Critique

Le film de la semaine: The Secret Life of Walter Mitty

The Secret Life of Walter Mitty - Ben Stiller © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | Ben Stiller charme puis fatigue en doux rêveur lancé dans le grand huit d’une aventure humaine bigger than life.

Formidable acteur issu de la génération pré-Apatow de comiques américains et abonné aux rôles de victimes névrosées et consentantes dans des pantalonnades plus ou moins graveleuses, Ben Stiller n’a jamais eu les faveurs du public pointu et cinéphile que son génie auto-dépréciatif et transgressif aurait pourtant dû lui assurer -ses performances, plus « dramatiques », dans The Royal Tenenbaums de Wes Anderson et Greenberg de Noah Baumbach ayant valeur, en l’occurrence, de trop rares exceptions. Ainsi, on se prend un temps à rêver que The Secret Life of Walter Mitty puisse être son Truman Show, voire son Punch-Drunk Love, à lui. Avant de déchanter sensiblement.

Le film, deuxième adaptation -faisant suite à celle de Norman Z. McLeod en 1947- d’une nouvelle de James Thurber, raconte l’histoire dudit Walter Mitty (Ben Stiller, devant mais aussi derrière la caméra), homme plus qu’ordinaire, employé de bureau transparent au fameux magazine Life. Célibataire introverti et engoncé jusqu’à la caricature, Mitty connaît de régulières « absences », durant lesquelles il s’évade dans un univers fantasmatique où il fait preuve d’une assurance et d’un héroïsme peu communs. Soudain confronté à de sérieuses difficultés dans sa vie professionnelle, il se décide à se prendre véritablement en main, se lançant dans une série d’extravagantes, mais bien réelles, péripéties qui pourraient bien le révéler enfin à lui-même, et lui ouvrir le coeur de la belle Cheryl (Kristen Wiig)…

L’aventure, c’est l’aventure

Les prémices, sensibles, de cette Vie rêvée de Walter Mitty (pour la vf) imposent d’emblée leur jolie petite mécanique du coeur. Le temps, notamment, d’une poignée de ces savoureuses échappées mentales qui caractérisent le protagoniste. Un procédé qui ne manque pas de rappeler celui présidant au… Magnifique de Philippe de Broca, mais dont la répétition, voire le systématisme, ne tarde pourtant pas à en désamorcer considérablement la drôlerie. Et la fantaisie, hélas, de céder peu à peu le pas aux bons sentiments, tandis que Ben Stiller se pique de dérouler une vision singulièrement aseptisée du monde et des merveilles qu’il recèle, façon soirée diapo au retour de vacances.

Il y a en outre quelque chose d’intrinsèquement naïf voire de carrément moralisateur dans ce film préconisant que l’existence s’apparente aux chimères extatiques qui la nourrissent. Et Ben Stiller de se prendre, en définitive, désespérément au sérieux -on est loin, en tout état de cause, de la déconne régressive de son hilarant Zoolander (2001)-, laissant sur un sentiment général de gâchis, partiellement atténué par l’excellence du casting et quelques belles idées de narration.

  • DE ET AVEC BEN STILLER. AVEC AUSSI KRISTEN WIIG, SEAN PENN, ADAM SCOTT. 1H54. SORTIE: 25/12.
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