[Critique ciné] The Magnificent Seven, pas le pire remake du genre

WESTERN | La religion joue un rôle éminent dans ce remake par endroits savoureux mais d’une lourdeur bigote et d’un simplisme moral indignes du classique d’il y a 56 ans.

Certes, il se trouve aujourd’hui encore bien pire remake que celui-ci (notamment le grotesque Ben-Hur). Certes, aussi, Antoine Fuqua est un assez habile faiseur, qui a su produire du bon (Training Day, Shooter, Southpaw) à côté du moins bon et même du carrément mauvais (l’affligeant The Equalizer, le navrant King Arthur). Mais comment justifier aujourd’hui une nouvelle version du classique de John Sturges, Les Sept Mercenaires, qui tient depuis sa sortie en 1960 une place enviable au panthéon du western? Comment dépasser la cheville de ce grand spectacle lui-même décalqué sur le génial Les Sept Samouraïs (1954) de Kurosawa?

Fuqua choisit, de manière surprenante, le chemin d’une certaine lenteur, un « slow burn » qui pourrait être intéressant s’il ne flirtait parfois de très près avec l’ennui. De manière nettement plus prévisible, l’histoire de la poignée de baroudeurs délaissant l’argent pour l’idéal solidaire se voit passée à la moulinette du politiquement et ethniquement correct, avec un héros afro-américain (Denzel Washington, impeccable), un Mexicain, un Indien et… un asiatique (joué par le Coréen Byung-hun-Lee)! Le grand méchant n’étant plus un bandit mexicain mais un Blanc pervers et délirant, érigeant le capitalisme en dogme de droit divin… La religion joue un rôle par ailleurs éminent dans ce remake par endroits savoureux (Vincent D’Onofrio est épatant en trappeur ventru) mais d’une lourdeur bigote et d’un simplisme moral indignes du nettement plus décalé classique d’il y a 56 ans.