Critique

Water for Elephants

DRAME | Autour d’un triangle amoureux ayant pour cadre un cirque itinérant pendant la grande dépression, un drame romanesque envoûtant.

Il plane, sur Water for Elephants, un séduisant parfum de cinéma hollywoodien à l’ancienne. Et cela, pas seulement parce que le film de Francis Lawrence nous ramène à l’époque de la Grande Dépression, en Amérique, mais bien par la texture même de ce drame, une épopée romanesque comme l’on a plus guère l’occasion de les voir à l’écran.

Nous sommes à l’aube des années 30, et la mort tragique de ses parents laisse Jacob Jankowski (Robert Pattinson), un jeune étudiant vétérinaire, totalement démuni. Rattrapé par la misère, il est bientôt recueilli par le cirque itinérant des frères Benzini, une troupe ayant déjà connu des jours meilleurs, qui l’engage pour s’occuper des animaux. Il ne faut guère plus d’une représentation pour que Jacob s’éprenne de la belle Marlène (Reese Witherspoon), scintillante écuyère et star du cirque, qui se trouve aussi être l’épouse du directeur, August (Christopher Waltz), un individu imprévisible, charmeur autant qu’inquiétant. L’acquisition d’un éléphant, et la préparation d’un nouveau numéro, lui donne bientôt l’occasion de se rapprocher de la jeune femme…

Torrent d’émotions

Du Freaks de Tod Browning au Lola Montès de Max Ophuls, la piste du cirque a régulièrement abrité les sentiments les plus forts et libéré les passions les plus dévorantes. Adapté d’un roman de Sara Gruen, Water for Elephants ne fait pas exception à la règle, qui déchaîne bientôt un torrent d’émotions dans le sillage d’un amour irrépressible -contexte narratif sublimé par un cadre proprement envoûtant. Ne s’y trompant pas, Francis Lawrence apporte un soin maniaque à la reconstitution de cet environnement, comme à celle de l’époque d’ailleurs, donnant corps, sous les lumières du chapiteau, à un univers fascinant, propice à une féerie romantique où perce aussi ce qui ressemble à de la mélancolie. A quoi s’ajoute bientôt l’imminence du danger, à la mesure de l’ardeur des sentiments à l’oeuvre au sein de ce triangle amoureux.

Soit la trame d’une fresque romanesque classique, et parfaitement assumée par un réalisateur qui, pour évoluer en terrain inattendu -on est loin, en tout état de cause, du New York post-apocalyptique de I’m Legend-, n’en déploie pas moins une incontestable maestria. On imagine, un brin à regret, ce qu’aurait pu donner semblable matériel devant la caméra d’un Baz Luhrmann, pour qui il semblait taillé. Plus convenu sans doute, Water for Elephants n’en dispense pas moins, porté par la grâce de Reese Witherspoon, la lueur de folie de Christopher Waltz, et la présence un brin figée de Robert Twilight Pattinson, un charme aussi insidieusement rétro que délicieusement troublant. Non sans réussir à faire, à l’occasion, affleurer l’émotion vraie -dans ses meilleurs moments, le film éveille même le souvenir des Tarnished Angels de Douglas Sirk, avec lesquels il a plus qu’un contexte historique en commun. Ce qui n’est déjà pas si mal…

WATER FOR ELEPHANTS, DRAME DE FRANCIS LAWRENCE. AVEC ROBERT PATTINSON, REESE WITHERSPOON, CHRISTOPHER WALTZ. 1 H 55. SORTIE: 04/05.

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Jean-François Pluijgers

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