Star Wars Rogue One: les coulisses d’une sortie ultra-cadenassée

Ben Mendelsohn (Orson Krennic) dans Star Wars: Rogue One de Gareth Edwards. © Disney
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Le premier spin-off de la franchise Star Wars sort ce mercredi et vous n’avez rien pu lire à son sujet jusqu’à mardi, 18h. On vous explique pourquoi, et dévoile quelques-unes des ficelles de ce type de sortie contrôlée au millimètre.

C’est monnaie courante pour ce genre de blockbusters. Si d’habitude, les distributeurs s’évertuent à montrer leurs films bien à l’avance à la presse, pour s’assurer une couverture maximale avant leur sortie, c’est autre chose quand il s’agit d’une méga-production comme Star Wars ou The Hobbit par exemple. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce verrouillage intensif de la part des studios: soit ceux-ci savent à l’avance leur film voué à un échec critique et préfèrent que les médias se contentent du même matériel promo que le public jusqu’à la date fatidique de la sortie (on pense à la franchise Transformers, par exemple), soit les attentes autour d’un film sont telles que les studios préfèrent en donner un minimum à la presse pour jouer l’effet de surprise. Et sans doute dans ce cas-ci que les polémiques autour du « reshoot » de certaines scènes ont, elles aussi, fait monter la tension d’un cran.

Concrètement, la projection de presse à laquelle nous avons pu assister, dans la superbe salle Imax rénovée du Kinepolis bruxellois, se tenait ce mardi à 13h. Chaque journaliste présent doit au préalable signer une clause de confidentialité interdisant strictement de publier quoi que ce soit avant 18h, y compris sur les réseaux sociaux. Les premières projections pour le grand public avaient lieu le lendemain matin… De même, le document interdit explicitement de révéler le moindre détail de l’intrigue: « Pour donner au public du monde entier l’opportunité d’apprécier Rogue One, a Star Wars story au maximum et leur permettre de découvrir ses surprises et rebondissements au cinéma, nous vous demandons respectueusement de rester nos partenaires dans ce voyage et de vous retenir de révéler spoilers et éléments clés de l’histoire dans votre couverture de l’événement, ce incluant les médias sociaux. » Et pour s’assurer qu’un petit malin ne prenne la tangente, les téléphones et appareils enregistreurs sont confisqués à l’entrée, assortis d’un passage par le détecteur de métaux et d’une fouille des sacs.

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Pas que les journalistes

La presse n’est pas la seule à faire face à ce genre de restrictions. Autre exemple, les sociétés qui s’occupent de distribuer les fichiers (adieu les pellicules) à toutes les salles, la Liégeoise Dcinex et la Française Éclair, transfèrent les copies dans des salles confinées, surveillées par caméras et accessibles uniquement avec badges « hyper restrictifs », assortis d’une charte de sécurité. Laurent Bodson, post production engineer: « On fait juste transiter des données, on n’aura jamais accès à la moindre image du film. Tout ce qu’on peut tester, c’est que le DCP (le fichier numérique qui est envoyé aux salles de cinéma, NdlR) est bien intègre, que toutes les données sont là, que ça va jouer correctement dans les cinémas. En général, on gère les copies DCP et les clés de décryptage qui vont avec, mais dans ce cas-ci, c’est Disney qui gère directement les clés. Les salles de cinéma reçoivent une clé qui ne va être valable quelques heures avant le début de la première séance. D’habitude, on essaie de les envoyer à l’avance pour que les cinémas puissent tester avant projection. Mais ici, ce n’est pas le cas pour éviter les fuites. »

L’an dernier, pour la sortie de The Force Awakens, nous faisions remarquer que les sous-titres avaient fait les frais d’une sortie sans doute un peu trop cadenassée et précipitée. Ce n’est pas le cas cette fois-ci, même si on a vu passer l’une ou l’autre coquille. Qu’à cela ne tienne, le film est aujourd’hui en salles et on ne boudera pas notre plaisir: Rogue One est une (très) bonne surprise, nous donnant un nouvel espoir en la capacité de Disney de transformer la saga de George Lucas en autre chose qu’une simple pompe à fric. Et c’est déjà très bien.

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