Jerry Lewis, pitre au grand coeur

Jerry Lewis. © Reuters

Clown des temps modernes aux mimiques élastiques, Jerry Lewis, décédé dimanche à Las Vegas à 91 ans, était aussi un acteur dramatique, comme Martin Scorsese l’a révélé dès 1983 dans La Valse des pantins.

Pour Jerry, né Joseph Levitch à Newark (New Jersey), dans l’est des Etats-Unis, le 16 mars 1926 dans une famille juive d’origine russe, rien ne sépare la comédie de la tragédie. « On n’est pas sérieux lorsqu’on a perpétuellement neuf ans », remarque celui que ses parents, tous deux artistes de music hall, appelaient Monsieur Néon.

Artiste complet, déjà bête de scène à 15 ans dans des rôles d’imitateur, il pousse à l’extrême le burlesque américain et s’illustre en chantant (même faux), dansant, mimant et excellant dans ses one-man-show. Avec son visage poupin, cet inlassable créateur de gags, au comique essentiellement visuel, semble avoir conservé toute son enfance au fond de son regard étonné. Fausses dents, faux nez, de haute taille, il jongle avec les infirmités. Son art du dédoublement trouve son apogée dans The Nutty Professor (Docteur Jerry et Mister Love).

Acteur dans plus de 60 films, Jerry Lewis est aussi producteur et metteur en scène, utilisant les handicaps dont on lui a fait grief, tour à tour « l’idiot » ou « le laid ». Ses détracteurs lui reprochent ses grimaces à répétition, un jeu sans nuances et un comique jugé épais. Il est moins fêté dans son pays qu’en Europe, en France en particulier où son prénom seul, en lettres majuscules, suffit souvent sur les affiches. Pour Jean-Luc Godard, il est « bien supérieur à Chaplin et Keaton ».

Sa rencontre avec le chanteur Dean Martin, en 1946, est déterminante. Ils deviennent inséparables et montent une série de numéros qui font leur succès. Après leur participation au fameux Ed Sullivan Show (1948), ils sont engagés par la Paramount et, dès leur premier film, My Friend Irma (Ma bonne amie Irma), ils séduisent le public.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

En solo après un duo légendaire

Dix ans plus tard, lassés par leur tandem, ils décident de faire carrière en solo. Jerry devient le principal interprète de films souvent dirigés par Frank Tashlin, comme The Geisha Boy (Le Kid en kimono) et Cinderfella (Cendrillon aux grands pieds). Il est aussi metteur en scène comme dans The Bell Boy (Le Dingue du palace).

En 1959, la Jerry Lewis Poductions signe avec la Paramount un contrat record de dix millions de dollars, plus 60% des bénéfices, pour 14 films en sept ans. En 1965, il quitte la Paramount pour Columbia.

Devenu professeur de cinéma à l’université de Californie du Sud, il réalise Which Way to the Front (Ya, Ya, mon général), hommage à Chaplin et nouvelle variation sur le thème favori du double. Il apparaît davantage au petit écran, au théâtre et dans des spectacles, à Las Vegas notamment. Après dix ans d’absence au cinéma, « l’idiot burlesque » retrouve son public dans Hardly working (Au boulot Jerry) avant que Martin Scorsese, en 1983, et Emir Kusturica, en 1991, lui offrent un rôle dramatique, respectivement dans The King of Comedy (La Valse des pantins) et Arizona Dream.

Parallèlement à ses activités artistiques et sportives (il s’entraîne au baseball avec les Los Angeles Dodgers), Jerry Lewis, père de sept enfants, s’occupait activement des handicapés physiques et mentaux.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Son engagement constant dans la lutte contre la dystrophie musculaire, avec l’animation, depuis 1966, d’un téléthon pour les myopathes, lui valut une nomination au prix Nobel de la Paix. De très nombreuses distinctions ont couronné son action, comme la Murray-Green Award (1971), une résolution du Congrès américain (1976), la Jefferson Award (1978) et, en 2009, un Oscar d’honneur pour ses activités humanitaires.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content