Critique | Musique

[L’album de la semaine] Car Seat Headrest – Teens of Denial

Will Toledo (Car Seat Headrest) © Chona Kasinger
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Après une compilation de ses onze premiers disques, c’est un solide album nineties que sort le tout jeune (23 ans) Will Toledo.

Pendant quatre ans, avant de se faire découvrir par le boss du label Matador sur recommandation d’un stagiaire (ça ne tient pas à grand-chose, si vous en doutiez, la signature avec une maison de disques), Will Toledo a fabriqué tout seul dans son coin une dizaine d’albums. Une discographie disponible via Bandcamp sur laquelle le jeune homme s’est fait les dents et dans laquelle il a puisé les onze chansons réenregistrées pour la sortie, carrément officielle du coup, de la compilation Teens of Style l’an dernier. Son petit frère, Teens of Denial, qui voit le jour aujourd’hui, est, lui, un véritable album. Un fameux d’ailleurs. Mieux ficelé, plus abouti, plus personnel aussi, surtout, même s’il est ultraréférencé et profondément marqué par ces années 90 qui ont vu le garçon naître. Originaire de Virginie où il partait s’enregistrer dans sa bagnole avec son ordi sur des parkings (d’où le nom du groupe Car Seat Headrest, « appuie-tête de siège de voiture »), Toledo a depuis déménagé à Seattle. Le repère des cheveux gras, des chemises à carreaux et des crasses entre les doigts de pied. Produit par un ingénieur du son local, Steve Fisk, notamment mis à contribution sur l’Incesticide de Nirvana, Teens of Denial n’est cependant pas un vulgaire album de grunge comme on en a entendu des camions ces dernières années. Plus pop, moins sauvage, Car Seat Headrest suinte le son rock nineties de Dinosaur Jr. et de Sebadoh, craque pour The Cars et les Beatles, et a la bancale attitude de Pavement et de ses amis slackers.

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Beck sur le titre de chanson le plus long de l’année, (Joe Gets Kicked Out of School for Using) Drugs with Friends (But Says This Isn’t a Problem), Frank Black et ses Pixies dans Just What I Needed/Not Just What I Needed (clin d’oeil à une chanson écrite par Ric Ocasek). Mais aussi Weezer, Nada Surf ou les zozos de la Fat White Family (Destroyed by Hippie Powers)… Car Seat Headrest a l’ADN clairement identifié mais ne manque pas pour autant d’intelligence et de personnalité. Pour exemple ce Vincent qui s’éclate dans les montagnes russes entre Parquet Courts et les Strokes, et tout à coup fait péter la trompette.

Pas d’une originalité dingue mais sacrément bien torché, Teens of Denial rompt souvent avec les formats radio et brille par son écriture imagée. The Ballad of the Costa Concordia, qui dépasse les onze minutes, compare le capitaine du bateau naufragé à sa propre perdition dans le monde. Là où Drunk Drivers/Killer Whales, qui a été écrit après la découverte qu’on imagine nocturne de Blackfish, documentaire évoquant le programme controversé d’élevage d’orques en captivité de Seaworld, se présente comme une « chanson de mélancolie post-fête ». Back to the nineties…

DISTRIBUÉ PAR MATADOR.

LE 29/05 AU BIG NEXT WEEKEND (GAND) AVEC YAK, THE MYSTERY LIGHTS, MOTHERS…

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