Critique

[Critique ciné] Toni Erdmann, le grand oublié de la compétition cannoise

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMEDIE DRAMATIQUE| Le troisième long-métrage de la cinéaste allemande Maren Ade a dynamité la quinzaine cannoise, mais a pour autant été oublié par George Miller, le président du jury du festival.

Au même titre que le Paterson de Jim Jarmusch, Toni Erdmann, de Maren Ade, restera comme le grand oublié du palmarès du dernier festival de Cannes. Remarquée il y a sept ans déjà pour Alle Anderen, la cinéaste allemande y met en scène la relation (dés)unissant Winfried, un prof de musique facétieux, à sa fille Ines, femme d’affaires impitoyable s’occupant de consultance dans une société allemande installée en Roumanie. Une relation conflictuelle qui va prendre un tour résolument burlesque lorsque, désireux de se rapprocher de celle qu’il surnommait « spaghetti », le père débarque à Bucarest armé d’un humour potache à l’effet bien vite dévastateur sur l’existence trop parfaitement organisée de la jeune femme. Laquelle, restée sans voix après qu’il lui eut demandé si elle était heureuse, va voir l’importun taper l’incruste sous une identité d’emprunt, celle de Toni Erdmann, ses postiches grotesques et une propension à n’en faire qu’à sa tête…

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A sujet classique, traitement original, et la scène d’ouverture de Toni Erdmann en pose d’emblée le ton éminemment singulier. La suite, elle, ne manque pas de déconcerter, passant cette relation père-fille au filtre d’un comique parfois outrancier (type coussin-péteur et autres fausses dents pas nettes) ayant le don, pourtant, d’en révéler les nuances. La farce fait sens, en effet, et ce film fort drôle s’avère non moins émouvant et sensible, par la grâce aussi de son duo d’acteurs décoiffant -il faut voir Sandra Hüller se fissurer sous les assauts bienveillants d’un Peter Simonischek « bigger than life ». Maren Ade a, en outre, le bon goût de relever la chronique familiale d’une bonne dose de critique sociale, brocardant le culte de la performance détournant l’individu de l’essentiel, et autres dérives du néolibéralisme. La matière dont l’on fait les longs (2 h 42!) et grands films.

COMÉDIE DRAMATIQUE DE MAREN ADE. AVEC PETER SIMONISCHEK, SANDRA HÜLLER. 2 H 42. SORTIE: 17/08.

Lire aussi notre rencontre avec Maren Ade, la réalisatrice.

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