Mostra de Venise, le film du jour (7): Sangue del mio sangue, de Marco Bellocchio

Marco Bellocchio (au centre), entouré de ses fille et fils, Elena et Pier Giorgio, tous deux au casting de Sangue del mio sangue. © EPA/Ettore Ferrari
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Cinquante ans après ses débuts (en 1965, avec Les poings dans les poches), Marco Bellocchio poursuit un parcours cinématographique on ne peut plus singulier et passionnant.

Le réalisateur de Vincere et Buongiorno, notte aime mesurer le présent à l’Histoire, et il n’en va pas autrement de Sangue del mio sangue, découvert en compétition de la Mostra. Le film s’ouvre au début du 17e siècle, par l’arrivée au couvent de Bobbio de Federico, un jeune homme d’armes venu réhabiliter la mémoire de son frère Fabrizio, prêtre s’étant suicidé après avoir été séduit par une nonne, Benedetta. Et de tout mettre en oeuvre, avec le soutien des autorités catholiques, pour que cette dernière confesse avoir passé un pacte avec le Diable, ce qui permettrait d’enterrer le défunt en terre consacrée. À quoi la jeune femme oppose une résistance opiniâtre… Quelques siècles plus tard, un inspecteur du gouvernement répondant lui aussi au nom de Federico Mai débarque à Bobbio flanqué d’un milliardaire russe souhaitant racheter la prison de Bobbio, pour en faire un hôtel de luxe. C’est sans compter, toutefois, sur la présence en ses murs du Comte Basta, individu secret s’aventurant, la nuit tombée, dans les murs d’une ville qu’il semble diriger dans l’ombre…

Entre les deux époques, et les deux histoires, le procès médiéval en sorcellerie et celle du vampire des temps modernes, le lien peut sembler ténu ou arbitraire, et c’est là sans doute la principale limite de Sangue del mio sangue. Comme pour mieux souligner ce hiatus, le film adopte des tons distincts, basculant pour ainsi dire, dans sa partie contemporaine, dans la farce grotesque. Pour autant, il y a là une oeuvre fascinante et ambitieuse, venue témoigner avec brio de la liberté intacte d’un Bellocchio se jouant des carcans narratifs au risque de paraître hermétique, et osant un film plein de mystère dans lequel le spectateur s’égare avec bonheur. Non sans signer, par-delà la dimension critique, une ode lumineuse à la jeunesse et à la beauté… Fort.

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