Philippe Cornet

« Fan de Bruxelles en 1980 »: sweet eighties

Philippe Cornet Journaliste musique

Ce n’est pas un reliquat de Radio Nostalgie mais une page Facebook mixant memorabilia new wave et poses nocturnes bruxelloises, entre autres au Mirano, Studio 54 version Saint-Josse. Succès.

La chronique de Philippe Cornet

Active depuis le 12 juillet à 11H30 (…), la page Facebook « Fan de Bruxelles en 1980! » compte aujourd’hui, « grosso modo, 3860 inscrits avec énormément de visites », d’après Bruno Bulté (1952), acteur-performer-metteur-en-scène-plasticien-scénariste à l’origine de la chose avec Paul Sterck, boss historique du Mirano (Continental). Boîte de la Chaussée de Louvain toujours en activité où l’on prenait même de la poudre blanche dans les toilettes de carrelage jaune, posant, draguant, voyant des performances et des people avant l’heure, le tout dans un grand mix bruxellois de snob-attitude et de rock’n’roll nocturne. A l’ancien cinéma proche de la Place Madou défile à partir de 1981 le tout Bruxelles des années 80. « On y faisait des choses jamais tentées auparavant », explique le polymorphe Bulté, « comme un énorme mur d’ampoules lumineuses, inédit jusque-là sauf à New York, ou des performances après deux heures du matin. »

Même si la version belge du Studio 54 squatte nombre de photos et de commentaires du site, ce dernier s’élargit heureusement à d’autres humidités nocturnes, comme le Canotier, le Pluriel, les Minimes, l’Alka-Seltzer ou le Circus. Bulté: « Il y avait plusieurs cliques, adoptant différentes manières de se fringuer, mais on avait en commun le goût de la musique en pleine accélération new wave et des sorties en boîte. J’ai l’impression que cette époque-là avait un supplément d’âme, contrairement à ce qui se passe maintenant où tout semble davantage cloisonné. Mais il ne s’agit pas du tout de céder à la nostalgie: même si je me replonge là-dedans avec plaisir -ce que j’explique à mon fils de 23 ans- cela n’empêche pas l’énergie actuelle de vouloir rebondir vers autre chose. »

Avant que le terme ne soit officialisé, Bulté était sans doute un « trendsetter », avec tout ce que cela implique d’également volatile. Directeur artistique du Mirano, BB l’est aussi au Klacik, club ucclois dont on se rappelle le plafond bas et la programmation haute, notamment le concert de Cure le 22 décembre 1979, neuf jours avant les eighties officielles, ainsi que les passages plus ou moins faramineux de Bauhaus, OMD ou U2, devant 100 ou 200 piétons. A deux pas de là, s’étalait Le Vieux Saint-Job (aujourd’hui Relais St-Job) arrière-salle de restaurant banal, où le 17 janvier 1978, Talking Heads et XTC présument une future modernité. Ce site, donc, est enrichi de noms locaux (bruxellois) tels que Plan K -formidables photos de John Vink du spectacle Quarantaine-, La Muerte, Marc Borgers ou encore les importants Telex. Fidèle du site, Michel Moers, tiers du groupe inventeur bruxellois, nous apprend donc que leur Looking For St. Tropez (1979) fut bel et bien bouclé au-dessus d’un magasin de lingerie bruxellois.

Source de souvenirs pour les « vieux », « Fan de Bruxelles en 1980! » permettra aux vingtenaires-trentenaires de lire une partie des formidables, ridicules et enthousiasmantes années 80 à Bruxelles… Un documentaire TV pourrait suivre.

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