Le film avec Jennifer Lawrence et Bradley Cooper dont tout le monde se fout

Détail de l'affiche du film Serena © DR
Bastien Mertens Stagiaire

Serena, un drame tourné en 2012 par une réalisatrice oscarisée, vient de sortir en VOD et sur quelques écrans aux États-Unis et n’arrivera probablement jamais chez nous. Il avait pourtant les ingrédients du succès.

Comment un film si prometteur peut se retrouver ignoré à ce point? Sorti en novembre en France, Serena n’a même pas atteint 100.000 spectateurs. Il se retrouvera même dans les listes des plus gros échecs de l’année du Figaro ou de Ozap. Il vient seulement de sortir aux Etats-Unis, trois mois plus tard donc et en vidéo à la demande avant d’être projeté dans quelques salles seulement. Il n’est pas encore sorti en Belgique et c’est à se demander si il sortira un jour. Alors oui, les critiques du film ne sont pas extraordinaires. Mais des mauvais films américains sortent toutes les semaines sur nos écrans, et certains même bien moins vendeurs.

Serena avait pourtant presque tout pour réussir. Une bonne histoire d’abord. Le scénario est basé sur un roman, bien reçu par la critique et qui s’est assez bien vendu pour se retrouver dans la prestigieuse liste des best-sellers du New York Times. Il raconte l’histoire d’un bucheron dont la vie confortable va basculer lors qu’il épousera Serena, dont la stérilité fera passer de sombres heures au couple. Cela avec la Caroline du Nord pour décor, durant la Grande Dépression qui frappera les Etats-Unis dans les années 30.

Ensuite, le film est dirigé par une réalisatrice très compétente. Même si ce n’est pas Darren Aronofsky, qui a d’abord été attaché au projet, Suzanne Bier est une réalisatrice danoise récompensée à de nombreuses reprises. Son film In A Better World a même remporté l’Oscar et le Golden Globe du meilleur film étranger en 2011. Et le casting n’a pas à rougir non pluspuisqu’on retrouve dans les rôles principaux, deux des plus grosses stars du cinéma du moment, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence.

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Le film a été tourné en République tchèque en 2012 pour un budget modeste. The Hunger Games était à peine sorti, Lawrence et Cooper venaient de terminer le tournage de Silver Linings Playbook, qui deviendra un succès et leur vaudra respectivement un Oscar de meilleure actrice et une nomination à l’Oscar du meilleur acteur. C’est d’ailleurs ce qui va déclencher de l’enthousiasme autour du film. Mais celui-ci va vite disparaitre des radars. Il passera 18 mois (!) en post-production et sera relativement oublié. En novembre 2013, The Hollywood Reporter rapporte des rumeurs selon lesquelles Bier prendrait du temps pour ne pas que son film soit considéré comme la version « bof » du couple Cooper/Lawrence. En août 2014, c’est Yahoo Movies qui se demande carrément où est passé le film, puisqu’il n’existe toujours pas de bande-annonce, deux ans plus tard.

Ce n’est que fin 2014 qu’on a eu des nouvelles du film lorsqu’il a été projeté dans quelques festivals, avant de sortir dans quelques pays européens, notamment au Royaume-Uni où il se planta considérablement. Aux Etats-Unis, les séances tests ont été catastrophiques, aucun distributeur n’en voulait, malgré le choix entre 3 montages différents proposés par la réalisatrice. C’est finalement une société parente à la société de productions de Serena qui s’est dévouée à distribuer le film, mais en vidéo à la demande et dans une petite poignée de salles.

Selon Vulture, l’explication est que le film n’est pas simplement mauvais, c’est un phénomène plus rare que ça: il s’agit d’un film incompétent. Même si énormément de gens talentueux sont aux commandes, une série de mauvaises décisions peuvent transformer un film en désastre. Pour le site américain, le montage et le rythme ne sont pas bons, les scènes ne s’enchainent pas naturellement. Il accumule tellement d’erreurs qu’aucun distributeur n’en a voulu. Ce qui explique le manque de promotion et l’échec en salles. Un acheteur de film a même déclaré au Hollywood Reporter en sortant d’une projection que le film n’avait aucun sens.

La preuve donc que même une réunion des talents les plus prometteurs ne fait pas forcément un grand film. Mais il sera difficile de se faire un avis personnel, puisque le film n’a quasi aucune chance d’atterrir sur nos écrans. Au mieux, il sortira un jour en DVD ou en VOD. Comme le conclut le journaliste de Vulture, « au final, la leçon à retenir n’est pas le fait que des films avec du potentiel puissent mal tourner, c’est plutôt que chaque film de qualité est un événement en soi. »

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