Critique

[Critique ciné] Revenge, un fendard « Wonder Woman meets Kill Bill »

Scène du film Revenge © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

RAPE AND REVENGE | Tour de force stylistique ou esthétisation du vide? Le premier long horrifique de la Française Coralie Fargeat est avant tout une affaire de plaisir.

Intrigue croisant Tomb Raider, Mad Max, Deliverance et Rambo dans un festin d’ultraviolence esthétisée; symbolique entomologique appuyée rappelant immanquablement la scène des scorpions dévorés par des fourmis en ouverture de The Wild Bunch de Peckinpah; imagerie déréalisante sous influence Benoît Debie période Spring Breakers (1)… Le premier long métrage de la Française Coralie Fargeat, qu’elle définit elle-même comme un fendard « Wonder Woman meets Kill Bill », s’avance en animal de foire gavé jusqu’à la gueule de références pop. Le pitch? Trois hommes d’affaires friqués, bons pères de famille en quête d’un vertige forcément un peu plouc, se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans l’immensité désertique d’un no man’s land hostile perforé de canyons. Originalité de ce petit rendez-vous phallocentré: l’un d’eux débarque cette fois avec sa jeune maîtresse, lolita affolante capable de transformer un roc en loup de Tex Avery. Inutile de préciser que les choses dérapent. Grave. Abusée puis laissée pour morte, la belle n’a pourtant pas dit son dernier mot…

Sous le soleil exactement

[Critique ciné] Revenge, un fendard

Passée par l’atelier scénario de la Fémis, Coralie Fargeat est allée tourner au Maroc, dans un mélange très JCVD de français et d’anglais, ce petit plaisir « grindhouse » sale et vicieux gonflé aux beats électroniques. Adepte du gros plan crade et viscéral sous un cagnard infernal, elle aligne les irréprochables scènes d’action à l’humour aussi bête que méchant, armée d’un solide sens de l’image. Pur divertissement de genre qui embrasse goulûment les codes du « rape and revenge » (sous-genre horrifique où la victime d’un viol se fait justice elle-même, de préférence en cassant des oeufs), jusqu’à les caricaturer dans la jouissance et l’outrance, son film emprunte à la grammaire visuelle des comic books et des jeux vidéo FPS autant qu’aux déhanchés forcés en bord de piscine façon The Grind sur MTV.

Volontairement trop tape-à-l’oeil pour être tout à fait honnête, Revenge se présente comme le récit d’une métamorphose. Celle d’une poupée Barbie en amazone vengeresse. Mais les rats de cinémathèque en quête de contenu en seront évidemment pour leurs frais: on met les enragés du débat au défi de trouver matière à polémiquer dans le famélique « girl power » féministe (?) d’un film au scénario indigent et aux dialogues à l’inanité crânement assumée au service de vrais grands moments de bravoure. En clair, Fargeat n’a rien à dire mais beaucoup à montrer. Et s’acharne d’ailleurs avec un plaisir évident sur son héroïne guerrière autant que martyre, la bomba italienne Matilda Lutz prenant à l’arrivée au moins autant de coups qu’elle n’en distribue. Débarrassée des prétentions auteuristes d’une Julia Ducournau, la cinéaste, jouette, trouve le ton juste et se fait plaisir, lancée pleins gaz dans un grand huit cinématographique dont les plus énormes clichés sont aussi les plus saillantes qualités.

(1) Le directeur photo n’étant autre que Robrecht Heyvaert, un autre Belge donc, repéré, tout comme l’acteur Kevin Janssens d’ailleurs, au générique du thriller flamand D’Ardennen.

De Coralie Fargeat. Avec Matilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe. 1h48. Sortie: 21/03. ***(*)

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