Myriam Leroy

Être et avoir été

Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Les comédiens de séries mythiques peinent à se défaire d’une étiquette encombrante. Deux nouvelles productions de la Fox viennent encore le prouver.

La chronique de Myriam Leroy

Deux dates de sinistre mémoire. Souvenez-vous, les 23 et 24 mai 2010, 2 des plus irrésistibles séries contemporaines livraient leur épilogue. Une fin en eau de boudin pour Lost, une conclusion qui collait des frissons pour 24 heures chrono. Depuis, la communauté des fans (inconsolable) se cherche un substitut de qualité à ces drogues hautement addictives. Chaque saison télévisuelle connaît son lot de promesses non tenues. Seule Homeland, à l’automne, a paru capable de ressusciter la délicieuse terreur chère à Jack Bauer.

Cet hiver, cependant, les disciples de Lost et de 24 heures chrono ont reçu 2 cadeaux de la Fox: Alcatraz, produite par JJ Abrams, père de l’île désenchantée où échouèrent les passagers du vol 815, mettant en scène Jorge Garcia, l’inoubliable Hurley de Lost; et Touch, une série de Tim Kring (Heroes), portée par Kiefer Sutherland.

Outre la déception ressentie à la vision des épisodes inauguraux de la 1re, et le relatif émerveillement face au pilote de la seconde, on retiendra que les acteurs de série sont marqués au fer rouge par leurs personnages passés.

Ainsi, on s’étonne de ne pas entendre Hurley (pardon, le Docteur Diego Soto, spécialiste de l’histoire d’Alcatraz) donner du « dude » à chacune de ses interventions, et Jack (ici Martin Bohm, bagagiste à JFK), enjoindre l’assistante sociale qui veut lui enlever son fils de dropper son gun down.

Comme on voit encore, 8 ans après l’arrêt de Friends, Jennifer Aniston se dépatouiller dans des films d’avion sans parvenir à se défaire de son image de bourgeoise délurée.

D’AB à SDF

Le comédien de séries qui veut se renouveler n’a pas 1000 options devant lui.

1) Donner dans l’intello ou dans l’auteurisme: George Clooney n’est plus le bon docteur Ross depuis Good Night and Good Luck, ses prises de positions politiques et son combat pour le Darfour. Johnny Depp est la muse de Tim Burton. Michelle Williams a frouchelé dans un gros calibre taïwanais taillé pour les récompenses avant de se laisser phagocyter par un sex symbol intemporel…

2) Choisir dès le départ une série très haut de gamme: ainsi de la plupart des comédiens vus dans le film Drive (Mad Men, Breaking Bad, Sons of Anarchy).

3) Revenir à la télé, et se dire que le temps fera son oeuvre: à force, Marcia Cross est passée de l’effrayante Kimberly Shaw de Melrose Place à la non moins glaçante Bree Van de Kamp de Desperate Housewives, Claire Danes a conservé sa bouille d’Angela, 15 ans mais est nettement plus tourmentée dans Homeland, David Duchovny a fait oublier le fade Fox Mulder au profit du funky Hank Moody…

Certains comédiens, en revanche, semblent irrécupérables. James Van der Beek, Katie Holmes, ou même Katherine Heigl (qui fait pourtant tout ce qu’elle peut pour devenir, selon ses propres termes, un George Clooney au féminin) ne paraissent avoir d’autres horizons que ceux du passé. A l’instar de Mallaury Nataf, passée du Miel et les abeilles d’AB Productions à la rue (on a récemment appris qu’elle était devenue SDF), qui n’a pas pu compter sur son escale par La ferme célébrités pour aller bourdonner ailleurs.

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