Laurent Hoebrechts

Ave Kanye

Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Pour son dernier clip, le rappeur Kanye West enfile la toge et se met en scène dans une fresque à la Michel-Ange. Vous avez dit mégalo?

Par Laurent HOEBRECHTS

Ce qu’il y a de bien avec Kanye West, c’est que l’on ne s’ennuie jamais. Personnage central de la culture pop actuelle, le rappeur a le chic pour parler et faire parler de lui. Le bonhomme débarque sur Twitter? Il ne faut pas 24h pour que le réseau social s’emballe. Mr West n’en attendait pas tant, délivrant en 140 signes maximum sa sagesse au monde à une cadence effrénée, style: « French fries are the devil », « Sometimes I get emotional over fonts », « God is dope » ou relatant l’étonnement de son camarade Swizz devant son inépuisable capacité de travail: « Je ne peux pas dormir… Mes gens ont besoin de cette nouvelle musique ».

Plus drôle encore: quand la star a choisi de suivre au hasard un seul compte Twitter, son titulaire, un dénommé Steve Holmes, âgé de 19 ans et originaire de Coventry en Angleterre, n’a apprécié qu’à moitié la soudaine attention médiatique qui en a découlé…

L’agitation sur le réseau, c’est bien. Mais Kanye West le sait, c’est encore sur le terrain musical qu’il devra faire la différence. Le nouvel album est donc attendu pour le mois d’octobre. Avant cela, le rappeur a déjà livré quelques pistes. Comme le titre Power, morceau hip hop tribal qui repique un bout du 21st Century Schizoid Man de King Crimson. Le clip a rapidement suivi. Il n’a pas manqué de faire son petit effet. Il est l’oeuvre de l’Italo-Canadien Marco Brambilla, réalisateur de Demolition Man avec Stallone. Mais c’est surtout pour son installation vidéo intitulée Civilization, mêlant film et photo, que le rappeur est allé chercher Brambilla.

Folie des grandeurs

On y voit donc Kanye West, planté entre deux rangées de colonnes corinthiennes, au milieu d’une fresque Renaissance à la Michel-Ange. Le rappeur a d’ailleurs précisé: « Ceci n’est pas un clip, c’est une peinture vivante! », rien de moins. Il apparaît en toge, un pendentif du dieu égyptien Horus au cou. Immobile, il est entouré d’une série de muses et autres créatures féminines à moitié nues qui s’animent autour de lui. Au bout du travelling arrière, on découvre encore une épée de Damoclès pendue au-dessus de la tête de la star.

Difficile de faire plus mégalo, on l’avouera, même si West prolonge aussi une longue tradition en la matière: c’est le syndrome Cassius Clay, celui de la grande gueule qui mélange panache, crise de paranoïa et folie des grandeurs (voir Terence Trent d’Arby dans les années 80, qui sur les pochettes de ses disques fusionnait son visage à celui d’Alexandre le Grand, pour ne prendre qu’un exemple)….

N’empêche. Kanye West a beau avoir le melon, il y met les formes. Notamment en limitant le clip au premier couplet-refrain. Soit 1’48 de clip, pas plus. Pas besoin non plus de se lancer dans une analyse fumeuse du fatras de références antiquo-mystiques qui entourent le clip. Il suffit d’écouter ce que raconte West. Soit un conte sur le thème du pouvoir, de sa vanité, et de sa nature profondément dangereuse dès qu’il est concentré dans les mains d’un seul homme. Venant d’une über star comme West, cela tient presque de la confession…

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