L’oeuvre de la semaine: En joue!

Guy Gilsoul Journaliste

C’est un ange. Un enfant nu aux cheveux blonds. Un enfant plutôt qu’une fille ou un garçon. Ou alors, un gamin des rues, sauvage et solitaire. On ne dira pas d’où il vient. Où il va. Il gardera le silence après avoir déposé ses vêtements à la porte des enfers : le monde.

Twisted Communication
Twisted Communication© Véronique Boissqac-Allen

De ses grands yeux, il accuse plus qu’il ne menace. Alors, il tend les bras loin devant tenant hors de sa portée, l’arme qui lui donne des ailes. Il pose sur fond de ciel d’avril. La fraîcheur de l’air possède la fragilité des premières fleurs. Narcisse.

Oui, l’enfant connait la beauté qui habille son corps nu, ses frêles épaules, son torse étroit et ses os saillants. Alors, on dira que l’image est trouble. Qu’elle trouble la vue et la morale à moins que le modèle choisi par Véronique Boissacq ne soit que le reflet de l’âme solitaire de la photographe. Le verbe « tirer » convient n’est-ce pas au registre du vocabulaire de la photographie.

Boissacq tire. L’enfant tire. Quelle est la véritable cible ? L’autre, les autres, ou soi, nu comme ver quand l’instant figé sur le papier glacé ne vous quitte plus des yeux ?

Depuis toujours Boissacq tire des portraits. Ils furent en noir et blancs d’abord. Saisissants dans leur sobriété même. Puis la couleur s’invita et avec elle la mise en scène. Parfois, aux côtés des enfants, parfois aussi de jeunes adolescentes, l’artiste bruxelloise dispose des guirlandes de petites lumières. Si menues. Parfois des fleurs déposées à même le sol. Il lui arrive aussi de dresser le portrait de lieux. Un appartement abandonné. Un fragment de nature. Et toujours, le même appel.

Bruxelles, Musée d’Ixelles. Jusqu’au 20 septembre. www.museedixelles.irisnet.be

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