Very Bad Trip, le happy end?

Alors que sort le troisième volet des aventures de la joyeuse bande de Very Bad Trip, voici les raisons de cet incroyable succès surprise et phénomène tout autour du monde…

Le cinéma américain n’est pas avare en sagas comiques potaches. Porky’s, Police Academy, Y a-t-il un flic… ? ou American Pie ont tous eu droit à leur lot de suites. Mais aucune n’avait eu l’impact de Very Bad Trip, dont les recettes mondiales s’élèvent à 467 millions de dollars pour le premier épisode et près de 600 pour le deuxième. Voici pourquoi…

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Un amoureux de la comédie festive

Aux commandes de cette saga, on retrouve Todd Phillips, qui débuta sa carrière par deux documentaires. Le premier, Hated,dresse le portrait de GG Allin, chanteur punk célèbre pour ses prestations scéniques transgressives, entre automutilation et scatologie. Le deuxième, Frat House,se penche sur les rites de la vie étudiante. Et ce côté éternel adulescent n’abandonnera plus jamais Phillips qui fera, en fiction, de la comédie festive son domaine de prédilection, avec des éléments récurrents préfigurant Very Bad Trip: les potes, les beuveries, les filles en bikini léger, léger et la drague lourde, lourde. Dans Road Trip, un jeune homme traverse les États-Unis pour sauver son couple… avec un trio d’amis n’engendrant guère la mélancolie. Back to School raconte le désenchantement d’une jeunesse qui ne veut pas grandir. Et après une calamiteuse transposition de Starsky & Hutch, il fait de Billy Bob Thornton un prof de drague dans L’école des dragueurs. Mais si une patte Phillips se dessine au fil des films (qui ont quasiment tous totalisé entre 70 et 90 millions de dollars de recettes aux États-Unis), son nom reste inconnu en France.

La prise de pouvoir de l’intrigue sur les personnages, sorte d’anti-Apatow

Et puis, aux premiers jours de l’été 2009, surgit Very Bad Trip, où trois potes entraînent leur meilleur ami à Las Vegas pour un ultime week-end de fête délirante avant son mariage. Un scénario inspiré par une (més)aventure vécue par un ami d’un des producteurs, porté disparu de son enterrement de vie de garçon, avant de réapparaître dans un bar à strip-tease de Vegas. Ce film marque une bascule dans l’histoire de la comédie américaine. À ce moment-là, y règne en maître Judd Apatow. Comme réalisateur, producteur et scénariste, ce dernier avait développé une marque de fabrique payante: un comique potache, mais qui privilégie la vérité des personnages sur la course aux gags et même sur l’intrigue. Or, chez Phillips, la démarche est inverse: l’intrigue prime sur les personnages. Celle de Very Bad Trip est ainsi construite tel un polar autour de la disparition du futur marié et les relations entre ses personnages n’y sont creusées que pour faire rire aux dépens d’eux. Une autre ligne de démarcation par rapport à Apatow qui développe, lui, une empathie pour les personnages « geek« . Et pourtant, en cet été 2009, l’outsider dépasse le maître. Au box-office américain: 277 millions de dollars pour Very Bad Trip contre 50 pour Funny People. Puis, dans le métier, puisque Very Bad Trip remporte le Golden Globe de la meilleure comédie, jamais obtenu par Apatow.

Le trio gagnant potes complices-femmes castratrices-alcool libérateur

Mais Phillips fait encore plus fort en rencontrant un triomphe populaire planétaire, alors que les comédies peinent à s’exporter. Car il y déploie un triptyque qui semble parler à tout le monde. Chez lui, les potes complices tentent de s’échapper de l’emprise de femmes emmerdeuses et castratrices par le biais d’alcool consommé à forte dose. Bref, une sorte d’Internationale du machisme light. Et ce langage là semble ne pas avoir de frontière…

Une recette qui peine à se décliner

Une telle formule était évidemment appelée à connaître moult déclinaisons. Mais toutes ont déçu. À commencer par Very Bad Trip 2, au scénario bâclé, véritable copier-coller du premier dans les rues de Bangkok. Mais, juste avant, son Date limite n’avait pas plus enthousiasmé, notamment à cause de l’incapacité de Phillips à offrir à Zach Galifianakis un rôle éloigné de son personnage de Very Bad Trip: un asocial barré, dont l’incapacité à vivre le quotidien constitue une source, vite tarie, de vannes. Mais, surtout Phillips n’a pas su générer d’héritiers, à la différence encore d’un Apatow qui met sans cesse le pied à l’étrier de jeunes comédiens, auteurs et réalisateurs. Pourtant, depuis Very Bad Trip, Phillips est devenu producteur. Il a d’ailleurs cartonné avec Projet X. Mais qui connaît le nom du réalisateur de cette teuf géante portée à l’écran? Qui a vu ses interprètes dans d’autres films depuis? Le cinéma de Phillips est efficace, mais peu généreux. Et il est logique que tous ceux qui se sont aventurés sur le terrain de ce type de comédie à la beauferie assumée, comme Échange standard, aient livré un résultat navrant. Very Bad Trip 3 constitue donc un test. La franchise poursuivra-t-elle sa marche en avant pécuniaire? Ou confirmera-t-il que le premier volet a constitué un sommet dans la carrière d’un cinéaste qui, artistiquement, ne peut que rétrograder? Réponse avec le retour de la bande sur les lieux de leur premier « crime » : Las Vegas.

Very Bad Trip 3. De Todd Phillips, avec Bradley Cooper, Ed Helms…Sortie : 29 mai

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