Rétro 2016: Quand les documentaires s’engagent, à l’image de Demain

Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent, propose des solutions alternatives pour un avenir potentiellement meilleur. © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Le succès fou de l’écologiste, énergique et séduisant Demain aura illustré spectaculairement la percée d’un cinéma documentaire engagé, citoyen et aussi politique au sens large du terme.

Demain, le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent, a déjà été vu par plus d’un million de spectateurs en France. Distribué dans une trentaine de pays, il a aussi triomphé en Belgique, et la sortie du DVD devrait lui permettre de toucher encore plus de monde. Une réussite qui traduit sans nul doute la sensibilité particulière de nombre d’entre nous aux thèmes de l’avenir de la planète et des solutions alternatives permettant d’échapper aux catastrophes écologiques, économiques et humaines qui menacent. Une performance qui s’inscrit aussi dans le contexte d’une scène documentaire de plus en plus active dans la critique de la société et la proposition de réponses différentes aux problèmes qui la minent.

Ordinaires et terribles

Leonardo DiCaprio en guide qui éveille les consciences dans Before the Flood.
Leonardo DiCaprio en guide qui éveille les consciences dans Before the Flood.© DR

Diffusé directement et gratuitement sur le Web avant de sortir en salles, Before the Flood a suscité des millions de vues dans le monde entier. Produit par la chaîne National Geographic, le film de Fisher Stevens prend pour guide star un Leonardo DiCaprio qui nous emmène faire le tour des dangers guettant l’humanité. Dans la lignée d’An Inconvenient Truth, le doc de 2006 avec Al Gore en invité, il capitalise sur la renommée d’une vedette pour éveiller les consciences. A des années-lumière de pareille démarche, un petit film fragile et beau comme Le Potager de mon grand-père voit le réalisateur Martin Esposito célébrer tout à la fois la nature, l’authenticité, la micro-agriculture bio, la famille et l’immigration au contact (admiratif) de son papy venu d’Italie. Une autre immigration, des plus actuelles et des plus dramatiques, a été abordée par un des films événements de 2016, le Fuocoammare de Gianfranco Rosi. Ours d’or au festival du film de Berlin, ce documentaire propose une chronique entre noirceur et beauté (parfois controversée) des événements ordinaires et terribles à la fois qui se déroulent sur et autour de l’île de Lampedusa.

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Même un film sur… la course à pied tel que Free to Run (Pierre Morath) se fait commentaire sur la société, la liberté toujours à conquérir, l’égalité jamais assurée, le droit indispensable de faire dissidence, de sortir des sentiers battus. Plus explicites sont bien sûr les films sur des lanceurs d’alerte, nouveaux héros d’un monde en quête de transparence face à l’opacité des pouvoirs étatique, économique, financier. Le Citizenfour de Laura Poitras évoque la saga d’Edward Snowden, l’ex-employé de la CIA et de la NSA qui révéla, en 2013, les programmes de surveillance à l’échelle planétaire opérés par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Il le fait mieux, sans doute, que le Snowden d’Oliver Stone sorti quelques mois plus tard… L’Homme qui voulait détruire le secret bancaire, consacré par David Leloup à l’ex-banquier suisse Rudolf Elmer, n’est pas très éloigné. Il témoigne des périls rencontrés par celui qui osa faire fuiter les données compromettantes de fraudes à grande échelle.

Le documentaire se fait plus directement social et politique avec Merci patron !, dont les 200 000 entrées témoignent de l’impact. Bernard Arnault, le PDG du géant du luxe LVMH, propriétaire notamment d’une fabrique de vêtements délocalisée de France en Pologne, y est poursuivi de burlesque et réjouissante façon par le réalisateur et activiste François Ruffin. Ce dernier faisant partie des émules de Michael Moore, le pionnier américain du genre, dont le dernier film en date, Where to Invade Next, joue la carte de l’humour pour montrer quelques pays dont les Etats-Unis pourraient utilement s’inspirer pour améliorer l’existence de leurs citoyens. Amusant et irritant, tonique et démagogique, l’illustration d’une formule à succès (médiatique et parfois populaire) qui ne fait pas pour autant perdre de sa validité à l’approche plus sérieuse, militante, d’un Comme des lions, récit d’une lutte ouvrière (celle des salariés de PSA Aulnay contre la fermeture de leur usine). L’hommage à un monde qui meurt, inséparable des esquisses d’un avenir potentiellement meilleur opérées par Demain

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