Mostra de Venise, le film du jour (5): La region salvaje, d’Amat Escalante

Amat Escalante avec les acteurs de son film La Region Salvaje (The Untamed) présenté à la Mostra de Venise. © AFP
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Trois films, Sangre, Los Bastardos et Heli, Grand Prix à Cannes en 2013, ont imposé Amat Escalante comme l’un des réalisateurs les plus passionnants du moment, passant la société mexicaine au scalpel d’un cinéma âpre, cru et viscéral.

Découvert en compétition à la Mostra, La region salvaje, son quatrième long métrage, poursuit dans cette veine radicale, que le cinéaste relève toutefois d’une échappée fantastique. Rien de bien neuf pourtant, à première vue, sous le soleil de Guanajuato, et la réalité que révèle Escalante est pavée d’homophobie et de misogynie, sans même parler de la corruption et de l’hypocrisie dont on comprend qu’elles gangrènent pour ainsi dire toute chose. Contexte dans lequel évoluent Alejandra, illusions en berne alors qu’elle s’occupe de ses deux gamins et subit, sans entrain, les assauts sexuels d’un mari macho étant par ailleurs l’amant de son frère, Fabian. Un quotidien tendance glauque que va venir perturber l’arrivée de Veronica, jeune femme énigmatique dont Ale, comme on la surnomme, apprend bientôt qu’une créature mystérieuse se dissimule dans une cabane dans les bois, source de plaisir inépuisable doublée, peut-être, de la solution à ses problèmes…

Si La region salvaje présente un air de famille avec le Possession d’Andrzej Zulawski, on est bien chez Escalante, et le réalisateur pose un regard frontal sur un réel blafard tendance dépression toutes. Traversé d’audaces et de fulgurances, le propos est fort et grinçant, mais son élément fantastique, s’il intrigue dans un premier temps, le déforce dès lors qu’il se fait trop explicite. Qui trop embrasse mal étreint, comme l’on dit…

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