Green Zone Echec et Matt

Le tandem des 2 derniers Jason Bourne se reforme pour un film de guerre prenant, au grain réaliste et aux résonances directement politiques.

De Paul Greengrass . Avec Matt Damon , Greg Kinnear , Brendan Gleeson .

On allait voir ce qu’on allait voir! Le régime honni (à juste titre) de Saddam Hussein allait s’écrouler devant l’offensive alliée, et les fameuses armes de destruction massive allaient être retrouvées en masse. Nous spectateurs regardant Green Zone , avons une longueur d’avance sur le héros du film. Nous savons que personne n’en trouvera, de ces armes ayant justifié par leur menace potentielle l’invasion de l’Irak.

Roy Miller, jeune et brillant officier de l’armée américaine, les cherche encore. Mais au fur et à mesure qu’il pénètre dans les caches supposées en contenir, et n’y trouve absolument rien, des doutes l’envahissent. Au point de faire naître, dans le cerveau de ce militaire aussi pro que dévoué, un alarmant soupçon. Et si les informations fournies par la taupe irakienne de haut vol et menant aux armes étaient fausses? Et s’il s’agissait d’une manipulation? Miller évoquera le sujet avec ses supérieurs, mais sans qu’ils veuillent l’écouter. A sa grande surprise, c’est un homme de la CIA, dirigeant une mission sur place, qui viendra corroborer ses soupçons…

A la guerre comme à la guerre

Adapté librement du livre de Rajiv Chandrasekaran, Dans la zone verte: les Américains à Bagdad , Green Zone marque la réunion d’un tandem ayant déjà largement fait ses preuves. Paul Greengrass et Matt Damon avaient collaboré sur les 2 derniers épisodes de la trilogie Jason Bourne, The Bourne Supremacy et The Bourne Ultimatum . Le réalisateur britannique révélé en 2002 par Bloody Sunday connaît bien l’acteur et le potentiel explosif qu’il recèle sous ses allures de jeune Américain sans histoire.

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Ensemble, ils ont choisi d’aborder Green Zone sous un angle éminemment réaliste. La caméra très mobile de Greengrass nous immerge dans la réalité d’une ville et d’un pays en guerre, avec ce que cela suppose de confusion et de paranoïa, la mort pouvant surgir à tout instant et de n’importe où dans un chaos où même l’officier le plus aguerri ne sait si tel ou tel membre de la population locale le tient pour un ennemi ou un libérateur. Privant par surcroît son héros des repères factuels de sa mission, devenus hautement suspects à ses yeux, le film captive par son sens aigu de l’instant, et une intrigue ressemblant furieusement à une enquête policière.

Green Zone s’inscrit au confluent de 2 grandes traditions cinématographiques: celle du film de guerre et celle du thriller politique tel que des réalisateurs comme Sydney Pollack ( The Three Days Of The Condor ) ou Alan J. Pakula ( The Parallax View , All The President’s Men ) le portèrent à incandescence dans les seventies. C’est non sans ironie qu’il oppose l’alliance d’un soldat et d’un espion (la CIA ayant pour une fois le beau rôle, tandis que la presse s’érige comme d’habitude en quatrième pouvoir) aux dérives mensongères du pouvoir politique.

Remarquablement joué par Damon, Brendan Gleeson en agent secret et Greg Kinnear en ponte du ministère de la Défense, le film de Paul Greengrass marque bien un peu le pas vers la fin, et certains de ses accents peuvent paraître simplistes. Mais ce bon film de genre, qu’enrichissent des échos historiques encore brûlants, offre un spectacle puissant et prenant.

Louis Danvers

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