« Je veux atteindre les standards de Broadway et du West End avec mes élèves »

Hélène Servais
Hélène Servais Stagiaire

Entretien avec Alexandre Diaconu, le futur directeur de l’école Broadway qui nous promet une révolution musicale en Belgique: rien que ça!

Alexandre Diaconu, fondateur et directeur de l'école Broadway
Alexandre Diaconu, fondateur et directeur de l’école Broadway© DR

Tout a commencé par une rencontre. Celle d’un jeune compositeur et metteur en scène français originaire de Bucarest avec un directeur d’école artistique belge. Alexandre Diaconu voulait créer une école de comédie musicale en Belgique, Vincent Penelle disposait d’un établissement (l’Ecole de la Scène à Uccle). De cette union artistique est née l’école Broadway, qui ouvrira ses portes le 1er octobre prochain.

Vous avez passé votre vie entre Paris et Bucarest: pourquoi ouvrir une école en Belgique?

Car j’ai rencontré votre compatriote Vincent Penelle, et que nous avions les mêmes aspirations. De plus, je trouve qu’il y a beaucoup de potentiel, mais peu ou pas d’écoles spécialisées dans la formation complète à la comédie musicale en Belgique. Je promets une révolution musicale sur ce plan-là: ce style de musique n’existe peut-être pas encore en Belgique, mais il y a tellement d’émotions et de puissance artistique dans la comédie musicale que la population y adhèrera instantanément. La comédie musicale française n’est pour moi pas aux standards de celle de Broadway ou du West End. Or, ce sont ces standards que je veux atteindre avec mes élèves.

Et quels sont les standards de Broadway et du West End ?

Plusieurs périodes se sont succédé dans le monde de la comédie musicale. J’aimerais retourner au style anglais des années 80-90 : toutes les comédies musicales avaient à cette époque une structure dramaturgique, ce qui n’existe plus aujourd’hui. Et elles étaient toutes symphoniques: c’est fou comme un orchestre remplit l’univers d’un spectacle ! Pour moi, le style anglais est celui qui mélange le mieux le théâtre, la musique et la danse. Le comédien d’une comédie musicale doit assumer un modus vivendi: penser en chantant, manger en chantant, rêver en chantant. Pour que son personnage puisse exister, il faut d’abord que le comédien croie lui-même que le chant est la seule façon de s’exprimer.

Vous ambitionnez donc de faire de la Belgique le nouveau berceau de la comédie musicale?

Je n’ai pas conçu l’école Broadway pour être une petite école qui donne des petits cours de théâtre, de danse, et de chant. Je voudrais qu’elle devienne un centre d’échanges entre West end, Broadway et l’Europe. Cela risque de prendre du temps, car il n’est pas aisé de construire un empire (rires), mais j’y crois. Je ne sais pas si on parlera d’un style belge de comédie musicale, mais j’espère en tous cas faire de Bruxelles et de la Belgique le noyau de la comédie musicale en Europe centrale. Il ne manque plus que les élèves (rires.)

Que proposez-vous concrètement à vos futurs élèves?

Au niveau de l’équipe, il n’y aura que la professeure de danse et moi: en tant que metteur en scène et compositeur, je préfère assumer seul les côtés pratiques et théoriques, pour une plus grande symbiose. La pratique et les exercices varieront en fonction de l’expérience de chacun: pendant l’année, l’élève devra développer une chanson de personnage positif, négatif, un ensemble, une chanson d’amour et de conflit. Il aura également des cours de théâtre et de danse. Au niveau théorique, nous étudierons la structure des comédies musicales, les grandes interprétations historiques, les orchestrations…

Y a-t-il des conditions d’inscription?

Le nombre d’élèves a été limité à 30 personnes, de façon à pouvoir assurer un suivi personnalisé, puisque nous reprenons tout à zéro: solfège, chant… Les élèves doivent également être âgés de 18 ans au moins, mais nous n’avons pas voulu fixer de plafond: l’expérience m’a montré que le mélange des âges était un atout dans le monde du spectacle: l’une de mes master class a fait se côtoyer des élèves de 80 ans et de 20 ans. Était-ce la musique, le théâtre, le style? Toujours est-il que quelque chose les a unis pendant toute la durée de l’apprentissage: c’était extraordinaire.

Vous proposez donc également des master class?

Oui, elles sont gratuites pour les élèves, payantes pour les personnes extérieures. L’année prochaine, la première master class sera donnée par Dan Menasche, le parrain de l’école, un grand chanteur belge qui joue actuellement dans la comédie musicale « La Belle et la Bête »; il est très branché dans le milieu et a beaucoup à donner. Pour la deuxième master class, nous accueillerons Axelle Red. Ensuite, j’aimerais également pouvoir convier Julie Andrews ou Judie Dench; je veux que les élèves voient les points de vue de chaque artiste impliqué dans la création d’un spectacle, et pas seulement de ceux de la comédie musicale.

Créerez-vous avec les élèves votre propre comédie musicale?

La création d’une comédie musicale prend beaucoup de temps. Or, nous ne disposons que d’un an. Je préfère donc partir d’une oeuvre préexistante: en se concentrant sur une histoire et des personnages déjà définis, l’élève aura tout le loisir de se concentrer sur la façon de transformer un texte en livret ou en chanson.

Un message à vos futurs élèves?

Plus qu’une école artistique, l’école Broadway est une école de vie: pendant un an, l’élève refera les exercices chez lui, vivra ses chansons et ses textes. Souvent, en société, on a peur de parler trop fort, on ne sait pas toujours quoi faire de ses mains, on a des idées reçues. La comédie musicale permet, par le chant, la danse, le théâtre, de dépasser ces contraintes sociales.

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