Critique

[Le film de la semaine] Lady Bird, drôle et bouleversant

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DRAME/COMEDIE | Greta Gerwig signe le portrait en mouvement, drôle et bouleversant, d’une adolescente, superbement incarnée par Saoirse Ronan.

[Le film de la semaine] Lady Bird, drôle et bouleversant

Pour l’état-civil, elle s’appelle Christine. Mais elle préfère Lady Bird, et c’est sous cette identité choisie qu’elle vit une adolescence mouvementée. Elle habite en Californie, à Sacramento,  » du mauvais côté des rails du chemin de fer« , c’est-à-dire dans un quartier populaire, alors que la plupart de ses copines de lycée rentrent après les cours dans de riches et belles demeures. La famille de Lady Bird ne nage pas dans l’opulence. Sa mère, une fonceuse au caractère autoritaire, multiplie les heures sup’ dans son job d’infirmière pour tenir la maisonnée à flot, surtout depuis que son mari a perdu son travail. Au moment d’aborder sa dernière année d’études secondaires dans un établissement catholique et conservateur, la jeune fille rêve d’un envol vers New York et d’un avenir artistique. Une première histoire d’amour et la participation à une pièce de théâtre scolaire marqueront entre autres ces mois décisifs qui la feront passer d’une adolescence poétiquement rebelle à l’affirmation de soi, pleine de promesses suspendues à une réponse positive des universités new-yorkaises auxquelles elle a envoyé sa candidature en cachette de sa maman…

État de grâce

Saoirse Ronan EST Lady Bird. L’incarnation constamment passionnante d’un personnage auquel s’identifie aussi sa créatrice Greta Gerwig, et nous dans la foulée. La jeune actrice d’origine irlandaise, née dans le Bronx, fait merveille dans le premier long métrage écrit et réalisé par celle dont la collaboration avec Noah Baumbach ( Frances Ha, Mistress America, en tant que comédienne et coscénariste) avait révélé le grand et singulier talent. Des films d’apprentissage, spécialement ceux consacrés à la fin de l’adolescence, le cinéma américain nous en a déjà proposés de nombreux. Si Lady Bird se démarque avec une si belle évidence, c’est pour le vent de liberté intense qu’il fait souffler avec une justesse dramatique et humaine de chaque instant. Pour la maîtrise, aussi, avec laquelle Gerwig trouve l’équilibre entre le comique (irrésistible) et le drame (bouleversant), sans effort apparent, au fil d’une écriture et d’une manière de filmer dominant les contraintes avec un plaisir très communicatif. La réalisatrice épouse le rythme de la jeunesse, celui de son personnage mais aussi celui d’une interprète en état de grâce. Sans jamais verser dans le pathos, ni dans l’humour facile. Sans jamais donner l’impression d’enfermer son héroïne dans un discours démonstratif. Lady Bird dit pourtant des choses importantes, et en fait ressentir plus encore. Mais avec de petits riens, une collection de moments comme captés au vol. Sur l’écran s’épanouissent simultanément un personnage, une actrice et une cinéaste, dans la générosité d’un partage impliquant aussi, et surtout, spectatrices et spectateurs d’un film d’autant plus fort qu’il assume ses fragilités.

Lady Bird, De Greta Gerwig. Avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts. 1 h 35. Sortie: 04/04. ****(*)

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