Le test de Bechdel ou l’inégalité des genres au cinéma

L'anti-héros Deadpool ne passe pas le test de Bechdel © 20th Century Fox
Marise Ghyselings Journaliste

Seules trois questions suffisent pour réussir le test de Bechdel, évocateur du problème d’inégalité hommes-femmes dans le cinéma. Une évaluation d’une simplicité biblique. Pourtant, presque la moitié des films échouent.

Prenez n’importe quel film et soumettez-le à trois questions: comporte-t-il au moins deux femmes qui portent un nom? Se parlent-elles? D’autre chose que d’un personnage masculin? Si la réponse est positive pour ces trois questions, ce film vient de passer le test de Bechdel. C’est en 1985 que l’auteure de bande-dessinée Alison Bechdel en exposa les règles dans une BD lesbienne, Dykes to Watch Out For. Sur la planche intitulée The Rule, deux femmes s’apprêtent à aller au cinéma, mais l’une d’entre elles explique avoir comme règle de n’aller voir un film que s’il remplit trois conditions: avoir au moins deux femmes (nommées), qui parlent entre elles, d’autre chose que d’un homme.

Un principe assez simple mais qui pourrait tout de même vous empêcher de voir un nombre impressionnant de films. En effet, le site du test a soumis plus de 6000 films au détecteur féministe. Conclusion: 42% d’entre eux ne le passent pas. Des classiques tels que la trilogie Star Wars, Fight Club, The Big Lebowski et Quand Harry rencontre Sally font partie des mauvais élèves, ainsi que les récents Spotlight, Hail, César! et Jane Got a Gun avec Natalie Portman en femme déterminée. Les westerns, les films de guerre et d’action sont, sans surprise, les genres qui échouent le plus à cette évaluation, alors que le contraire est porté par les films d’horreur, les romances et les drames.

Le cinéma sexiste

Loin d’être un outil infaillible, le test de Bechdel ne détermine pas si un film est sexiste ou non, vu qu’un simple échange de quelques secondes suffit. Certains teen movies peuvent donc le réussir alors que des films inoffensifs comme Shrek le ratent. Ce test sert « seulement » à déterminer le taux de présence des femmes dans les films. Et le peu de réussites à cette évaluation, aussi simple soit-elle, en dit long sur la diversité dans le monde du cinéma.

Pourquoi ce sexisme? « Une théorie est simple: les réalisateurs font, non-intentionnellement, des films sur eux-mêmes (écris ce que tu sais) », répond le média Polygraph. Le sexe du réalisateur/réalisatrice, du scénariste et des producteurs/productrices du film influence donc son degré de sexisme. 41% des films sortis entre 1995 et 2015 et réalisés par un homme échouent au test, alors que le taux descend à 10% lorsque c’est une femme. Du côté du scénario, même constat: 46% des films écrits par des hommes uniquement sont considérés comme sexistes contre 6% s’ils sont écrits par des femmes.

Ces pourcentages tendent à diminuer au fil des années mais le fondement du problème reste le même: très peu de femmes occupent ces fonctions techniques. Avoir plus de femmes derrière la caméra assurerait alors plus de diversité et d’égalité à l’écran.

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