Critique

Mostra de Venise, le film du jour (3): Nocturnal Animals de Tom Ford, d’une cruauté raffinée

Aaron Taylor-Johnson, Tom Ford, Amy Adams et Jake Gyllenhaal. © EPA/Ettore Ferrari
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Troisième jour de la Mostra, et troisième film américain à occuper le haut de l’affiche, en l’occurrence Nocturnal Animals, du styliste Tom Ford, né au cinéma ici-même il y a sept ans de cela avec l’étincelant A Single Man.

Adapté du roman Tony and Susan, d’Austin Wright, le film s’ouvre sur les paillettes et les chairs flasques de femmes obèses exhibées dans une galerie de Los Angeles. L’Amérique sophistiquée croise sa pendante trash, matrice d’un récit qui se déploie lorsque Susan Morrow (Amy Adams), la galeriste à l’origine du happening, reçoit un manuscrit de son ex-mari (Jake Gyllenhaal), quitté sans ménagement 19 ans plus tôt pour faire sa vie avec un autre. Et de découvrir, sous l’intitulé Nocturnal Animals, un thriller aussi glauque que violent se déroulant dans le Texas profond et faisant largement écho à leur histoire, mise en abyme ayant le don de profondément la déstabiliser en même temps qu’elle commence à reconsidérer son existence.

Sans avoir l’évidence, sans doute, de A Single Man, ce second long métrage vient confirmer l’insolence du talent de Tom Ford. Le réalisateur connaît ses gammes, et signe un film noir d’une cruauté raffinée, suintant l’amertume sous son vernis élégant et glacé – la texture évoque par endroits le cinéma de David Lynch. Si la mécanique des correspondances est parfois appuyée, l’ensemble, soutenu par la partition hantée d’Abel Korzeniowki, n’en installe pas moins durablement le trouble, renforcé encore par l’interprétation d’Amy Adams, Jake Gyllenhaal et autre Michael Shannon. Un exercice de style parfaitement maîtrisé.

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