Trop de 3D tue-t-il la 3D?

Dans la foulée du triomphe de Avatar, la 3D s’est multipliée sur les écrans, tous formats confondus. Avec un inégal bonheur, cependant.

C’est l’une de ces success stories comme en raffolent les studios hollywoodiens: la 3D n’aura finalement mis que quelques mois à passer du rang de procédé marginal à celui de phénomène incontournable, boostée par l’extraordinaire succès commercial du Avatar de James Cameron. Dans la foulée de ce dernier, ce ne sont plus seulement les films d’animation qui ont adopté le relief comme standard quasi obligé: du Alice in Wonderland de Tim Burton au Last Airbender de Night M. Shyamalan, les productions en 3 dimensions se sont multipliées comme les petits pains, dopées par la perspective de retombées miraculeuses.

Le relief serait-il dès lors la panacée à même de relancer durablement le cinéma? Voire: dans la foulée du Belge Ben Stassen, auteur de Fly Me to the Moon et du Voyage extraordinaire de Samy, et pionnier de l’animation en 3D, on peut se demander si, à force de médiocres applications exécutées à la va-vite – The Clash of the Titans, par exemple-, on ne risque pas de tuer la poule aux oeufs d’or, fussent-ils en relief. Nulle autre raison, sans doute, à ce que le dernier épisode de Harry Potter ait été prestement dégonflé de 3D en 2D. Circonstance aggravante: l’argument commercial massue, à savoir la perspective d’une expérience sans équivalent, risque d’avoir sérieusement du plomb dans l’aile dès lors que, comme l’on ne cesse de nous le seriner, les foyers seront bientôt massivement équipés de téléviseurs 3D.

Plus fondamentalement, et en dehors de l’animation en images de synthèse qui reste son terrain d’expression naturel, postulat vérifié de Moi, moche et méchant en Megamind, on attend toujours le film en 3D qui trouvera le compromis idéal entre prouesses technologiques et intérêt dramatique. Là où les Avatar et autres Legend of the Guardians ne semblent se justifier que par les premières, les Burton et autres Shyamalan auraient aussi bien pu faire l’économie du relief, ravalé au rang de simple produit d’appel. Difficile, dans un cas comme dans l’autre, de voir dans la 3D autre chose qu’un gadget, aussi séduisant soit-il. Le verdict pourrait cependant n’être que provisoire: de Scorsese (Hugo Cabret) à Spielberg (Tintin), en passant par Herzog (Cave of Forgotten Dreams) et Wenders (Pina), on ne compte plus les cinéastes majeures à avoir fait du relief leur défi du moment…

Jean-François Pluijgers

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