Critique

Oz the Great and Powerful

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Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

FANTASTIQUE | Sam Raimi se fait plaisir avec un prequel inégal mais sincère célébrant la magie et l’illusion du cinéma.

FILM FANTASTIQUE DE SAM RAIMI. AVEC JAMES FRANCO, MICHELLE WILLIAMS, MILA KUNIS. 2H07. SORTIE: 13/03. ***

Du séminal Evil Dead (1981) au récent Drag Me to Hell (2009), on connaît le goût prononcé de Sam Raimi pour la chasse aux mauvais esprits. C’est aux sorcières de l’inoxydable The Wizard of Oz (1939), rien de moins, qu’il s’attaque aujourd’hui avec ce prequel haut en couleurs multipliant tout à la fois les références à l’original (ironie sur sa dimension musicale -ici quasiment évacuée- comprise), à l’univers des contes de fées (Blanche-Neige en tête), au monde forain (théâtre d’une ouverture infusant son parfum d’artisanat à l’ancienne tout au long du film) et à son propre cinéma (voir notamment l’inévitable caméo de Bruce Campbell).

D’une certaine manière, ce Monde fantastique d’Oz (pour la version française) était en fait déjà pitché à la fin du classique de Victor Fleming, quand le magicien, avant de proposer à la jeune Dorothy de la ramener à la maison en montgolfière, évoque les temps lointains de son arrivée au pays d’Oz, à bord du même engin. C’est cette histoire-là que Raimi entreprend aujourd’hui de raconter, remontant pour ce faire au tout début du XXe siècle, au Kansas, où Oscar Diggs (James Franco), magicien empoté et coureur de jupons, végète dans un charlatanisme bon enfant. Jusqu’à l’impair de trop, le poussant à la fuite et, une tornade plus loin, vers Oz, où il est accueilli en sauveur potentiel d’un pays tyrannisé par une (et bientôt deux) vilaine(s) sorcière(s)…

There is no place like Oz

Passé un générique old school à la 3D immersive réellement impressionnante -elle ne sera plus qu’un sympathique gimmick par la suite- et une intro baignée d’un noir et blanc de rigueur, l’arrivée au pays d’Oz, tout en artificialité revendiquée et en couleurs éclatantes, dévoile un univers graphique plus convaincant, et abouti, que celui du Alice de Tim Burton. Et si le récit, fantaisie enfantine à l’humour résolument potache, manque de punch, voire d’une certaine envergure, c’est peut-être que Raimi semble peu ou prou envisager son film comme un parc d’attractions à investir, rivière sauvage et grand huit vertigineux inclus. Un parti pris ludique qui n’empêche en rien inventivité et magie de s’inviter à la fête puisque ce Oz prend aussi la forme d’un hommage conjugué à deux génies, Edison et Houdini. Auxquels on ajouterait volontiers Méliès, tant il plane sur les plus belles scènes du film, véritablement merveilleuses, la féerie et l’illusion propres au cinéma des premiers temps cher au père des effets spéciaux. Inscrivant son propos dans le contexte troublé de temps incertains, Raimi fait ainsi le pari d’un film résolument placé sous le signe de l’enchantement -certes un tantinet béat-, de l’espoir et de la foi. Histoire de dire aussi que dans la vie, comme au cinéma, il faut parfois le croire pour le voir.

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