Lion d’or à Roy Andersson pour « Un pigeon assis sur une branche… »

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Le film suédois « Un pigeon assis sur une branche, réfléchissant sur l’existence » de Roy Andersson, a remporté, samedi, le Lion d’or à la Mostra de Venise qui récompense cette année une réflexion sur la condition humaine au style très singulier. Les coproductions belges repartent, elles, bredouilles.

Dans une sélection marquée par les guerres, les crises et autres calamités du monde, reflets de notre époque, le film de Roy Andersson apparaît comme une oeuvre à part.

« Nous avons choisi des oeuvres au geste artistique fort dont les dimensions humaniste et politique nous ont touché », a déclaré le président du jury, le compositeur français Alexandre Desplat, en présentant le palmarès sur la scène du mythique Palais du cinéma.

Succession rapide de sketchs humoristiques, le film de Roy Andersson tente une réflexion sur l’absurdité et le sens de la vie à travers les yeux d’un vendeur d’articles de fantaisie et son ami atteint de légers troubles psychologiques.

« C’est un grand honneur de recevoir ce prix et particulièrement ici, en Italie, pays qui a donné tant de chefs-d’oeuvres au cinéma », a déclaré Roy Andersson en recevant son trophée sur la scène du Palais du cinéma, sur le Lido.

Le cinéaste a retenu un film parmi ces chefs-d’oeuvres, Le voleur de bicyclettes, de Vittorio de Sica (1948), et dans ce film, une scène, « celle du mari de ce couple dans le besoin qui est obligé de porter son vélo au mont de piété et qui se rend compte que beaucoup de pauvres comme lui y apportent leur vélo ».

« C’est une scène pleine d’empathie. (…). On devrait suivre l’exemple de De Sica », a conclu Roy Andersson, cinéaste au style très personnel basé sur la comédie et l’absurde.

S’il ne figurait pas parmi les favoris de premier plan de la Mostra, le film de Roy Andersson avait toutefois retenu l’attention de certains critiques qui avait souligné son écriture très particulière.

Grand Prix du Jury

Favori de la première heure pour la victoire finale, en revanche, The look of Silence de l’Américain Joshua Oppenheimer qui revient sur la sanglante épuration anticommuniste de 1965 en Indonésie, repart avec le Grand Prix du Jury.

Dans ce poignant documentaire, le réalisateur suit une famille rescapée et plus particulièrement le dernier né, Adi Rukun, âgé de 44 ans au moment du tournage et qui décide d’enquêter sur la mort de son frère aîné, mort en 1965, soit trois ans avant sa naissance.

Adi Rukun « voulait que les criminels qui avaient perpétré ces crimes reconnaissent ce qu’ils avaient fait et que c’était une erreur », a dit Joshua Oppenheimer dans un message vidéo diffusé en son absence.

« Mais aucun n’a pu admettre sa faute, la fille l’un d’eux l’a fait et l’Occident devrait apprendre de cet exemple de dignité et reconnaître sa responsabilité pour ces crimes », a-t-il ajouté.

Coupe Volpi et Lion d’argent

L’Italie, sur ses terres, ne voit aucun de ses trois fils primés mais se console largement avec le prix d’interprétaion féminine (Coupe Volpi) attribuée à Alba Rohrwacher pour son rôle de femme possédée dans Hungry hearts, de l’Italien Saverio Costanzo. Autre satisfaction pour la production transalpine, l’Américain Adam Driver obtient le prix d’interprétation masculine pour le même film.

Déjà récompensé du Grand prix du jury à Venise, en 2002, le réalisateur russe Andrei Konchalovsky (Runaway train) obtient cette année le Lion d’argent de la meilleure mise en scène pour The Postman’s White Nights fable poétique où il décrit la vie quotidienne d’un petit village russe perdu.

Birdman et les Belges bredouille

Si surprise il y a dans cette édition de la Mostra, elle vient du favori Birdman, du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, qui s’était maintenu en tête des pronostics tout au long de la décade vénitienne, et qui repart bredouille.

Sur les vingt films en compétition, deux coproductions étaient belges: les longs métrages italien Pasolini et français La Rançon de la gloire, dans lequel jouait Benoît Poelvoorde. Mais aucune n’a cependant remporté de prix.

Déception également dans le camp français, pourtant venu en force avec quatre représentants, sur les vingt en lice pour le Lion d’or mais qui n’obtient aucune récompense à l’exception toutefois du Prix Marcello Mastroianni (meilleur jeune interprète) attribué au jeune Romain Paul.

Un film turc, Sivas de Kaan Mujdeci, a quant à lui remporté le prix spécial du jury tandis que l’Iranienne Rakhshan Bani-Etemad, qui a mis en scène la crise traversée par la société iranienne d’aujourd’hui dans son film Tales a obtenu le Prix du meilleur scénario.

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