Mostra de Venise, le film du jour #5: Shame

En direct de la Mostra de Venise, notre envoyé spécial Jean-François Pluijgers prend le pouls du festival et épingle chaque jour le film qui est sur toutes les lèvres. Cinquième étape: Shame de Steve McQueen.

Artiste polyvalent, Steve McQueen faisait, il y a 3 ans, de tonitruants débuts de cinéaste, laissant la Croisette sous le choc de Hunger, la Caméra d’or du festival de Cannes à la clé. Présenté ce dimanche sur le Lido, Shame, son second long métrage, n’a certes pas laissé indifférent. Le réalisateur britannique y suit Brandon (Michael Fassbender), un wonder boy accro au sexe ayant trouvé en New York un terrain de chasse à sa mesure, le gaillard alignant, sans plus d’émotion, les aventures d’un soir comme les expériences tarifées, ou se rabattant à défaut sur l’un ou l’autre site de porno hard. L’arrivée impromptue de sa soeur Sissy (Carey Mulligan), venue s’installer chez lui toute fragilité dehors, va toutefois gripper la mécanique de son existence.

C’est à un voyage au pays du sexe triste que convie ici McQueen, pour un film à l’esthétique clinique de circonstance. D’une rigueur glacée, la mise en scène sert un propos aiguisé où le réalisateur porte un regard acéré sur une société où le sexe, surexposé, serait aussi vidé de sens, produit de consommation ouvrant sur une solitude béante. Il signe, avec Shame, un conte moral qui ballote le spectateur à la surface des dérives du monde; et si le trait en est parfois lourdement symbolique, le résultat n’en est pas moins objectivement suffocant.

Jean-François Pluijgers, à Venise

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