Une journée à Poudlard

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Pendant tout l’été, l’exposition Harry Potter fait étape à Bruxelles. L’occasion de se propulser dans le monde du petit sorcier par un coup de baguette magique.

Après Chicago, Toronto, New York, Sydney, Singapour, Tokyo, Paris ou Shanghai, c’est donc au tour de Bruxelles d’accueillir l’exposition Harry Potter, le plateau du Heysel constituant la 15e étape d’un voyage qui ne semble pas près de s’arrêter. Phénomène culturel intergénérationnel, la franchise est une affaire qui roule. Et après les romans et les films au succès planétaire, l’univers imaginé par J. K. Rowling a su se redéployer, l’installation itinérante constituant le pendant à la visite des studios Warner de Leavesden, dans la périphérie de Londres, lieu de tournage privilégié de la saga. Si tu ne vas pas à Harry, Harry viendra à toi, en somme, et Frank Torres, directeur des opérations chez Global Experience Specialists (GES), en charge de la logistique de l’exposition, ne dit d’ailleurs pas vraiment autre chose :  » Les deux approches ne sont pas les mêmes, mais il y a un peu de cela. Le studio est l’endroit où l’essentiel des films a été tourné, mais tout le monde n’est pas en mesure de s’y rendre. Nous sommes donc ravis de pouvoir proposer ce show aux visiteurs, d’autant plus qu’il y a des différences.  » L’attente est grande, en tout état de cause, et après avoir attiré quelque 3,5 millions de moldus dans le monde, l’exposition s’apprêtait à ensorceler la Belgique, affichant près de 100 000 préventes à la veille de son ouverture, le 30 juin dernier. Pas mal, à 20 euros par personne et 65 par famille.

Proches des artefacts

Si, au petit jeu des comparaisons, Leavesden l’emporte sans conteste, avec ses décors imposants, une interactivité omniprésente et sa vocation exhaustive, Harry Potter, The Exhibition ne manque toutefois pas d’arguments. Le visiteur y est convié à une expérience immersive séduisante (même si un brin tintamarresque) où, après avoir essayé le Choixpeau magique (et opté pour la maison de son choix, Gryffondor ayant généralement ses faveurs, et pour cause, c’est celle accueillant Harry, Hermione Granger et Ron Weasley), un montage vidéo revisitant les huit films de la franchise lui ouvre la porte secrète du monde magique du petit sorcier, découvert dans la vapeur d’une réplique du Hogwarts Express. Avec ses 1 400 mètres carrés, l’étape bruxelloise de l’exposition est la première à pouvoir présenter la totalité des éléments retenus à l’origine par les créateurs. Et l’accrochage ne manque pas d’impressionner, qui aligne les éléments par dizaines, accessoires, costumes, créatures fantastiques, répliques de décors, et l’on en passe, empruntés à l’ensemble de la saga.  » Nous voulons que les visiteurs soient proches des artefacts, et qu’ils puissent vraiment apprécier l’expertise des artisans qui ont fait ces films. Un temps considérable a été consacré à chacun de ces objets, et ils regorgent de détails, ce qui fait la richesse de la visite « , poursuit Frank Torres.

Une journée à Poudlard
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Harry Potter en 10 chiffres

7 : le nombre de romans composant la saga écrite par J. K. Rowling entre 1997 et 2007.

450 : en millions, le nombre d’exemplaires de romans vendus dans quelque 140 pays.

67 : le nombre de langues dans lesquelles les aventures d’Harry Potter ont été traduites.

7,723 : en milliards de dollars, les recettes cumulées des huit films tirés de la saga.

24 : le nombre de containers ayant servi au transport des accessoires et décors de The Exhibition.

3,5 : en millions, le nombre de visiteurs accueillis à ce jour dans le monde par l’exposition itinérante.

100 000 : le nombre de préventes pour son volet belge.

1 400 : en mètres carrés, la surface de l’exposition bruxelloise.

15 : le nombre de villes ayant accueilli l’installation itinérante depuis Chicago, en 2009.

Top secret : le budget de The Exhibition est entouré de la plus grande discrétion.

