Exit l’Arenberg, pas le cinéma d’art et d’essai

Sauf retournement de situation peu probable, l’Arenberg, c’est bien fini. Un projet mêlant cinéma et arts numériques devrait lui succéder début 2012. Explications.

Pour couper court aux rumeurs et apaiser l’inquiétude du public, relayée par une pétition qui compte déjà plus de 16.000 signatures, les promoteurs du nouveau projet qui remplacera le cinéma Arenberg sont sortis du bois plus tôt que prévu. On sait depuis 10 jours que les Galeries royales Saint-Hubert, propriétaires des lieux, ont décidé de ne pas renouveler le bail –qui court jusqu’au 31 décembre– de l’équipe actuelle, dirigée par Thierry Abel, pour cause de loyers impayés et de « manque de vision pour le futur ». Les Galeries laissaient entendre que l’affectation ne changerait pas et qu’une alternative était sur les rails, mais ses contours restaient flous.

Au-delà de l’attachement pour la programmation et les activités éducatives mises en place par la direction actuelle, la crainte était grande de voir s’installer dans ce lieu magique et idéalement situé une enseigne de pralines de plus, éventuellement enrobée d’un glacis culturel pour faire bonne figure.

Si les nouveaux locataires tiennent leurs ambitieuses promesses, les cinéphiles devraient être rassurés. Le collectif franco-belge –où l’on retrouve aussi bien Steve Hearn, créateur de l’agence Le troisième pôle et boss de la Gaîté lyrique à Paris, que Edouard Meier, directeur de l’agence de communication M+W, ou encore Henri Simons, l’ancien échevin de la culture de Bruxelles– ne va pas seulement conserver le cinéma, il va aussi ouvrir la porte à la culture numérique au sens large. Un lifting qui devrait faire entrer la vénérable institution dans le XXIe siècle. A l’image de la… Gaîté lyrique.

Comme nous l’a expliqué Henri de Gerlache, producteur et autre cheville ouvrière de ce projet culturel 2.0 –qui pourrait recouvrer son nom d’origine, Cinéma des galeries–, la nouvelle structure reposera sur 4 piliers. Le premier, c’est le cinéma d’art et d’essai. « Les 2 salles actuelles vont être équipées en numérique, dont une en 3D. » Mais la grosse nouveauté, c’est l’ajout d’une 3e salle plus petite (30 places) où l’on pourra voir des films à la demande. En gros, vous rameutez votre entourage et vous pouvez louer la salle pour une projection sur mesure.

Deuxième pilier: un espace dédié aux arts numériques et au jeu vidéo. Pas dans l’enceinte même mais dans les souterrains de la galerie dont les 1000 m2 sont occupés aujourd’hui par la fantomatique exposition permanente Bruxelles-en-scène.

Troisième roue de la charrette: un magasin. Ou plus exactement un concept store qui proposerait des objets, des livres, des CD et des DVD en lien avec le cinéma et les arts numériques. De quoi sans doute assurer la rentabilité de l’opération.

Enfin, la touche mobile incontournable aujourd’hui est le ciment du quatrième pilier. Les touristes d’un jour et les cinéphiles de toujours qui circulent dans les parages auront accès via wi-fi à une application gavée de jeux, de courts métrages, de vidéos, etc.

Et l’Ecran Total, qui a fait les beaux jours de l’Arenberg, est-il condamné? « Nous n’allons pas reprendre le concept à l’identique mais nous programmerons des rétrospectives et nous diffuserons des films cultes tout au long de l’année, précise Henri de Gerlache. Pour l’été, on verra, on mettra probablement en place un événement dans le même esprit que l’Ecran Total, mais avec un autre nom, ou alors un festival. » Et de préciser encore que le volet pédagogique auquel tient tellement Thierry Abel, et qui est en réalité fourni clé sur porte par Les Grignoux à Liège, sera préservé.

On le voit, le menu est copieux. Et alléchant. Il reste évidemment des boulons à serrer. Comme affiner la programmation ou constituer l’équipe –« si possible avec une bonne partie des employés de l’Arenberg », lâche le producteur. Une enveloppe de 700.000 euros a été prévue pour les travaux, qui ne devraient pas prendre plus d’1 ou 2 mois. Si le planning est respecté, le nouveau phare de la culture bruxelloise devrait émettre à la fin du premier trimestre 2012. Les 16.000 signataires de la pétition jugeront alors sur pièce en ayant une petite pensée émue pour l’ancien occupant des lieux…

Laurent Raphaël

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