Critique

Contagion

THRILLER | Steven Soderbergh réunit un casting de stars dans un thriller polyphonique qui voit le monde exposé à une pandémie dévastatrice. Solide et efficace.

Réalisateur prolifique, Steven Soderbergh s’est aussi imposé comme un auteur résolument polyvalent, évoluant, avec un même bonheur, sur un arc allant du cinéma expérimental à son pendant commercial, de Full Frontal à la série des Ocean. Contagion, son dernier film en date -le suivant, Haywire, est attendu sur les écrans américains en janvier!-, le voit renouer avec une forme voisine de celle de Traffic, mémorable thriller sur le commerce de la drogue sorti il y a une dizaine d’années -un film avec lequel il partage la polyphonie, mais aussi les intrigues et enjeux multiples.

Tout commence lorsque, à son retour de Hong Kong, une jeune Américaine (Gwyneth Paltrow) présente les symptômes d’un mal étrange. Les spécialistes convoqués à son chevet n’ont pas encore eu le temps d’en identifier l’origine qu’elle succombe sous le regard impuissant de son mari (Matt Damon), bientôt suivie par son fils. Rapidement, des cas similaires se déclarent à Paris, Londres ou Tokyo, avec les mêmes effets dévastateurs. Confrontées à la croissance exponentielle du nombre des victimes, et à une explosion de la pandémie à l’échelle planétaire, les autorités sanitaires tentent de faire face. Ce, tandis qu’un vent de panique se répand à la surface du globe, attisé par le virus, bien entendu, mais aussi par les allégations alarmistes d’un blogueur bien introduit (Jude Law)…

Flux de tension

La maestria de Soderbergh n’est plus à démontrer, qui prête à cette histoire des traits d’autant plus saisissants qu’elle adopte les contours d’une fiction réaliste, documentant, jour après jour, la progression implacable de l’épidémie. En spécialiste avéré des puzzles narratifs, le réalisateur agence avec méthode les différents épisodes de son scénario, pour livrer un film éclaté dont les différents fils convergent dans un même flux de tension. La mise en scène au cordeau achève de donner à Contagion une efficacité n’ayant guère à envier à celle du virus; thriller auquel l’on pourra par ailleurs prêter à loisir quelque portée métaphorique, dans la lignée d’une accroche rappelant opportunément que « rien ne se répand comme la peur », proposition à applications nombreuses s’il en est.

Ses limites, le film les trouve dans ses qualités même, Soderbergh faisant le sacrifice d’une plus grande complexité sur l’autel d’une efficacité maximale, là où certains personnages de sa polyphonie n’ont droit qu’à des développements sommaires, quand ils ne donnent pas l’impression d’être purement et simplement escamotés en chemin (postulat valant pour Kate Winslet comme pour Marion Cotillard, cette dernière dans un rôle improbable d’ailleurs). Qu’à cela ne tienne: surfant sur l’air du temps, Contagion dispense son humeur paranoïaque avec une incontestable habileté, cap maintenu jusqu’en son final bouclant en mode malin ce divertissement de haute tenue…

Jean-François Pluijgers

CONTAGION, THRILLER DE STEVEN SODERBERGH. AVEC MATT DAMON, JUDE LAW, KATE WINSLET. 1 H 46. SORTIE: 19/10. ***

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