Lunettes rondes de Harry, baguette(s) magique(s), grimoires, fioles, carte du maraudeur, attirail de supporter des Chudley Cannons, uniformes (ceux du célèbre trio, mais aussi de leurs nombreux professeurs) et tenues décontractées, portraits (ceux de Kenneth Branagh, alias Gilderoy Lockhart, valent assurément le détour), mandragore, diable en boîte, assiettes de chats… il y a là un ensorcelant capharnaüm, et l’on ne saurait établir l’inventaire des éléments exposés alors que l’on passe de la chambre commune de Gryffondor aux diverses salles de classe, premières étapes de cette journée à Poudlard. La scénographie ajoute à l’impression d’ensemble, qui inscrit les objets dans leur environnement cinématographique, divers extraits des films faisant office de piqûres de rappel à l’attention des distraits et autres amnésiques. A quoi les commentaires audio apportent un complément d’infos anecdotiques mais pas forcément inutiles – l’équivalent live des bonus DVD ou Blu-ray, en quelque sorte.

Au coeur des ténèbres

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Qui dit Harry Potter pense tours de magie et sortilèges, bien sûr, mais aussi Quidditch, ce sport insolite pratiqué par les apprentis sorciers. Un espace est dédié à leur activité favorite, les visiteurs pouvant, interactivité aidant, y exercer leur adresse au lancer du souafle avant d’apprécier les tenues des joueurs, le Vif d’or, des gadgets de la Coupe du monde, et jusqu’au Nimbus 2000, le balai volant ultrasophistiqué utilisé par Harry. Et le moyen le plus commode, après tout, d’accéder au volet le plus spectaculaire de l’exposition, celui arpentant la forêt interdite et conviant les forces obscures à proximité de la hutte d’Hagrid, reproduite dans ses dimensions hors normes, l’ensemble baignant dans une atmosphère à la noirceur de circonstance. Buck l’hippogriffe (dont le guide audio apprend que chaque plume fut teintée et taillée individuellement, avant d’être cousue dans une peau de Lycra), mais aussi masques des mangemorts, araignées géantes, costume de Voldemort… : la mise en scène fait la part belle aux ténèbres, en quelque sombre écho aux ultimes épisodes de la saga.

Une journée à Poudlard
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Le final, dans la Grande Salle abritant les Reliques de la Mort, n’en apparaît que plus majestueux. Pour l’anecdote, son aménagement a requis des trésors d’ingéniosité, les concepteurs de l’expo s’étant aperçus, au moment du planning, que la hauteur des plafonds était inadaptée. Un coup de baguette magique plus tard, et il n’y paraissait plus : à magicien, rien d’impossible. Et J. K. Rowling en est l’exemple le plus éloquent, qui depuis la parution du Harry Potter à l’école des sorciers, en 1997, a su transformer tout ce qu’elle a touché en or…

Harry Potter. The Exhibition, à Brussels Expo, palais 2. Jusqu’à une date indéfinie. www.expoharrypotter.be

La vie après Harry

Parmi les curiosités de l’exposition Harry Potter, on trouve les divers costumes portés par Daniel Radcliffe au fil des épisodes, et qui procurent le sentiment étrange de (re)voir le comédien grandir sous nos yeux. Enfant-acteur à l’époque de Harry Potter et l’école des sorciers, en 2001, Radcliffe bouclera la saga dix ans plus tard sous les traits d’un (grand) adolescent, doublé d’une star ayant paradoxalement encore tout à prouver. Une situation dont il a su s’accommoder : « On a tendance à caractériser mon rapport à Harry Potter en termes violents, en me demandant si j’aspire à le détruire, nous confiait-il en marge de la sortie de Kill Your Darlings, de John Krokidas, où il campait Allen Ginsberg. Mais pas du tout, j’avance simplement dans l’existence. Et naturellement, j’aspire à me distancier de Harry, et à être considéré comme un acteur plutôt que comme un personnage. Certains y voient des menottes, je considère cela comme un défi. Je suis extrêmement reconnaissant d’avoir eu cette opportunité : Harry Potter reste cette plate-forme incroyable ayant réuni un nombre considérable de fans qui ont grandi avec moi. J’ai maintenant l’opportunité de les prendre par la main, et de les emmener dans des directions intéressantes. » Pas uniquement cinématograhiques, d’ailleurs, puisqu’on l’a vu aussi bien sur scène (Equus, de Peter Shaffer, The Cripple of Inishmaan, de Martin McDonagh) qu’à l’écran où, après avoir tourné pour Judd Apatow (Trainwreck) ou Paul McGuigan (Victor Frankenstein), Daniel Radcliffe rejoindra cet été, l’univers des illusionnistes de Now You See Me – savoir jouer de la baguette, ça aide…

Par Jean-François Pluijgers

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