L’Europe du cinéma à Bruxelles

Toni Erdmann, la révélation du dernier festival de Cannes. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le Brussels Film Festival s’installe dès ce vendredi à Flagey. Grandes lignes d’une édition s’inscrivant dans un contexte morose mais refusant de céder à la sinistrose.

Présentant à la presse le Brussels Film Festival qui s’ouvre ce vendredi, Ivan Corbisier, son directeur, n’y est pas allé par quatre chemins: « Cette année, ça passe ou ça casse… » Les événements qu’a connus Bruxelles (lockdown, attentats…) sont passés par là, et avec eux un contexte d’ensemble morose qui n’a pas été sans conséquences, financières notamment, avec pour résultat un événement à l’assise précarisée. Pour autant, ses organisateurs ont refusé de baisser les bras, armés de la conviction que « la culture reste le fondement de notre société européenne et peut servir de rempart contre l’obscurantisme et la violence » -une vérité assurément toujours bonne à rappeler. Né en 1974, le Festival du Film de Bruxelles a connu une histoire tumultueuse, changeant de formule comme de lieu à diverses reprises avant de se recentrer autour du cinéma européen et de se fixer, depuis quatorze ans, à Flagey (avec des extensions, cette année, à la Cinematek, mais aussi au Théâtre 140).

La crise, sous l’angle de la comédie

Un sillon creusé par cette nouvelle édition qui propose quelque 70 longs métrages en provenance de toutes les régions du Vieux Continent, ainsi qu’une sélection d’une dizaine de courts belges. Un constat, d’entrée: si la crise (économique, sociale, morale…) et les migrations s’imposent comme les thèmes récurrents de ce millésime, le 7e art les aborde désormais également sous l’angle de la comédie -tendance déjà remarquée lors du récent Festival de Cannes, où elles étaient bien représentées en sélection officielle (fussent-elles d’ailleurs involontaires comme The Last Face, de Sean Penn).

Démonstration en ouverture avec La pazza gioia (Folles de joie), de Paolo Virzì, cavalcade battant la campagne italienne sur un air de Thelma et Louise, en compagnie de Micaela Ramazzotti et Valeria Bruni Tedeschi, évadées d’une institution psychiatrique pour arpenter bientôt ce qui ressemble à un asile à ciel ouvert. Soit l’une des dix avant-premières au programme du festival, aux côtés notamment de L’Effet aquatique de Solveig Anspach, Tout de suite maintenant de Pascal Bonitzer ou encore L’Outsider de Christophe Barratier, où le réalisateur des Choristes s’invite dans le monde de la finance sur les pas de Jérôme Kerviel -on demande à voir.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

La compétition réunit pour sa part douze longs métrages, au rang desquels Couple in a Hole du cinéaste flamand Tom Geens; El olivo de la réalisatrice espagnole Icíar Bollaín auteure il y a quelques années du remarquable También la lluvia; The Student, plongée dans l’obscurantisme signée par le Russe Kirill Serebrennikov; Pikadero de Ben Sharrock, explorant la crise économique en Espagne au croisement de Edward Hopper et Aki Kaurismaki… sans oublier ce qui est sans doute le film le plus attendu du festival, à savoir Toni Erdmann de Maren Ade (voir encadré), comédie grinçante ayant enflammé la Croisette il y a quelques semaines. Enfin, ponctuant le volet inédit de la programmation, le Panorama s’annonce riche en découvertes, avec notamment They Call Me Jeeg Robot, film de super-héros italien que l’on pressent passablement délirant, ou encore The Lure, histoire de sirènes polonaise assumant sans complexe son esthétique kitsch…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Si l’on pourra encore revoir l’impeccable Mustang de la cinéaste turque Deniz Gamze Ergüven, les séances en plein air proposent pour leur part un best of de la production belge des derniers mois, avec notamment Les Premiers, les Derniers de Bouli Lanners, Tous les chats sont gris de Savina Dellicour ou D’Ardennen de Robin Pront. À quoi s’ajoutent une rétrospective Volker Schlöndorff, invité d’honneur du festival, à la Cinematek, la fête à Guy Bedos au 140, et d’autres événements encore, comme le ciné-concert réunissant Castus, Kris Dane et Mustii, une exposition Krzysztof Kieslowski, mais aussi, une bourse d’échange cinéma- musique…

DU 17 AU 24/06 À FLAGEY, BRUXELLES. WWW.BRUSSELSFILMFESTIVAL.BE

L’heure allemande

L'Europe du cinéma à Bruxelles
© DR

Signée Laurent Durieux, l’affiche du Brussels Film Festival 2016 rend hommage au Metropolis de Fritz Lang, classique à la modernité inaltérable réalisé en 1927. Une fable fantastique visionnaire où le réalisateur viennois entrevoyait le cauchemar nazi. Fort logiquement, le film constitue aussi l’un des fleurons de la programmation, étant d’ailleurs montré à deux reprises, les 25 et 26 juin. Autre événement made in Germany, la présentation, en compétition, de Toni Erdmann, la révélation du dernier festival de Cannes, inexplicablement snobée par le jury de George Miller. Découverte en 2009 avec Everyone Else, la réalisatrice Maren Ade y ausculte brillamment les relations père-fille, tout en recourant à l’arme de l’humour pour poser une critique aiguisée du néolibéralisme. Un must. Enfin, le festival se met encore un peu plus à l’heure allemande en accueillant, comme invité d’honneur, Volker Schlöndorff, lequel succède à Jacques Doillon, Alan Parker et autre Bertrand Tavernier. L’occasion de revisiter la filmographie d’un cinéaste majeur, objet, à la Cinematek, d’une rétrospective courant de Der junge Törless, son premier film, au magistral Diplomatie, sorti il y a deux ans, en passant par Le Tambour, Palme d’or en 1979, L’Honneur perdu de Katharina Blum, Un amour de Swann ou encore Les Trois Vies de Rita Vogt. Le plus francophile des cinéastes allemands (il a étudié à Paris et fut l’assistant de Resnais, Malle et Melville) donnera une leçon de cinéma le 18 juin, à Flagey, suivie par la présentation, à la Cinematek, du director’s cut du Tambour.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content