis résonant comme la preuve que l’obsession d’un monde parfait peut mener en enfer.

Dans la foulée, il ne faut pas rater non plus Comme une image, point d’orgue s’appuyant sur une vingtaine de photographies de la collection Lhoist (Raymond Depardon, Martin Parr, Elliott Erwitt…) et une soixantaine de photos anonymes. Sans oublier le très intéressant travail, réalisé spécialement pour la Biennale, à travers lequel Maxime Brygo livre sa vision d’un monde parfait en photographiant les Européens vivant en Brabant wallon.

Septième Biennale d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, à 1340 Ottignies et 1348 Louvain-la-Neuve, du 16 septembre au 17 octobre.
www.biennale7.be

Michel Verlinden

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