Quatre questions à Nicolas Guiot, réalisateur belge du Cri du homard

© Capture d'écran
Stagiaire Le Vif

Défiant les pronostics, Le cri du homard a séduit l’Académie des César vendredi et a remporté le César du Meilleur court-métrage. Réalisé par le belge Nicolas Guiot, le film croule sous les récompenses.

D’où vous est venue l’idée de réaliser un court-métrage sur le conflit russo-tchéchène?

L’écriture proprement dite est partie de la vision d’un documentaire qui racontait le retour impossible de ces jeunes soldats russes partis combattre en Tchétchénie. Par ailleurs, je suis assez sensible à la culture russe et j’étais très interpellé à l’époque par ce conflit particulièrement ignoble. Mais plus généralement, c’est un thème qui m’intéresse: l’incompréhension profonde qui entoure quelqu’un qui a vécu des choses abominables et l’impossibilité de se réadapter dans la société, dans la communauté humaine. Cela aurait pu être une autre guerre. Je souhaitais avant tout un ancrage réaliste. Et il se trouve que le conflit tchétchène était le plus proche de nous, tant chronologiquement que géographiquement.

Pourquoi avez-vous choisi le point de vue d’une enfant pour raconter l’histoire?

Ça me permet d’être dans le ressenti plutôt que dans le discours. La peur que la fillette éprouve vis-à-vis de son frère n’est pas raisonnée, elle est physique, viscérale. Je ne voulais pas faire un film « politique » au sens strict, et encore moins militant, mais me concentrer sur l’humain, et toucher quelque chose de plus universel. Le point de vue enfantin me permet également de faire passer une émotion, une empathie que le personnage du frère, qui est à proprement parler un « mort-vivant », serait peu enclin à susciter chez le spectateur.

Pourquoi avoir intitulé le film Le cri du homard?

J’aime que le titre ne soit pas trop explicite quant à l’histoire, qu’il laisse planer un peu de mystère, et qu’il fasse référence à une scène a priori anodine. Ce qu’elle n’est évidemment pas. Le cri du homard, c’est un cri qui n’existe pas vraiment, un cri qui ne sort pas. Tout le film est bâti autour de cette idée du cri silencieux, ou du silence assourdissant, qui masque un profond mal-être.

Qu’avez-vous ressenti après avoir remporté, vendredi dernier, le César du Meilleur film de court-métrage 2013?

Une vraie surprise d’abord. Enormément de joie, évidemment. Et de la fierté par rapport à tout le travail réalisé par l’équipe, qui s’est investie corps et âme dans un projet qui était loin d’être évident au départ.

Le court-métrage est à voir en intégralité sur le site de la RTBF.

Alba Salto (Stg)

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