[Critique ciné] Tempête, humble et grand, beau et profondément attachant

DRAME | Un film hybride fascinant, une chronique dramatique jouée par des non-professionnels qui revisitent devant la caméra une histoire inspirée de leur propre vie!

Saisir le réel au plus près. Cheviller sa caméra aux pas de héros du quotidien, héros de leur propre vie, loin du glamour des fictions tapageuses, mais en évoluant par rapport au documentaire pur qui l’avait révélé. Son remarquable L’Apprenti (2008), portrait d’un adolescent de quinze ans, élève dans un lycée agricoleet en apprentissage dans une petite ferme du Doubs, avait placé Samuel Collardey sur la carte du cinéma du réel. Ce natif de Besançon a ensuite signé Comme un lion (2013), fiction réaliste sur un jeune footballeur africain découvrant en France une dure réalité faisant obstacle à ses rêves. A 40 ans, il nous propose cette fois un hybride fascinant, une chronique dramatique jouée par des non-professionnels qui revisitent devant la caméra une histoire inspirée de leur propre vie! Au coeur du film, il y a Dom, un marin pêcheur dans la trentaine, qui se bat tout à la fois pour son travail (il aimerait monter sa propre petite entreprise, mais les finances lui manquent) et pour conserver la garde de ses deux enfants Mailys et Matteo. Entre vies professionnelle et familiale, les priorités différentes et parfois contradictoires qu’elles supposent, des choix devront être posés. Pas forcément faciles. Dominique Leborne et ses rejetons Matteo et Mailys « rejouent » donc pour nous des épisodes authentiques de leur parcours. Nul étonnement à les voir si justes, dans un film tourné en 35 mm et en scope pour sublimer dans la fiction la répétition du réel. C’est à la fois humble et grand, beau et profondément attachant.