Wall Street : affaires à suivre

En donnant une suite à Wall Street, un quart de siècle après le premier film, Oliver Stone ne fait que sacrifier, avec retard, à une tendance lourde, dont Hollywood use… et abuse parfois.

L’assassin, dit-on, finit toujours par revenir sur les lieux de son crime. A Hollywood, ce sont les réalisateurs (parfois) et les producteurs (souvent) qui mettent en pratique l’art de revenir sur ses pas. Les séries, les remakes, fleurissent plus que jamais dans l’industrie américaine du film, plus rarement dans d’autres cinématographies. Avec ce double avantage d’éviter de fastidieux efforts pour trouver quelque idée neuve, et de reproduire une formule qui a fait ses preuves en faisant résonner le tiroir-caisse. Mais aussi avec le risque de fatiguer, d’épuiser le filon, bien plus tôt que redouté.

A la différence de nombreux autres, on ne pourra pas suspecter Oliver Stone d’avoir cédé à la facilité ou fait simplement un calcul commercial en choisissant de prolonger, 23 ans plus tard, son film à succès Wall Street. La crise financière, les débats générés par les flux d’argents incontrôlés, les placements à risques, les bonus obscènes, la toujours moralisation des marchés, lui offraient un contexte propice, un terrain d’expression dans lequel faire revenir le flamboyant Gordon Gekko (superbement joué par Michael Douglas). La sortie de Wall Street: Money Never Sleeps fournit néanmoins l’occasion de scruter, d’un regard nécessairement critique, la tendance répétitive dont le cinéma américain (surtout) a depuis longtemps fait ses choux gras…

Toy Story si! Shrek no!

L’actualité toute récente a clairement permis de faire la différence entre une série réussissant à se renouveler (Toy Story) et une autre à l’agonie ou presque (Shrek). Entre Toy Story 3, ses idées visuelles et ses élans d’émotion, et Shrek Forever After, son absence de souffle et ses rires épars, il y a un monde! Un monde qui s’explique sans doute par le travail de scénaristes de haut vol chez Pixar, alors que chez DreamWorks ce sont bien plus des gagmen qui sont utilisés. Une bonne histoire restant l’élément essentiel d’un bon film, la différence entre « franchise » toujours vivante au fil des épisodes et série vite sur les rotules se fait le plus souvent au niveau du script. Mais elle peut aussi s’opérer par le choix du ou des réalisateurs capables de renouveler les choses.

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La série Alien, passée successivement et avec un constant bonheur des mains de Ridley Scott à celles de James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet, en est un exemple éloquent. Et la manière dont J.J. Abrams a dynamité de son grain réaliste Mission: Impossible 3 etStar Trek… onzième film de la saga, en est une double et belle démonstration.

Mais la loi des séries, plus que jamais dominante aujourd’hui avec les triomphales sagas d’Harry Potter, Twilight et autre Pirates Of The Caribbean ou Transformers, rend les producteurs de plus en plus gourmands. C’est ainsi que les 2 premières, adaptées de romans best-sellers, engendreront plus de films que de livres, par la grâce du « découpage » cinématographique en 2 parties distinctes de l’ultime bouquin pour doubler les bénéfices. Au risque d’irriter jusqu’aux vrais fans qui s’impatientent, et voient leur esprit critique grandir à mesure qu’ils avancent eux-mêmes en âge…

Les séries s’appuyant sur des romans à succès partent toujours néanmoins avec un gros avantage, dont même l’assez médiocre transposition de Millenium a pu profiter. La saga Jason Bourne avec Matt Damon a su tirer un parti optimal de l’oeuvre originale de Robert Ludlum. Et l’adaptation de la trilogie Lord Of The Rings par Peter Jackson tient carrément du chef-d’oeuvre.

Hier, aujourd’hui, demain Quand elle repose sur un désir de cinéaste, sans source littéraire éprouvée, la destinée d’une saga peut dépendre du souffle de son ou ses créateur(s). Ainsi celle de Matrix s’est lamentablement vautrée malgré les importants moyens engagés dans les suites d’un premier film épatant. Alors qu’un George Lucas a su reprendre de manière crédible, des années après, celle de Star Wars, pour la prolonger d’une nouvelle trilogie. Lucas étant celui qui, avec son ami Spielberg et Indiana Jones, aura le plus spectaculairement relancé l’idée de la série, inspirée par les « serials » du cinéma muet (Fantômas) et des débuts du parlant (Flash Gordon, Dick Tracy) ainsi que par les sagas de Tarzan et autre Frankenstein dans les années 30.

Aujourd’hui, c’est encore le fantastique et l’horreur qui se mettent le plus volontiers aux séries, de Halloween àREC et Underworld en passant par les méfaits de Freddy Krueger et les tortures de Saw. Sans oublier bien sûr le singulier parcours des zombies de George Romero! Et le mouvement continuera -pour le meilleur mais aussi pour le pire- en 2011 et 2012 où l’on pourra voir, outre un quatrième épisode de Pirates Of The Caribbean et un troisième de Transformers, de nouvelles manifestations de X-Men, Jason Bourne, Harry Potter, Mission: Impossible, Rambo, Star Trek, Batman, Spider Man, Iron Man, et même (on se retient de rire)… Mad Max!

Louis Danvers

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