Critique

Critique ciné: The Program, le Tour de Lance

The Program © Dean Rogers
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

BIOPIC | Stephen Frears retrace le parcours de Lance Armstrong, s’installant au sommet de la hiérarchie cycliste à l’aide d’un rigoureux programme de dopage.

Le dossier Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France cycliste avant d’être destitué de ses titres pour avoir été convaincu de dopage systématique, a abondamment défrayé la chronique, tant sportive que médicale ou judiciaire. Adapté de l’ouvrage Seven Deadly Sins, du journaliste britannique David Walsh (Chris O’Dowd), The Program n’apprendra donc pas grand-chose à quiconque s’intéresse à la Petite reine. Le film de Stephen Frears apporte cependant un éclairage fascinant sur le parcours du coureur américain, en dépit d’une approche chronologique un brin plan-plan. Qu’à cela ne tienne, en effet: les faits surpassent ici tout montage dramaturgique, suivant l’adage voulant que la réalité soit parfois plus forte que la fiction.

Un produit de son époque

L’histoire, le film l’aborde en 1994, alors qu’Armstrong (Ben Foster) étrenne laborieusement son maillot de champion du monde sur les routes de Belgique, pour la refermer une petite vingtaine d’années plus tard, en 2013, à l’occasion de ses confessions sur le plateau d’Oprah Winfrey. Entre-temps, le coureur américain aura connu, après avoir surmonté un cancer des testicules, une ascension fulgurante, se muant en irrésistible machine à gagner. Inutile de préciser que le gaillard ne roule pas à l’eau claire, le sulfureux docteur Ferrari (Guillaume Canet) étant passé par là, en effet, et avec lui des programmes de dopage tout ce qu’il y a de plus scientifique. A quoi s’ajoutera un art consommé de la communication, en mode roublard et manipulateur, qui verra le sportif systématiquement dénigrer avec aplomb quiconque se mettrait en travers de sa route -Armstrong est aussi un produit de son époque.

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Fort de ce matériel, Frears signe un biopic devant lequel les puristes renâcleront sans doute. Les reconstitutions sont un brin poussives (mais s’estompent au profit d’archives de courses), et Guillaume Canet comme Denis Ménochet (dans le rôle de Johan Bruyneel) ont déjà été plus à leur affaire. Pour autant, en dépit de ressorts parfois simplistes, cette plongée dans les coulisses d’un monde se révèle mieux qu’édifiante, souvent captivante. Le réalisateur de The Queen s’y entend pour faire grimper l’adrénaline, avec à l’occasion le concours d’une bande-son où le Blitzkrieg Bop des Ramones accompagne la montée du Mur de Huy, le Mr Pharmacist de The Fall la prise massive d’EPO, manière aussi d’introduire un certain second degré. Cerise sur le gâteau, la présence dans un second rôle de Dustin Hoffman, en un clin d’oeil (?) à Michael Cimino, avec qui l’acteur aurait dû tourner, en d’autres temps, The Yellow Jersey, sur les routes d’un Tour de France qu’Armstrong, présomptueux, crut un jour pouvoir rebaptiser le Tour de Lance. Plus dure serait la chute…

DE STEPHEN FREARS. AVEC BEN FOSTER, CHRIS O’DOWD, GUILLAUME CANET. 1H43. SORTIE: 18/11.

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