Critique

Mostra de Venise, les films du jour (8): Jackie, de Pablo Larrain, et Planétarium, de Rebecca Zlotowski

Natalie Portman © REUTERS/Alessandro Bianchi
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Festival Natalie Portman, sur les écrans de la Mostra, avec les présentations, coup sur coup, de Jackie, de Pablo Larrain, et de Planétarium, de Rebecca Zlotowski.

Jackie, c’est bien sûr Jackie Kennedy, dont le réalisateur chilien, auteur des formidables Post Mortem et autre No, entreprend de tracer le portrait au lendemain de l’assassinat de JFK, à Dallas, le 22 novembre 1963. Moins que le fait divers, qui n’apparaît ici qu’en filigrane, c’est à la femme, dévastée, que s’intéresse le cinéaste, dont il tente d’affiner la personnalité à la faveur de l’interview qu’elle accordait au magazine Life quelques jours après la tragédie. Entreprise fascinante autant que foisonnante, qui voit Jacqueline Bouvier se révéler multiple, le désarroi qui l’assaille se muant en assurance froide aiguisée par sa conscience de sa place dans l’Histoire, quitte à quelque peu remodeler celle-ci à sa main – le mythe de Camelot et des Kennedy, par exemple.

Le résultat est rien moins qu’impressionnant: pour son premier film américain, Larrain fait preuve de sa virtuosité coutumière, jonglant avec les époques et les supports – mixant le Technicolor du moment à la reconstitution, en noir et blanc et pellicule graineuse, de la visite télévisée de la Maison Blanche orchestrée par la First Lady en 1961 – comme avec les humeurs, son film entraînant le spectateur dans un tourbillon de réflexions et d’émotions. La prestation sur le fil du rasoir de Natalie Portman n’y est certes pas étrangère, qui d’une intonation, d’un geste ou d’un regard, réussit à restituer chaque nuance d’une personnalité à multiples facettes – du grand art, que l’on verrait bien récompensé, dans quelques jours, d’un prix d’interprétation.

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L’actrice illumine par ailleurs Planétarium, de Rebecca Zlotowski, où elle campe aux côtés d’une Lily-Rose Depp diaphane, l’une des soeurs Barlow, deux médiums américaines débarquées à Paris à la fin des années 30. Et qu’un producteur de cinéma (l’impeccable Emmanuel Salinger), fasciné par leurs pouvoirs, va bientôt prendre sous son aile, les immergeant dans un univers semblant échapper à la rumeur inquiétante du monde – la résonance avec le moment présent n’est bien sûr nullement fortuite. Mais, multipliant les enjeux – de la relation entre ces deux soeurs à la montée de l’antisémitisme, en passant par le pouvoir « spirituel » du cinéma -, Planétarium n’échappe malheureusement pas à une certaine confusion, conforme en cela à l’époque il est vrai…

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