La culture geek à la sauce Big Bang Theory reconduite pour deux saisons?

Les personnages de Big Bang Theory réunis autour d'un de leurs repas rituels © Warner Bros. Pictures
Lola Contessi Stagiaire

Les geeks de Big Bang Theory reconduiraient leurs contrats avec la Warner Bros. pour deux nouvelles saisons. Adulé par son public et ignoré par la critique, la pérennité de la série défie toutes les lois du genre.

Selon Deadline, les acteurs de Big Bang Theory négocieraient un contrat avec la Warner Bros pour reconduire la série américaine dans deux nouvelles saisons. Après plus de 10 ans d’activité, le show télévisé ne semble pas s’essouffler et reste le plus regardé aux Etats-Unis. S’il est adulé par son public, il est pourtant largement ignoré par la critique. Sa pérennité défie toutes les lois du succès et mérite qu’on l’étudie de plus près.

Leonard et Sheldon vivent en colocation dans un appartement de Pasadena. Physiciens, ils travaillent tous deux à l’université, raffolent de jeux de rôles, de comic books et de films fantastiques. Ils partagent ces passions avec Howard et Raj. L’univers de ces prototypes de geeks est perturbé par l’installation de Penny, une jolie serveuse, dans l’appartement voisin. Rapidement, Leonard tente de séduire la jeune femme, qui finit par s’intégrer au groupe. Au fil des saisons, Howard se marie à une biologiste autoritaire nommée Bernadette, tandis que Sheldon se lie avec Amy.

On comprend rapidement pourquoi ces personnages hyper-stéréotypés se sont attirés les critiques des geeks et des fervents amateurs de série. Bien qu’ils permettent de mettre au grand jour toute une culture geek, ils en donnent une vision simpliste et ridicule. Raj est un indien qui ne parvient pas à parler aux femmes sans avoir ingurgité une certaine quantité d’alcool. Howard est un fils à maman râleur et pervers. Sheldon représente un génie antipathique et égocentrique sans aucune qualité sociale, tandis que Leonard incarne l’intello qui tente de s’intégrer. Il n’y a pas plus de nuance du côté des personnages féminins. Dans les premières saisons, Penny se contente d’être la blonde jolie et un peu bête qui traine avec les garçons sans comprendre un traitre mot de leurs conversations. On pourrait entrevoir une lueur de féminisme à partir de la saison 3 avec l’apparition de femmes scientifiques. Bernadette, bien qu’elle soit une brillante biologiste, est présentée comme carriériste, intransigeante et autoritaire. Amy semble quant à elle obsédée par la sexualité mais voué à une vie de femme à chats. Ces personnages archétypaux peuvent paraitre agaçants, mais ils ont l’avantage d’être accessibles. Le sitcom permet de créer un point d’accroche entre la culture geek et le public américain. L’élite intellectuelle y est incarnée par une ribambelle de figures archétypales, de héros populaires. Comme les stars hollywoodiennes, les personnages de Big Bang Theory nous semblent à la fois supérieurs et semblables, inaccessibles et proches.

Le plot est simplissime: les personnages se réunissent autour de leur dernier projet en date et les quiproquos s’enchainent. Le site Vulture a estimé à 4,3 le nombre de blagues par minutes dans les meilleurs épisodes de la série. The Big Bang Theory est une sitcom au sens premier du terme: chaque épisode développe une histoire indépendante en employant des personnages et des situations récurrentes. Le spectateur peut regarder épisodes et saisons dans le désordre sans pour autant se perdre dans une histoire fleuve. Elle n’engage donc pas pour lui une fidélité à toute épreuves. Et c’est tant mieux parce que la série ne se prête pas au binge-watching.

The Big Bang Theory, c’est un vrai sitcom américain et quand les personnages lâchent une blague, des rires artificiels rappellent au spectateur qu’il faut s’esclaffer. Il faudra passer outre pour apprécier les gags, parfois véritablement drôles. À gros traits la série démonte la culture geek, le milieu universitaire et les relations humaines, mais elle distille également des milliers de références hilarantes à la science. Physique, psychologie, mathématiques, communication, sociologie… Aucune discipline n’y échappe. Le chat de Schrödinger côtoie Star Trek, la théorie de la relativité, Donjons et Dragons et les théories comportementales. Les faits scientifiques sont rigoureux et des experts sont chargés d’y veiller. Si la série ne s’adresse pas véritablement aux « geeks », qu’elle dénigre trop pour les intégrer dans son audience, elle trouve un juste milieu entre un public populaire et intellectuel grâce à son humour à deux étages.

Le mystère semble éclairci: The Big Bang Theory se déguste comme une pizza, un peu trop grasse, mais agréable à manger quand on oublie les calories. Toutefois, il ne faudrait pas en abuser et après une 10e saison la série risque de sérieusement s’essouffler, si ce n’était pas déjà le cas.

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